Francine Boisclair-Stewart - Tout au long de la présente campagne électorale, Stephen Harper s'est positionné comme le défenseur de l'unité canadienne, déclarant que seul son parti mérite la confiance des Québécois et des francophones hors Québec. En tant que franco-albertaine qui habite à Calgary, j'aimerais toutefois rappeler les tristes manoeuvres du chef du Parti conservateur portant sur le dossier linguistique.
Au cours de la campagne électorale d'octobre 1993, Stephen Harper a refusé de participer à un forum organisé par les francophones de Calgary, mentionnant alors qu'il représentait une circonscription anglophone. «Il n'y a pas de français ici, nous sommes à Calgary. Je ne suis pas ici pour représenter le Québec» rapportait le Calgary Herald du 23 octobre 1993. La position de M. Harper a-t-elle évolué depuis? Pas vraiment. Dans les faits M. Harper a fait preuve de peu d'égards pour le fait français et les politiques linguistiques au fil des ans et a même attisé l'opposition au développement de notre communauté francophone. Mes activités au cours des dernières années m'ont permis d'être bien au fait des actions menées contre les franco-albertains et ces manoeuvres sont documentées.
Dernièrement, sous la direction de M. Harper, la totalité des députés fédéraux conservateurs à la Chambre des communes ont voté contre le projet de loi C-232 qui visait à modifier la Loi sur la Cour suprême pour garantir que les futurs candidats aux neuf postes au sein de la plus haute cour au pays comprennent nos deux langues officielles. Ce qui est insultant dans cette situation est la position prise par les députés conservateurs élus au Québec, y compris les sénateurs conservateurs, qui se sont tous rangés derrière la vision de Stephen Harper. Au cours des dernières années, M. Harper et ses acolytes ont réduit la portée du programme de contestation judiciaire concernant sur les droits en matière linguistique et d'égalité. Dans quelle sorte de pays vivons-nous si notre premier ministre et ses complices font tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre les bâtons dans les roues des francophones hors Québec alors que ceux-ci tentent de faire valoir leur droits en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés?
Si aujourd'hui nous avons accès à l'école publique en français, c'est en raison des procès menés dans la plupart des provinces et territoires, y compris devant la Cour suprême. La situation canadienne actuelle est cruelle au sens où à l'extérieur du Québec, l'établissement d'écoles francophones au fil des ans a représenté une tâche fort pénible. Stephen Harper et ses semblables ont joué un rôle important dans les difficultés rencontrées. Comment Stephen Harper peut-il prétendre qu'il défend le Canada lorsque son opinion partisane me fait sentir comme une étrangère dans mon propre pays?
Francine Boisclair-Stewart
Une francophone habitant à Calgary en Alberta
Au sujet de l'auteure
Résidente de l'Alberta depuis quatre décennies, madame Francine Boisclair-Stewart a été membre (1991-1993) du Comité de direction qui a vu à l'établissement du Centre scolaire communautaire de Calgary, connu sous le nom de «La Cité des Rocheuses». Elle a travaillé à la reconnaissance des droits scolaires de la minorité franco-albertaine, notamment en assurant la vice-présidence (1994-1995) du Conseil de coordination pour l'éducation francophone (région Centre-Sud de l'Alberta).
La décision de madame Boisclair-Stewart de se faire entendre publiquement comme citoyenne n'est pas partisane. Elle n'a jamais été membre du Parti libéral et elle a longtemps milité au sein du Parti progressiste-conservateur, entre autres en assumant la présidence ou la vice-présidence (1993-2003) d'activités de levées de fonds pour le Parti progressiste-conservateur, en présidant (1997-1999) l'Association du Parti progressiste-conservateur de la circonscription Wild Rose, à Calgary, en siégeant au Conseil national du Parti du progressiste-conservateur du Canada (1997-1998), en acceptant à la demande de l'honorable Joe Clark de siéger comme directrice (1999-2003) au Conseil de l'Association du Parti progressiste-conservateur de Calgary-Centre pour y représenter les francophones et en étant déléguée à la course à la chefferie (mai & juin 2003) pour appuyer Jim Prentice. En 2004, elle adhérait au nouveau Parti conservateur en vue d'appuyer la candidature de Belinda Stronach. Comme bien des militants conservateurs qui étaient considérés comme des modérés, elle a cessé son implication au sein de ce Parti lorsque Stephen Harper en a pris les commandes.
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