En ces temps-ci, où des Religions soi-disant d'Amour se font trop souvent la guerre - pas toujours mais trop souvent - voici, en guise de voeux, un petit texte écrit il y a longtemps. Je le propose pour rire un peu, surtout de NOUSÔTRES - c'est sain! - Et pour nous rappeler, sur un mode léger, les pièges de la généralisation. Je le dédie spécialement à Gébé Tremblay, qui, contrairement à moi, ne croit jamais au Père Noël! Dit-il...
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En ce temps-là,
_ croyez-le ou non,
_ j'ai cru...
En un Dieu omniscient à qui, pourtant, il nous fallait tout dire.
_ Un Dieu omnipotent, qui refusait souvent d'agir.
_ Bien caché, mais omniprésent.
_ Infiniment grand et raisonnable, mais p'tit Jésus pleurant pour rien.
_ Infiniment bon, mais trop souvent cruel. Calé dans son fauteuil, au plus Haut d'un Ciel sans nuages mais menaçant. Un Dieu riant de nous dans sa barbe blanche.
Hypervigilant, Il surveillait la terre, Mon Dieu, de son Oeil unique, moqueur, foudroyant.
J'ai cru...
en l'innocence de son épouse de pierre, notre sainte Mère, l'Eglise, pendant un long moment.
Je l'ai crue solide et sage, charitable, infaillible...
J'ai cru...
qu'en ce bas monde-ci, il y avait les Bons. Et les Méchants. Que pour sauver son âme, il valait mieux se faire Bon mais qu'hélas, le Plaisir avait le plus souvent un faible pour les méchants. Le Pouvoir aussi. Tout comme la Gloire, La Chance,l'Argent...
J'ai cru...
que les "vrais" pauvres, les malades, les vieux, les soeurs, les frères, les curés - et les morts - étaient, c'est sûr, de bonnes gens mais pas de très bons vivants...
J'ai cru ...
en une autre façon aussi de partager le monde: les nousôtres et les eusôtres...
Les eusôtres, c'étaient les voisins, les nouveaux, les inconnus, les étrangers, les païens, les athées, les protestants, les communisses, les socialisses, les Anglais, les Allemands, les Juifs, les Russes, les bohémiens, les troubadours, les p'tits sauvages, les p'tits noirs, les p'tits Chinois ...

J'ai cru...
qu'avec ces eusôtres, ces "gens-là", nous, les nousôtres, devions nous montrer prudents mais magnanimes,indulgents, tolérants. Que nous devions les excuser, leur pardonner ces différences impardonnables et surtout, surtout, prier pour eux, qui ne savent pas toujours ce qu'ils font...
J'ai cru...
que pour les p'tits sauvages, les p'tits noirs, les p'tits Chinois, la "Sainte Enfance" ma foi, il fallait en plus donner nos maigres sous... Pour voir ces petits, cenne après cenne, monter aux cieux, eusôtres itou, grâce à nousôtres.
J'ai cru...
que pour les p'tits Anglais et les p'tits Juifs, ces p'tits "mosuses" selon nousôtres, il en allait tout autrement. Comme une exception à la règle. De charité. Eux, des sous, ils en avaient de trop, justement.
Injustement ?
J'ai cru ...
que ces eusôtres-là, les Riches, mieux valait encore s'en méfier, comme de l'Argent ayant dans l'Au-delà une drôle d'odeur de roussi. Et que, de toutes façons, l'Argent, il ne faisait jamais le bonheur. Des autres?
J'ai cru ...
que, dans ce monde ci, il fallait être petits, pour survivre dans l'Autre. Pourtant les Grands, de tout format et de tout acabit, avaient souvent les premiers rôles,les premières places à table, les premiers bancs, même à l'Église, et puis toujours le dernier mot. Mais pas pour rire...
J'ai cru...
que la vie serait belle quand même, que ma mère était sainte, que mon père était le plus fort... Que le Canada était le plusse beau pays au monde...
Et que les poules avaient des dents.
Oui, jusqu'à l'âge de raison, j'ai cru.
_ ABSOLUMENT.
Sans préjudice!
_ Nicole Hébert,
_ 2000