Québec lève l’obligation faite aux écoles primaires francophones d’implanter un programme intensif d’enseignement de l’anglais aux élèves de 6e année. Les écoles seront libres d’opter pour cette mesure mise en place par les libéraux.
Le gouvernement du Québec n’avait pas le pouvoir d’obliger les écoles à implanter le programme d’enseignement intensif de l’anglais lancé en 2011 par l’ex-premier ministre Jean Charest. La Loi sur l’instruction publique confère aux écoles le pouvoir de faire les choix pédagogiques pour leurs élèves. Une modification de la loi aurait été nécessaire.
La ministre de l’Éducation Marie Malavoy reconnaît aux conseils d’établissement des écoles cette liberté d’opter pour l’enseignement intensif de l’anglais en 6e année. «Le conseil d’établissement verra à déterminer s’il veut implanter l’anglais intensif (…) C’est pas à moi de décider, de Québec, que sur tout le territoire c’est du mur à mur», a dit la ministre en conférence de presse.
La français d’abord
L’objectif du ministère de l’Éducation est de faire en sorte qu’à la fin de leur parcours au secondaire, les élèves soient capables de «s’exprimer avec aisance» en anglais et de comprendre sans difficulté un locuteur anglophone. L’apprentissage du français et des autres matières de base demeure prioritaire, a précisé la ministre.
«Nous sommes en train de préparer des mesures de renforcement de l’apprentissage du français qui seront terminées dans les prochains mois. Nous pensons que l’apprentissage d’une langue seconde est une richesse mais la maîtrise de sa langue maternelle est bien évidemment prioritaire», a dit Mme Malavoy.
Le programme d’anglais intensif en 6e année en est à sa deuxième année. Le gouvernement Charest obligeait toutes les écoles francophones à l’implanter d’ici 2015-2016 et avait dégagé une enveloppe de 6,5 millions de dollars pour financer la mesure. Seulement 12% des écoles se sont conformées au programme cette année, a précisé Mme Malavoy. «Plusieurs écoles trouvent ça difficile à implanter. C’est plus facile de trouver un enseignant en anglais à Montréal que dans certaines régions éloignées.»
Après avoir entendu les écoles lui signifier les difficultés qu’elles rencontraient à se conformer à l’obligation gouvernementale, Marie Malavoy a demandé à l’École nationale d’administration publique (ÉNAP) de faire le bilan du programme d’anglais intensif et de l’introduction de l’enseignement de l’anglais en 1ere et 2e années du primaire. «Le Parti québécois a toujours été critique par rapport à l’introduction de la langue seconde au tout début du primaire. Je vais demander à l’ÉNAP de nous faire un bilan de ce que cela donne.»
Réactions
Implanter l’anglais intensif requiert une soustraction de 369 heures à l’enseignement des autres matières pendant une année, signale Manon Bernard, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement. À son avis, une telle mesure risque de réduire les chances de réussite des élèves dans les matières de base. «Quand on enlève des heures quelque part il y a des choses qu’on ne fait pas. Est-ce que c’est nécessaire. Il y a du français, des mathématiques, des sciences», rappelle Mme Bernard.
La porte-parole libérale en matière d’enseignement Francine Charbonneau ne partage pas cet avis. «Ça fait 30 ans qu’on donne des cours d’anglais intensif qui démontrent que ça consolide l’apprentissage des autres matières.» À son avis le gouvernement Marois devrait maintenir l’obligation de l’anglais intensif.
Pour sa part, la Coalition Avenir Québec salue la levée de l’obligation parce qu’elle donnera plus de flexibilité aux écoles.
6E ANNÉE
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