Canada-Union Européenne

L’inquiétude persiste

Accord de libre-échange Canada - Union européenne



Vendredi dernier, pas moins de dix-huit ministres et sénateurs conservateurs étaient en mission commandée dans toutes les grandes villes du pays pour vanter les mérites d’un accord de libre-échange commercial avec l’Union européenne. Une telle offensive coordonnée au plus haut niveau du gouvernement fédéral fait comprendre l’importance qu’y accorde le premier ministre Harper lui-même.
Pour cause, puisque l’Union européenne (UE) est un marché de 500 millions de consommateurs auquel les plus grandes entreprises canadiennes aimeraient avoir accès sans barrières tarifaires ou non tarifaires.

Ce qui différencie cette négociation de celles qui ont précédée, notamment de l’Accord de libre-échange nord-américain, c’est qu’il s’agit d’un traité commercial de « deuxième génération » - pour reprendre l’expression des négociateurs -, c’est-à-dire qu’il ratisse large en incluant des thèmes comme l’agriculture, les services, la circulation des capitaux, la propriété intellectuelle et l’accès aux marchés publics des provinces et des municipalités.
Curieusement, même si les retombées d’un tel accord seront très importantes, on en parle très peu, contrairement à une époque pas si lointaine où les négociations avec les États-Unis avaient constitué le sujet central d’une élection fédérale.
Dans les milieux d’affaires et aux deux ordres de gouvernement, provincial et fédéral, on pousse fort pour que les négociations aboutissent cette année. Il y va de la diversification de nos relations commerciales trop concentrées sur le marché américain, dit-on avec raison. Selon une étude conjointe réalisée en 2008 pour le compte des partenaires de la négociation, un accord de libre-échange Canada-UE accroîtrait les échanges commerciaux dans une proportion d’au moins 20 %.
Malheureusement, trop de renseignements manquent encore pour apprécier le portrait dans son ensemble. En fait, la crainte d’une perte d’autonomie pour le Québec et les municipalités surpasse même de beaucoup l’espoir de création d’emplois que font miroiter politiciens et patrons d’entreprises. À titre d’exemple, il est probable qu’avec cet accord, les municipalités et les provinces ne pourront plus exiger la présence d’un minimum de contenu local lors des appels d’offres pour des services et des équipements. On pense même qu’une ville ne pourra plus choisir de reprendre le contrôle d’un service public privatisé sans être poursuivie par les entreprises frustrées de ne plus y avoir accès à ce marché. Ce n’est donc pas un hasard si toutes les grandes villes canadiennes, dont Montréal et Toronto, sont inquiètes.
Au cours du blitz de vendredi dernier, les ministres conservateurs n’ont présenté que les aspects les plus positifs d’un éventuel accord. En lui-même, ce genre de comportement est troublant quand il n’a pas été précédé d’un débat public. Une fois de plus, nos élus savent ce qui est bon pour nous et ne se gênent pas pour l’imposer.


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