Éducation

Investir dans le Lab-École ou la restauration des écoles?

Le vouvoiement n’est pas la panacée à l’irrespect

Tribune libre

D’entrée de jeu, je voudrais dissiper toute ambiguïté sur les bienfaits pédagogiques du projet de Lab-École, abstraction faite du coût astronomique engendré par la construction d’un tel projet. À titre d’exemples, le Lab-École de Rimouski est estimé à 44,3 millions $ pour un bâtiment de 25 classes, et celui de Shefford à 37,1 M$, soit une facture moyenne de 2,3 M$ par classe. Par ailleurs, on apprend que le gouvernement Legault a pris la décision de mettre fin à ce projet.

D’un autre côté, c’est bien connu, plusieurs des écoles actuelles tombent en décrépitude sous le poids des années et ont rapidement besoin dune cure de rajeunissement, notamment sur l’étanchéité de la fenestration et l’absence d’un système d’air climatisé lors des canicules qui sont de plus en plus fréquentes sous l’influence des changements climatiques. C’est sans compter les murs défraîchis par le temps et les fissures qui font figure de locaux délabrés.

À cet effet, on se souviendra que François Legault a pris comme engagement de faire de l’éducation sa première priorité dès le début de son premier mandat, le délabrement des écoles québécoises faisant partie intégrante de cet engagement. Or le projet de Lab-École, malgré ses vertus avant-gardistes, ne touchent qu’une minorité d’élèves tandis que la restauration des écoles existantes améliorerait la qualité de vie de l’ensemble des élèves du Québec.

Enfin, je suis plutôt d’avis que les investissements eu égard au bien-être des élèves doivent être priorisés au profit de la qualité de vie de l’ensemble des jeunes du Québec plutôt que de privilégier une infime partie des élèves. C’est une simple question de gros bon sens!À

Le vouvoiement n’est pas la panacée à l’irrespect

Avec le début des classes dans les écoles du Québec, il est une question qui revient sur toutes les lèvres comme un leitmotiv à chaque rentrée scolaire à savoir «devons-nous exiger le vouvoiement de la part des élèves envers le personnel enseignant?»

À cet effet, le vouvoiement a toujours été associé à une marque de respect envers la personne à qui on s’adresse, voire la panacée aux problèmes liés au manque de respect de certains élèves envers leurs enseignants, une assertion à laquelle je me rallie mais avec une certaine réserve.Tout d’abord, il m’apparaît primordial de faire une mise au point. À mes yeux, le respect ne s’exige pas par des «vous», il se gagne avec le temps. Je demeure convaincu que le respect ne s’impose pas de droit, mais qu’il s’acquiert dans une attitude respectueuse des personnes humaines que nous côtoyons, peu importe leur âge et leur statut. En termes clairs, l’enseignant gagnera le respect de ses élèves pour autant qu’il leur rend la pareille. Par ailleurs, il est utopique de croire qu’un professeur qui exige le vouvoiement gagnera de facto le respect de ses élèves.

J’ai toujours vouvoyé mes parents, mes enfants me tutoient et ma petite-fille tutoie ses grands-parents et cela dans un respect mutuel. Lorsque j’étais enseignant, la plupart de mes élèves me demandaient s’ils devaient me tutoyer ou me vouvoyer. Je leur répondais que je n’avais pas de préférence à cet égard pour autant que le respect s’établisse entre nous.

En bref, si nous fabulons sur l’effet magique du vouvoiement, nous risquons de mettre un cataplasme sur la solution au problème d’irrespect de certains jeunes car nous devons admettre qu’on peut manquer de respect envers quelqu’un même en le vouvoyant!


Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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