Achat de navires militaires - Ottawa aurait sous-estimé les coûts

Le gouvernement ne chiffre plus la taille de sa prochaine flotte

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Plus de chiffres = bar ouvert pour tous sauf pour le Québec, mais avec son argent

Ottawa – Après les F-35, les contrats de chantiers navals ? Le gouvernement conservateur a eu à se défendre dans un nouveau dossier d’acquisition militaire, mardi. Les troupes de Stephen Harper nient avoir gaffé en prenant en compte un taux d’inflation moins élevé que celui de l’industrie en prévoyant la construction de navires.
Radio-Canada rapportait mardi que la Défense aurait sous-estimé le taux d’inflation annuel - principal facteur de risque dans l’industrie militaire -, en l’évaluant dans un document interne à 2,7 % pour la construction des prochains navires de soutien interarmés. Or, le taux d’inflation annuel dans la construction de navires militaires varie généralement entre 7 % et 11 %, selon ce qu’a confié à la SRC David Perry, analyste à l’Institut de la conférence des associations de la défense.
Le gouvernement annonçait en janvier 2012 l’octroi de 33 milliards accordés aux compagnies Seaspan Marine de Vancouver (qui doit construire sept bateaux civils) et à Irving, à Halifax (pour la construction de 15 navires de combat et six de surveillance). Ce sont ces derniers appareils de combat qui seraient affectés ; il manquerait jusqu’à 14 milliards pour que la marine obtienne la flotte espérée, selon M. Perry.
Le gouvernement a-t-il erré en anticipant un taux d’inflation si bas ? « Non, ce n’était pas une erreur. C’est la réalité fiscale », a rétorqué le ministre de la Défense, Peter MacKay, à sa sortie du caucus hebdomadaire du Parti conservateur mercredi midi.
Mais reste que le ministre a ouvert la porte à ce qu’Ottawa se procure moins de navires qu’annoncé. « Le temps nous le dira. […] On prévoit construire des navires de combat et des navires de soutien. Et dépendamment de l’enveloppe budgétaire et de ce qu’on arrive à négocier avec les compagnies, on verra à ce qu’on maximise le nombre de navires », a expliqué M. MacKay.
Aux Communes, quelques heures plus tard, sa collègue aux Travaux publics Rona Ambrose a refusé de préciser le nombre de navires que comptera la prochaine flotte de la marine canadienne. Mme Ambrose - qui est responsable des dossiers d’acquisition - s’est contentée, en réponse aux questions de l’opposition, de marteler que les contrats de chantiers navals créeraient 15 000 emplois au pays, de même que des retombées économiques annuelles de 2 milliards au cours des 30 prochaines années. Selon M. Perry, il serait presque impossible que la marine canadienne se procure le nombre de navires annoncés par le premier ministre en janvier dernier, lorsque Stephen Harper avait parcouru le pays en entier pour présenter d’abord à Halifax puis à Vancouver les détails des contrats octroyés.
Les fonctionnaires du groupe de Stratégie nationale d’approvisionnement en matière de construction navale plancheraient maintenant à remplacer la « capacité » de la flotte de la marine, plutôt qu’un nombre précis de navires. De mauvais gestionnaires, accuse l’opposition. Pour l’opposition, c’en est trop. « C’est une simple question d’incompétence administrative. Ils ne savent même plus faire la supputation des coûts », a scandé le chef néodémocrate Thomas Mulcair, en accusant les conservateurs de « répéter les mêmes erreurs qu’avec l’avion de chasse F-35 ».
Dans cet autre dossier d’acquisition militaire, le vérificateur général a rapporté que la Défense avait sous-évalué les coûts d’achat des appareils qui devaient remplacer la flotte de CF-18. Plutôt que les 9 milliards avancés par Ottawa, c’était 25 milliards sur 20 ans. Puis, un rapport de la firme KPMG est venu préciser cet hiver que ce serait 46 milliards sur 36 ans, selon le fédéral.
« Donc, on apprend encore une fois, comme le F-35, qu’ils sont en train d’induire le public en erreur, et ça risque de mettre en péril notre capacité d’assumer la défense de nos côtes, a dénoncé M. Mulcair. Rappelons que le Canada est le seul pays au monde qui touche les trois océans. Il faut quand même qu’on ait assez de navires pour s’en occuper. Et on ne les aura pas à cause de cette incurie des conservateurs. »
Des critiques partagées par le libéral John McCallum, qui a scandé en Chambre que cet « énorme écart d’inflation démontre la grossière incompétence financière du gouvernement ». « Je pense que le gouvernement nous a monté un beau gros bateau, là », a quant à lui accusé le chef bloquiste Daniel Paillé, qui a mis en doute la nécessité d’Ottawa d’acquérir « une telle quincaillerie ».


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