Johnson ne rassure pas les parlementaires

La vertu "stratégique" - la montée de lait n'est pas un argument, ni pour Johnson ni pour Lulu.


Québec — Malgré trois heures de témoignage à l'Assemblée nationale, Pierre Marc Johnson n'a pas rassuré les députés de l'opposition officielle sur l'effet d'un éventuel accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne (AECG).
«Tout est sur la table, c'est ce qu'on nous a dit», a conclu le critique péquiste en matière de relations internationales, Alexandre Cloutier, à l'issue du témoignage du négociateur en chef du Québec et ancien premier ministre. M. Johnson a été «incapable de nous dire ce qui était non négociable pour le Québec», a déploré M. Cloutier. Le député a même jugé insatisfaisantes les réponses de M. Johnson sur la gestion de l'offre en agriculture. Ce dernier a indiqué que tant Ottawa que Québec avaient promis de la protéger. «Mais [M. Johnson] ne dit pas que les quotas seront maintenus intégralement», a souligné M. Cloutier.
Hydro-Québec
Quant aux contrats accordés par Hydro-Québec, qui intéressent les Européens comme tous les marchés publics canadiens et québécois (respectivement d'une valeur de 127 et de 28,5 milliards), M. Cloutier s'est dit inquiet. M. Johnson avait pourtant révélé qu'Hydro-Québec avait été exclue des offres faites par le Québec en juillet. «L'ensemble des marchés publics est sur la table!», a-t-il répliqué à la sortie de la commission. «On pense pouvoir exclure Hydro-Québec, mais on n'a aucune garantie», a déclaré M. Cloutier, qui a une fois de plus dénoncé le fait que les députés n'ont pas eu accès aux textes de négociation.
Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, a causé une commotion lorsqu'il a soutenu que de son point de vue, M. Johnson était «en situation de conflit d'intérêts» comme négociateur. D'une part en raison de ses relations d'affaires avec la société française Veolia, «entreprise qui tue la concurrence avec certaines manoeuvres de collusion», a dénoncé M. Khadir. D'autre part parce que M. Johnson est avocat-conseil chez Heenan Blaikie. Sur son site Web, a fait remarquer M. Khadir au sortir de la commission, ce cabinet signale qu'il est présent à Paris et il écrit que cela «renforce sa capacité d'aider ses clients européens à s'implanter au Canada et ses clients canadiens voulant faire des affaires en Europe».
Lobbyistes
M. Khadir a aussi demandé à M. Johnson s'il avait rencontré des «lobbyistes» de «SNC-Lavalin, sa division nucléaire, des filiales de Power Corporation [...] via Areva ou d'autres dans le domaine [...] ou des lobbyistes du secteur de gestion des déchets nucléaires?»
Sur l'heure du midi, devant le parlement, le Réseau québécois sur l'intégration continentale et le Syndicat de la fonction publique du Québec ont tenu une manifestation autour d'une statue représentant un cheval de Troie pour dénoncer les risques de l'AECG et l'absence de débat public à son sujet.


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