Shannon -- Josée Verner a accusé hier le Bloc et le Parti québécois de «cautionner», «par leur silence», des appels à la violence rapportés hier par Le Journal de Québec. Celui-ci citait le militant Patrick Bourgeois, qui a lancé un mouvement d'opposition à la reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham. Il admettait hier craindre la colère de ses propres troupes. «Il y en a qui nous font toutes sortes de suggestions. Des citoyens ordinaires, pas des militants du PQ ou du Bloc. Mais il y en a qui y vont pas mal raide. Très raide même. Ils disent vouloir tirer des "paint balls". Mais il y en a d'autres qui veulent pas juste ça. Ils font de véritables appels au meurtre», avait confié M. Bourgeois.
Mme Verner a commenté en ces termes, hier: «Moi, ce [contre] quoi j'en ai, c'est contre la violence et la menace et le fait que par leur silence, entre autres, le Bloc et le PQ cautionnent ça. C'est inacceptable dans une société. Qu'ils les dénoncent!» À Shannon au nord de Québec, elle venait annoncer une aide fédérale de 13,3 millions pour que l'aqueduc soit complété dans cette ville aux prises avec la contamination au TCE.
Les accusations ont fait sortir de ses gonds la député bloquiste de Québec, Christiane Gagnon, qui a qualifié la ministre des Affaires intergouvernementales de «totalement irresponsable». À ses yeux, Mme Verner a manipulé de façon imprudente et sans vérification des accusations d'une «gravité extrême». «Jamais le Bloc ni le PQ ne cautionneraient la violence pour manifester leur opposition. C'est insultant de devoir préciser cela», a-t-elle lancé.
Harper dénonce le Bloc
Quant à l'événement en tant que tel, Stephen Harper et Josée Verner s'en sont remis à André Juneau, président de la Commission des champs de bataille nationaux (CCBN). Celui-ci fera tomber son verdict mardi à Québec au sujet de son controversé projet. «Cette commémoration est une décision de la Commission des champs de bataille, a soutenu M. Harper. C'est son rôle de reconnaître notre histoire et elle va prendre les décisions concernant les commémorations», a dit ce dernier hier à Montréal.
Aux yeux de M. Harper, pour la «grande majorité des Canadiens, [1759 est] une bataille historique; un moment important de notre histoire, [certes], mais une bataille "historique"». Il n'y a que le Bloc pour qui «c'est une bataille actuelle, une bataille qui continue. Parce que le Bloc est un parti qui veut diviser la population. Notre gouvernement, comme la grande majorité des Canadiens et des Québécois, veut maintenir ce pays uni, et ça, c'est la grande différence», a-t-il déclaré, déclenchant les applaudissements. Il se trouvait au siège social montréalais de la compagnie CAE inc., chef de file mondial des simulateurs de vol, pour y annoncer l'octroi d'un contrat de quelque 330 millions de dollars .
De son côté, Mme Verner n'a pas réitéré sa confiance en M. Juneau, comme elle l'avait fait la semaine dernière. À plusieurs reprises, elle a redirigé les questions des journalistes vers lui. «C'est à lui d'aller défendre ce que la Commission des champs de bataille avait en tête lorsqu'ils ont [sic] lancé un programme d'activités.»
Elle a du reste répété sans relâche que l'événement n'était «pas politique». «Je ne peux pas vous dire ce qui se trouve à l'intérieur [de la programmation]. Moi, je n'ai pas été consultée là-dessus. Moi, je parle comme citoyenne de Québec.» Lorsqu'on lui a demandé si M. Juneau n'avait pas démontré une vision «politique» des Plaines, notamment par ses lettres de 1999 et de 2001 où il sollicitait des commandites pour contrer la «pression politique» du gouvernement du Québec, Mme Verner a eu cette réponse: «Écoutez, ça fait dix ans.» L'an dernier, dans son rapport annuel (2007-08) disponible dans le site Internet de la CCBN, on décrit le «250e anniversaire des batailles historiques» comme «une opportunité [re-sic] unique et ponctuelle pour accroître la visibilité du gouvernement fédéral dans la ville de Québec». On y qualifie aussi les Plaines de «site renommé considéré comme le site rassembleur par excellence au Canada».
André Arthur, député fédéral de Portneuf, présent à Shannon, a rejeté la responsabilité de la controverse sur André Juneau, qui a selon lui mal géré le tollé. À ses yeux, il aurait dû «laisser la parole à ces joyeux amateurs qui, à chaque année, un peu partout en Amérique du Nord, reconstituent des batailles historiques».
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Avec Stéphane Baillargeon
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