Echo à Ouhgo

Tribune libre

« Pour paralyser la jeunesse déjà hésitante devant le mirage de la mondialisation, on dépeint ses origines comme une bourgade xénophobe à libérer de son repli réducteur ». Ouhgo, « Octobre» Vigile.
[« Octobre », un titre ordinaire. Un sous-titre déjà moins ordinaire: le Québec, l’échafaud->22243]. Et cette phrase atroce : pour paralyser la jeunesse…
Ouhgo, on étourdit tous les jeunes québécois. Et pas seulement ceux de « souche », ce qui est beaucoup dire. On leur suggère très habilement de se faire créatifs, magiciens, devenir « festifs » (et même porter quelques fois un nez de clown, pour le moral !)*, enfin, surtout, on leur suggère de ne pas trop s’en faire avec la vieille mode de la souveraineté qui est, tous les fédéralistes s’en rassurent, les rigoleurs le susurrent, la mode d’une seule génération, la précédente : la vôtre, peut-être, la mienne assurément.
Toute cette festivité, ce festivisme pourrions-nous dire, de bon aloi, supposément de bon ton, tapageur, obligé et même forcené, ce n’est simplement qu’une carriole. La carriole étincelante en milieu urbain, citadin, citoyen… La carriole d’un nouveau cheval de Troie, le multiculturalisme, pour de nouveaux citoyens, mais fossoyeur éventuel de la cohésion de notre peuple.
Des forces et des actions subtiles sont en causes, une citoyenneté de substitution, festive et bouffonne, se déploie, et qui n’a rien à voir avec les partis politiques, quels qu’ils soient, c’est-à-dire qu’ils soient fédéralistes ou souverainistes. Mais ce sont les partis fédéralistes, opportunistes et inconscients (!?), qui en profitent le plus.

Ce qui est gênant, Ouhgo, c’est qu’une vieille génération en vienne à se bouffonner elle-même. Nous sommes invités, nous le serons de plus en plus, à cautionner, à payer aussi, à s’incliner devant les vertus de l’immigration, et à considérer que notre avenir passe par elle. Ce serait, paraît-il, l’avenir que nous méritons. Cet avenir-là, ce n’est pas l’avenir du Québec, c’est l’avenir du Québec dans le Canada. C’est finalement l’avenir du Canada.
C’est ultimement l’avenir du Canada sans Nous.

Et sans Nous…les jeunes sont trahis.
Et nous payons. Nous payons pour cela. Nos argents, nos forces et nos espoirs sont retournés contre nous, et nous sommes trahis là dans ce qui nous est le plus cher: les jeunes. Car enfin, ce n’est pas à mon âge, non plus qu’au vôtre, peut-être, qu’il devient si impérieux soudainement de vivre pour soi dans un pays qui nous appartienne. Notre cœur devrait pouvoir y suffire. Et malgré notre fidélité au grand Falardeau, ce n’est pas pour lui mais pour ses fils et fille, tous les fils et filles, les nôtres, que l’Indépendance doit être faite. Et radicalement, puisque la liberté est elle-même radicale. Enfin…
Nous savions déjà que le père Noël était québécois, cela n’est pas si surprenant, après tout, que le premier clown de l’espace le soit aussi. Tout se tient ou se défait, en effet.
Que les partis souverainistes sont… sont tellement… d’une telle…. Ah pis…
Wake up! Wake up!
* Je n’ai pas vu de clowns au Moulin à Paroles. L’événement ne m’en est apparu que plus digne.


Laissez un commentaire



4 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    9 octobre 2009

    @ Marcel Haché:
    Non, nous ne sommes pas du tout, une nationde cons. Je le sais. Et nous le savons, car il y a du talent, de toutes les sortes, au Québec. Et nos réalisations collectives, que nous avons réussies sur un intervalle de temps très court à l'échelle historique, parlent d'elles-mêmes!
    Mais attention, il y a les médias, pour qui travaillent des gens qui eux, veulent nous donner ce genre d'image, et qui profitent de nos moments de faiblesses, ou parfois de ce que Camile Laurin appellait, je crois, nos idiosyncrasies, pour nous faire mal paraître...
    Il y a notre comportement politique, aussi... Il m'est arrivé qu'une personne venant d'ailleurs, me dise que nous étions cons, si nous croyions mériter un pays, d'avoir dit NON deux fois... Bien sûr, j'ai tenté de lui expliquer le contexte; notamment le fait que nous croyons que le second référendum nous a été volé...
    Mais souvenons-nous, que les Canadiens anglais ne sont pas les seuls à nous observer, dans notre aventure. Les autres nations sont témoins de notre évolution, comme nation québécoise.

  • Marcel Haché Répondre

    9 octobre 2009

    Jean-François.
    Vous savez bien comme moi que nous ne sommes pas une nation de cons. Mais nous sommes une nation vaincue depuis toujours, et jusque dans l’idée même de la nation.
    Il n’y a pas de nationaux ici qui puissent dire : « mais moi, MOI, je ne suis pas vaincu ». Il y a un rigoureuse et douloureuse égalité dans notre malheur national.
    Il y a des profiteurs. Pas si nombreux. Mais il peut y avoir pas mal de québécois qui disent tout bas, très bas, résilients, en français : Relaxe. La vie. On a été battus, on nous bat, mais la vie continue. Pas nécessaire d’être endoloris. Soyons légers et clowns, un peu, à défaut d’être libres.
    Il me semble—je ne suis pas un « spécialiste »-- qu’une jeune génération se crée de nouveaux défis. Surtout de nouvelles appartenances et une nouvelle identité. Ce n’est pas à moi d’expliquer.
    Mais il me semble évident, au minimum, qu’une jeune génération ne supporte pas, et n’entend pas assumer, les rêves de ma génération, la vôtre aussi, peut-être. Ce que la génération des clowns nous annonce, c’est que pour elle, cette génération, il n’y en aura pas de référendum, qu’ils n’entendent pas ajouter à l’humiliation, ni au malheur.
    Mais toute malléable qu’apparaisse cette nouvelle génération, endormie au gaz paraît-il, clown assoupi, distante de ses propres affaires, particulièrement des affaires qui ont tant animé la vielle génération, la mienne, cette nouvelle génération ne renonce pas. Cette génération ne renonce pas à la liberté.
    Sous son apparence de clown relaxe, bon enfant, se cache un autre clown, celui-là autrement plus radical, et qui pourrait subitement devenir beaucoup moins « festif »…
    La nouvelle génération ne fera pas de référendum, mais elle serait capable, elle, de faire l’indépendance. Elle en a déjà le nerf.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    8 octobre 2009

    On parle de cette tendance que nous avons, Québécois, d'essayer de rire de tout et de rien (qui d'autre a une École nationale de l'humour subventionnée partiellement par l'état?). Cela en dit long sur le peuple que nous sommes...
    Intéressant, cette référence au premier clown de l'espace, soit Guy Laliberté... En le voyant ainsi, avec son nez de clown rouge, à la télévision, juste avant que lui et le cosmonaute russe et l'astronaute américain avec qui il devait voyager, se dirigent vers l'aire d'embarquement....
    Je me disais que Laliberté en faisait beaucoup trop; qu'il tournait presque en ridicule le programme spatial russe (lui qui a tout juste complété son secondaire). Voire qu'il faisait une affaire de clown de l'aventure spatiale, la plus grande aventure de l'humanité, aujourd'hui. C'est déjà quelque chose que ce décrocheur du secondaire puisse simplement acheter sa place, alors que des surdoués ne pourront devenir astronautes, car par exemple, ils ne possèdent pas une vision 20\20... Un peu de respect et de sérieux, auraient étés de mise; mais enfin, quand on est un clown milliardaire québécois, on se permet n'importe quoi, je suppose...
    C'est que d'autres riches ont déjà pu embarquer dans un véhicule spatial russe ou une navette spatiale américaine en payant le prix. Mais seul le Québécois Guy Laliberté a cru bon de faire un pareil numéro!
    Maintenant, comme les deux référendums se sont soldés par des échecs, nous tentons de faire de cela, soit de notre incapacité à nous donner un pays, encore une espèece de grosse blague, si je comprends bien le sens de votre texte...?
    Il faudrait, entre autres choses, que nous nous demandions quelle sorte d'image nous projetons à l'étranger, en tant que nation. Je crains que ce ne soit celle, par les temps qui courent, d'une nation de cons!

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    7 octobre 2009

    Monsieur Haché,
    On aime toujours savoir qu’on est lu. Et mon sous-titre Québec sur l’échafaud , qui vous a plu, on le doit au webmestre, qui l’a extrait de mon texte. Et vous réagissez justement à ce qui m’amène à parler d’échafaud : la relève qui nous échappe. Le fulgurant roulement des articles dans la Tribune aura montré ici son bon côté : vous avez pris la peine de rassembler votre pensée sur le sujet pour écrire ce texte.
    Nous semblons nous entendre pour dire qu’on aura beau UNIR tous les « boomers » à tendance indépendantiste, si la jeunesse n’y trouve pas son compte, c’est un dernier coup d’épée dans l’eau ou, pour poursuivre la métaphore, la trappe qui s’ouvre sous nos pieds, comme en 1839.
    Avant d’espérer qu’un nombre suffisant de jeunes développe le goût du Québec, il faut savoir ce qui les en a dégoûtés. Chacun a ses idées là-dessus. La cause que je conçois est notre procrastination. Ces 40 ans où nous avons manqué de vigueur pour mener à bien le projet de pays nous ont dépeints comme faibles aux yeux de nos descendants. Notre exemple nous a discrédités à leurs yeux comme pédagogues. Nos raisonnements ne peuvent plus toucher une masse critique de cette génération attirée par les sirènes que vous décrivez, M. Haché. Ils devront sentir eux-mêmes l’humiliation, l’agression que leur vaudra l’arrogance de l’occupant galopant, venu surtout de l’ouest.
    Ceux de ces jeunes adultes qui oeuvrent en affaires le sentent peut-être déjà dans le rapt de la Bourse, de la Caisse de dépôt, des ressources naturelles.
    Ceux, par ailleurs, impliqués dans le domaine socio-culturel, doivent sentir l’éteignoir sur nos organismes distincts, par retrait brutal de subventions.
    Ceux qui tiendront à vivre en français refuseront peut-être la noyade du vote démocratique au moyen des nouveaux arrivants non intégrés.
    En somme, pendant que nous nous affairons à aplanir nos disparités, misons sur cette théorie pour que, 15 ans après Parizeau, les générations montantes découvrent que les invasions barbares se matérialisent toujours par l’argent et des votes ethniques.