Économie québécoise

Et, si c'était la faute aux boches...

Québec c. Canada — le Québec entravé

En page 21 du Soleil de ce matin (20-01-12), l'éditorialiste Brigitte Bretonpressait le gouvernement fédéral de revenir sur sa décision de transférer le bureau local du centre de recherche et de sauvetage de la Garde côtière à Halifax. Citons l'éditorialiste:

«La recherche d'économies justifie-t-elle de mettre en péril la vie des personnes qui naviguent sur le Saint-Laurent? Évidemment non. C'est pourtant le risque que prend Ottawa en fermant en avril le centre de recherche et de sauvetage de la Garde côtière, à Québec...
Peut-on compter que les services de sauvetage seront parfaitement bilingues comme le promet Ottawa? Avec toute la considération que le gouvernement Harper accorde au français, aussi bien faire ses adieux ou une prière avant de monter à bord»

L'éditorialiste perd son temps. Il y a longtemps que le gouvernement fédéral a oblitéré le Québec de sa politique maritime. Ceux qui liront les textes du soussigné concernant la politique maritime fédérale en conviendront sans discuter. Les contrats de la Davie ne sont d'ailleurs que la manifestation la plus récente de la politique fédérale dans ce secteur névralgique de l'économie des transports au Canada.
En page A-6 du Devoir de ce matin toujours, le maire Tremblay dénonçait le transfert par Air Canada de 140 postes de Montréal vers Toronto. Une vraie épidémie.
Ceci amenant cela, on me pardonnera de citer cette fois le Grand montréalais Alain Dubuc, dans Éloge de la richesse:
«Chaque fois que je reviens au Québec (le monsieur voyage beaucoup), après un voyage en Europe ou simplement un petit tour aux États-Unis, j'ai le même choc, le sentiment de revenir dans un pays (le Québec ou le Canada?) qui a quelque chose de tiers-mondiste.
Si l'on arrive en avion, cette impression s'explique largement par l'image que projette l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau qui, malgré ses rénovations, demeure un aéroport de province. Son architecture modeste est à l'opposé de l'opulence des temples de verre et d'acier qui poussent partout dans le monde, y compris dans les autres grandes villes canadiennes. Comparé aux nouveaux aéroports d'Ottawa, de Vancouver ou de Toronto, l'Aéroport international de Montréal est en quelque sorte un hangar.» (p. 9) C'est vous qui le dites, monsieur Dubuc.
Et, vous auriez pu ajouter que l'aéronautique est de juridiction fédérale. Le plus beau pays du monde voudrait-il garder le Québec dans des conditions tiers-mondistes, réservant l'opulence au Canada anglais? C'est vous qui le dites monsieur Dubuc.
Mais, il ne faut surtout pas se plaindre. Ce faisant, nous agirions en perdants. Citons encore une fois le Grand montréalais:
«Il ne faut pas creuser beaucoup pour que la rancoeur du perdant revienne à la surface. Elle se voit dans la façon que nous avons souvent de conclure que nos problèmes sont la faute des autres. L'ancien premier ministre, Bernard Landry, par exemple, a expliqué ad nauseam les retards économiques du Québec par de grandes politiques canadiennes, la ligne Borden, qui nous a privés du pétrole de l'Ouest, la Voie maritime, qui a affaibli les ports du Saint-Laurent, et le Pacte auto, qui a consacré la suprématie industrielle ontarienne. M. Landry, si dynamique, sombrait alors dans cette culture de perdants parce qu'en économie, il est impossible d'expliquer le présent par les événements qui se sont produits il y a un demi-siècle. En un demi-siècle, les pays européens se sont remis de chocs bien plus terribles que ceux-là, pensons simplement aux dévastations de la guerre, à la perte des colonies. Et personne, à ma connaissance, n'aura l'idée d'expliquer la stagnation économique française en disant que c'est la faute aux Boches» (p., 124) Encore une fois, monsieur Dubuc, c'est vous qui le dites.
Les grandes politiques économiques du Canada, monsieur Dubuc, sont élaborées dans un milieu où le Québec est absent, ou presque. Elles sont le résultat de la volonté conjointe du grand capital canadien, de l'élite politique du pays et de la haute fonction publique fédérale.
Certes, le Québec compte quelques représentants au sein du grand capital canadien. Mais, ceux-ci y connaissent leur place. Certains en ont d'ailleurs fait l'expérience lorsqu'ils ont voulu prendre le contrôle du CP. Mais, ils en redemandent...
Il n'y a pas de vrais nationalistes québécois parmi l'élite politique canadienne, monsieur Dubuc. Ils ne les laisseraient tout simplement passer.
Et, les Québécois sont encore plus absents de la haute fonction publique fédérale que des deux groupes précédents. Là aussi, ceux qui y accèdent y connaissent leur place...On est passé du timbre bilingue à la réceptionniste bilingue.
Oui, monsieur Dubuc, on peut expliquer le présent économique par des événements qui ont eu lieu il y a plus d'un demi siècle. On pourrait multiplier les exemples, mais il suffira de rappeler le voyage du président Nixon en Chine en 1972.
À tout événement, le Québec n'est pas sans faute. Il aime mieux parler de culture que d'économie. Ce faisant, il est devenu accro du somnifère de la péréquation. Et, ce n'est pas avec des hausses de taxes et la privatisation des services de santé ou d'éducation que l'on redressera la situation. Mais, je vais m'arrêter, vous allez m'accuser de faire partie d'une certaine sous-culture de Rimouski...
N.B. La ligne Borden était favorable à l'économie de l'Est, dans la mesure où le pétrole étranger était moins coûteux que le pétrole albertain.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    20 janvier 2012

    De deux choses l'une:
    - À la fin les Québécois sont tellement écoeurés qu'ils disent sacrons le camp ;
    - Les Québécois sont assez mitaine qu'ils disent ok mononcle, on farme notre gueule pis on rentre dans le rang.