De toute évidence, les Catalans forment un peuple d’un courage et d’une détermination qui commandent l’admiration et le respect.
Pendant que l’Europe se tait, que les gouvernements Trudeau et Couillard détournent les yeux, les Catalans, indépendantistes et non-indépendantistes, unis et pacifiques, s'entêtent courageusement à réclamer et à exercer leur droit à l’autodétermination.
À la face du monde, ils restent debout. Debout face à la répression politique et policière sans vergogne qu’exerce contre eux le gouvernement espagnol.
Dans les jours suivant leur référendum du 1er octobre, c’est par centaines de milliers qu’ils ont manifesté et manifestent encore pour leur droit à décider de leur avenir.
Ce peuple catalan, ses dirigeants et sa société civile, trop souvent méprisés par Madrid, donnent l’exemple.
Pendant qu’ici, au Québec, depuis vingt ans, même les souverainistes sont nombreux à avoir intériorisé les qualificatifs les plus dérogatoires sur la tenue d’un référendum - «épouvantail», «spectre», «menace», etc. -, les Catalans, tout comme les Écossais avant eux, nous rappellent le caractère pourtant éminemment démocratique d’un tel exercice.
Ils nous rappellent à tous - fédéralistes, souverainistes, autonomistes ou jemenfoutistes -, le caractère précieux d’un vote référendaire lorsqu’il est question de l’avenir et du statut politique d’une nation.
Les Catalans nous rappellent aussi que le risque est inhérent à tout exercice d’autodétermination. Bref, qu’aucune victoire, ni d’un camp ni de l’autre, ne peut être garantie à l’avance.
Ce faisant, ils brisent cet autre mythe pernicieux qui, depuis le référendum de 1995, s’est également installé dans les esprits au Québec. Ce mythe déformant selon lequel aucun autre référendum ne pourrait être déclenché sans l’assurance morale de le gagner.
Or, dès qu’il est question d’un vote existentiel, qui, dans les faits, peut «garantir» quoi que ce soit?
Tant que le mouvement souverainiste ne se débarrassera pas lui-même de cette mythologie débilitante, dans la mesure où aucune garantie de victoire ou de défaite n'existe, aussi bien qu’il dise clairement qu’il n’y aura plus jamais de référendum au Québec.
Les Écossais ont certes perdu le leur, mais le Oui y a beaucoup progressé. Les Catalans ont remporté le leur, mais ils doivent combattre la répression de Madrid.
Car la réalité est qu’au Québec, à force de ne plus oser risquer quoi que ce soit de peur d'avoir peur, l’option souverainiste s’étiole peu à peu d’elle-même.