En dépit de l'avis contraire du Commissaire au lobbyisme, le directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) n'entend pas poursuivre Bell, Evenko et Quebecor dans le dossier de l'amphithéâtre de Québec.
Des explications fournies par le DPCP, le Commissaire au lobbyisme «comprend que la principale raison de sa décision est reliée aux circonstances particulières du dossier, notamment le statut singulier joué par le mandataire retenu par la Ville de Québec» (La Presse, 22 février 2012).
De son côté, Pierre Pomerleau, président de Pomerleau, apparemment la plus grande entreprise de construction du Québec, croit qu'il y a «trop d'éthique» dans le monde de la construction au Québec. Comme le rapportait La Presse cette semaine, M. Pomerleau «croit que le respect maladif des questions d'éthique au Québec est devenu exagéré et il juge que ce phénomène peut avoir des effets pervers».
Dès lors, et le pas est subliminalement franchi, pourquoi une commission d'enquête, doit-on comprendre? Ironie de l'actualité, dans la même édition du même journal, un de ses chroniqueurs juge l'enquête nécessaire mais craint la noyade devant la multiplicité des dossiers qu'aura à traiter la commission...
L'approche de Me Lussier
Au même moment, Le Devoir nous apprenait que Me Sylvain Lussier, procureur en chef de la commission Charbonneau, agit et agira à temps partiel à la commission Charbonneau, sous le motif qu'il continue à représenter la Ville de Montréal dans des dossiers particulièrement chauds en matière d'éthique, tels ceux relatifs à l'espionnage du vérificateur général de la Ville de Montréal.
Que peut-on attendre ou espérer d'un procureur (ou d'une commission) qui enquête sur l'éthique et la légalité des gestes posés par différents intervenants (villes, entrepreneures, ingénieurs, etc.), et qui devra regarder ce qui se passe à Montréal, si cette même personne agit à titre d'avocat (conseil) pour la Ville de Montréal, au même moment?
Selon les sources à l'origine de cette information, Me Lussier confiera à d'autres procureurs les dossiers concernant Montréal. La belle affaire! Montréal, c'est 50 % et plus de ce qui se passe sur le plan économique au Québec. Et c'est là que se dessinent les façons de penser, les façons de faire, compte tenu de l'ampleur des contrats qui y sont octroyés.
Dès lors, peut-on se demander, quelle approche aura Me Lussier dans les dossiers ayant une certaine ressemblance avec les dossiers dans lesquels il continue d'agir pour la Ville de Montréal? Aura-t-il une compréhension des choses qui ne soit pas incompatible avec la position qu'il sera amené à défendre dans les dossiers où il agit pour la Ville de Montréal?
Que Me Lussier choisisse: les mandats de la Ville de Montréal ou celui de la commission Charbonneau.
Que la commission Charbonneau choisisse: un procureur en chef indépendant ou un procureur en chef qui sera à l'origine de plus de questions qu'il n'apportera de réponses.
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Paul Bégin - Ancien ministre de la Justice dans le gouvernement du Parti québécois
L'éthique en arrache ces jours-ci...
Charbonneau se fait tripoter - une commission-close?... Une opération avec scalpels rouillés!
Paul Bégin10 articles
Ancien ministre de la Justice et procureur général du Québec dans le gouvernement du Parti québécois et Prix Condorcet 2005
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