Je m’oublie, un peu, beaucoup, passionnément.
Voilà que je m’oublie tout à fait
_ dans la lancinance de mon histoire
_ et que je flirte avec les déboires
_ en me tressant un avenir contrefait.
Mêlé dans mes appartenances
_ insouciant aux compromis pervers
_ et fièrement habillé comme un ver
_ je me mendie une permanence.
Dressé pour confusions entretenues
_ ballotté à en perdre l’horizon
_ manipulé à en perdre raison
_ je me digère l’instant venu.
Assis sur des ambiguïtés bien cultivées
_ mal branché avec mes racines
_ avec mes symboles devenus rapines
_ ma boussole est en passe de s’égarer.
J’ai l’histoire endolorie
_ par une paresse de mémoire
_ négligeuse de ses grimoires
_ qu’elle condamne au pilori.
J’ai la souvenance en souffrance
_ la pertinence sournoisement contestée
_ et dans mon repli linguistique constaté
_ j’abandonne le gouvernail à l’insignifiance.
J’ai les réminiscences en vacances
_ sur plages d’ignorance coupable
_ ou dans paradis de démission palpable
_ à bourlinguer dans une mare de carences.
J’ai l’avenir sans connaissance
_ strangulé dans des murmures
_ fossilisés dans mes commissures
_ en liste pour l’évanescence.
J’ai mal à mon enseignement
_ qui oblitère mes luttes passées
_ et qui m’invite à m’enrouler
_ dans le linceul de mon effacement.
Je m'oublie, un peu, beaucoup, passionnément
Le destin québécois
Gilles Ouimet66 articles
Né à Mont-Laurier en 1947. Études primaires à cet endroit. Études classiques à Mont-Laurier et Hull entre 1961 et 1968. Diplômé en histoire de l’Université Laval en 1971. Enseignant à la polyvalente de Mont-Laurier entre 1971 et 2005. Directeur d’une troup...
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Né à Mont-Laurier en 1947. Études primaires à cet endroit. Études classiques à Mont-Laurier et Hull entre 1961 et 1968. Diplômé en histoire de l’Université Laval en 1971. Enseignant à la polyvalente de Mont-Laurier entre 1971 et 2005. Directeur d’une troupe de théâtre amateur (Troupe Montserrat) depuis 2000. Écriture pour le théâtre, notamment une pièce à l’occasion du centenaire de Mont-Laurier en 1985 (Les Grands d’ici), une autre à l’occasion du 150e anniversaire du soulèvement des Patriotes (Le demi-Lys...et le Lion) en 1987 (prix du public lors du festival de théâtre amateur de Sherbrooke en 1988 et 2e prix au festival canadien de théâtre d’Halifax la même année). En préparation, une pièce sur Louis Riel (La dernière Nuit de Louis Riel). Membre fondateur de la Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides. Retraité de l’enseignement depuis 2005.
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
5 avril 2011J'aime beaucoup, passionnément!
Henri Marineau Répondre
5 avril 2011En lisant votre poème qui respire l'engagement à notre pays du Québec en devenir, je me suis rappelé celui que j'ai écrit un jour en revenant de l'île d'Orléans:
AU BOUT DE L’ÎLE
Au bout de l’île d’Orléans
Devant le fleuve Saint-Laurent
Tournoyant en reflets d’argent
J’entends le chant des goélands
Sur l’autre rive curieux mariage
De vert côtoyant l’usinage
Le temps sur son infâme passage
Ayant brisé le pâturage
Au loin un paquebot fend l’eau
Du fleuve qui porte sur son dos
La marée noire du cargo
Enfouie dans son lourd tombeau d’eau
Mon regard se porte à nouveau
Sur l’élégant mouvement de l’eau
Je le reçois comme un cadeau
Du matelot venu d’en haut
Par un après-midi d’automne
En revenant par le pont de l’île
Je me suis rappelé Leclerc de l’île
Comme l’homme que toujours on fredonne
De chaque côté du Saint-Laurent
Mon regard se porte à nouveau
Sur l’élégant mouvement de l’eau
En arrière-plan l’île d’Orléans
Continuez de vous oublier, un peu, beaucoup, passionnément, M. Ouimet! Un jour, on vous entendra!
Henri Marineau
Québec
Archives de Vigile Répondre
5 avril 2011Très beau poème!