Danger : l’illettrisme est de retour !

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Un problème commun à la France et au Québec. La réponse se trouve du côté des programmes. Qui donc avait intérêt à ce qu'ils soient allégés, et pourquoi ?

Depuis plusieurs années, notre système scolaire périclite. Les études rapportant la chute du niveau des élèves, en lecture et en orthographe notamment, se multiplient. Presque toutes s’accordent à expliquer que la proportion des élèves quittant le système scolaire sans être capables de lire et écrire correctement est considérable. Et la prochaine mauvaise nouvelle s’esquisse déjà : prévue en décembre, la publication du classement PISA, qui compare le niveau scolaire dans plusieurs pays, verra sans doute la France perdre deux places. Interrogé à ce propos il y a quelques jours à l’Assemblée nationale, Vincent Peillon a reconnu que notre système scolaire « commence à très mal marcher pour une proportion de plus en plus importante d’élèves ».
Les écoliers ne peuvent pas s’instruire, ni même réfléchir, sans au préalable acquérir une bonne maîtrise du français ; un de nos acquis les plus émancipateurs est donc menacé. Le terme n’est pas utilisé, mais c’est bien de la réapparition de l’illettrisme qu’il est question. Alors que l’on pensait ce temps révolu, ce retour en arrière est d’autant plus dramatique que désormais la transmission du savoir traditionnel des milieux ouvriers ou paysans a disparu. Les illettrés d’aujourd’hui sont dépourvus de ce bagage moral, culturel ou technique, hérité de leurs aïeux, qui était susceptible de suppléer leurs lacunes scolaires.
Pendant longtemps, les hautes sphères de l’Éducation nationale rejetèrent avec mépris les mises en garde de tous ceux qui, les yeux bien ouverts, constataient la dégradation du niveau scolaire. Si, aujourd’hui, cette réalité a, semble-t-il, fini par s’imposer à tous, les mesures adoptées récemment sont dérisoires face à un problème de cette ampleur. Ce ne sont pas l’embauche de quelques professeurs supplémentaires, l’organisation de nouvelles activités pédagogiques en primaire ou la réforme des rythmes scolaires qui sont susceptibles de mettre un terme au déclin de l’école. La polémique suscitée par cette réforme des rythmes scolaires est bien révélatrice de notre propension à nous déchirer pour des détails, et ainsi à passer à côté de l’essentiel.
Plusieurs évolutions de notre système éducatif ces dernières années, très consensuelles à droite comme à gauche, doivent être remises en cause. Il convient d’abord d’abandonner ce mythe stupide de l’enfant qui construit lui-même ses savoirs ; un écolier ne construit rien tout seul et doit commencer par apprendre avec humilité les leçons prodiguées par son professeur. Et surtout, il faut absolument accroître le nombre d’heures de cours consacrés à l’apprentissage du français. Il est en effet ahurissant que, depuis quarante ans, les élèves aient perdu l’équivalent de deux ans et demi de cours de français entre le cours préparatoire et la troisième, au profit de nouvelles matières complètement accessoires.
Le salut de notre système scolaire passe donc, sur certains points, par un retour à l’école d’antan. Or, aucun des locataires successifs du ministère de l’Éducation nationale n’y a jamais songé. Et pour cause : la gauche, par détestation des vieilles traditions, et la droite, par souci de modernité, sont psychologiquement incapables de reconnaître que les choses allaient mieux par le passé. Pourtant, la nouveauté n’est pas toujours un progrès et les remèdes aux maux d’aujourd’hui sont parfois très simplement les préceptes appliqués hier.


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