La conjoncture n’a jamais été aussi favorable à l’indépendance. Cela étant, voyez-vous quelque part, lecteur, une ruée de citoyens vers le P.I. ou vers le parti citoyen par excellence, Québec Solidaire ? Ces deux partis devraient profiter aussi de la conjoncture, si indéniablement favorable.
La conjoncture « favorable », c’est un rapport de forces, qui est « favorable ». Ce rapport est présentement « favorable » au P.Q., mais le P.Q. est dans l’opposition. L’indépendance est dans l’opposition depuis toujours.
Les libéraux sont à terre. Ils le méritent. Ils aiment ça être à terre. Renoncent pas à voler, les libéraux, mais préfèrent les terrains solides, difficiles même, marécageux à la limite, tous terrains où bâtir le Québec de demain.
Malgré cela, ni le P.I., ni Q.S.ni le P.Q. d’ailleurs, aucun d’eux ne voit exploser son membership indépendantiste.
La conjoncture « favorable » --elle l’est éminemment—ne résulte donc pas tant d’un mouvement de fond, national ou « citoyen ».Les québécois ne sont pas moins multiculturalisés ou amorphes subitement. Ils ne descendent pas dans la rue. Ou s’ils le font, c’est pour le CH., un phénomène qui revient à chaque printemps.
Ce sont les médias, puis l’opposition officielle à Québec, le P.Q. -- et tout particulièrement Mme Marois et ses lieutenants-- qui mènent la charge pour laquelle ils ont étés très justement élus. Ce sont les spots-médias et le P.Q. qui forgent la conjoncture « favorable ».
Il y a Pauline, bien sûr. Mais y a pas juste Pauline, ôôô Pauline, y a aussi Françoise.
Ah ben ! La Françoise aussi ?
Mais oui. Mais oui. Mais cette dernière est autrement plus silencieuse que Pauline. On commence seulement à comprendre pourquoi. La conjoncture « favorable » devrait la favoriser aussi, me semble-t-il. Il n’en est rien. Pourtant, et c’est cela qui est formidable : les seuls et sempiternels reproches qui sont adressés le sont à celle qui lutte ET QUI GAGNE contre le gouvernement qui nous afflige : Mme Marois.
Si la réalité garde ses droits, la vérité les garde aussi.
La vérité ressemblerait plutôt à ceci : une certaine gauche « souverainiste » a été sortie en même temps qu’elle s’est sortie elle-même du P.Q. Pour son plus grand bien d’abord, mais aussi pour celui du P.Q. lui-même. C’est elle, cette gauche, qui chique la guenille maintenant. À ce jour, son départ du P.Q. n’a pas été un très grand succès. Pas plus, hélas, que l’avènement du P.I. ne fut un grand succès indépendantiste. Re-hélas !
La fronde constante mais groupusculaire à l’égard de Mme Marois, à l’égard de toute chefferie péquiste en fait, cache donc un autre débat et peut-être des appétits inavoués : la hargne camouflée des « solidaires », avoués et non-avoués, ainsi que celle des admirateurs et adorateurs du messianique Gilles Duceppe, autres « solidaires » avoués, mais ceux-là un peu moins avoués disons, surtout moins avouables, une hargne à l’encontre de tout mouvement stratégique « péquisss », du moindre et du plus petit mouvement jugé par elle, cette gauche sénile, d’être très évidemment et « notoirement » à droite, le P.Q. étant pour elle, cette gauche encore, un parti bourgeois et de droite, cela est bien connu, Québec Solidaire étant devenu le vrai P.Q. des temps modernes.
Il y a quelque chose d’infantile ou de sénile, au choix, dans cette manie gauchiste de se représenter les choses. C’est pour ça que Québec Solidaire plafonne à 3%.( Le R.I.N plafonnait à 5%, il y a 44 ans. En fait, à distance de 44 ans, les deux partis ont obtenu chacun environ 130,000 votes. Prodigieux et grand bond en avant n’est-ce pas ?)
Hors de la gauche « citoyenne », mot magique et béni entre tous, le souverainisme et l’indépendantisme seraient suspects de couver le nationalisme, la « bête », l’antichambre de la xénophobie, comme chacun sait. Pénible. Très pénible. Péénîîîble comme disait Jacques Laperrière du CH.
La gauche pénible, en effet. Toute autant pénible qu’il est pénible ce printemps, de voir le fils de Laperrière, si brave et généreux dans l’effort, lutter contre le CH de son père, alors même que le CH a toujours refusé de rapatrier ce fils naturellement CH. Une petite trahison. Honte aux Molson.
Mais la Gauche, elle, n’a honte de rien.
ÇA FAIT POURTANT 50 ANS QUE LA GAUCHE CITOYENNE ET SYNDICALE PÈSE ET CHERCHE À S’ANNEXER LA QUESTION NATIONALE, À L’INTÉRIEUR DU P.Q. D’ABORD, ENCORE MÊME, PUIS À L’EXTÉRIEUR DU P.Q. MAINTENANT.SANS GRAND SUCCÈS.
DEPUIS LE TEMPS QU’ELLE EST LÀ, CETTE GAUCHE TONITRUANTE, RADOTANTE ET RETARDATAIRE, PEUT-ÊTRE QUE C’EST ELLE, CETTE GAUCHE SOLIDAIRE ET BLOQUEUSE, QUI FAIT PARTIE DU PROBLÈME, PLUTÔT QUE DE LA SOLUTION QUI EST L’INDÉPENDANCE. (Les gouvernements péquistes étaient tous, sans aucune exception, d’orientation de gauche, avec préjugé favorable, ancré solide, et patati et patata)
Et puis… l’indépendance n’est pas advenue. Pas advenue…l’idéal, l’indépendance…pas advenue l’idéal…Trahie peut-être…Sais pas…Pourtant promise, non ? Pas advenue…
Eh ben…
L’indépendance n’est pas advenue, la gauche sociale-démocrate pourtant au pouvoir deux fois. Par deux longues fois plutôt qu’une. Cela est la réalité la plus implacable. Mais nous serions conviés par elle, cette gauche encore, devenue plus radicale encore, à souffler toujours plus fort dans le même s’tie de ballon. Ballon crevé, à l’évidence.
La moindre perspective de changement que pourrait maintenant suggérer Mme Marois, n’importe qui d’autre par ailleurs-- le P.I. subit lui aussi cette situation fâcheuse-- tout mouvement, tout déplacement stratégique politique le plus minime, le moindrement « électoraliste », quelle plaie ! et se rapprochant de l’intérêt de l’électorat, des gens, de nous tous et de Nous, mais ne s’inscrivant pas préalablement dans le discours gauchiste de l’action « citoyenne », est condamné à l’avance.
Et alors Gesca, ainsi que Radio-Tralala, enfourchent alors leur vieille crisse de picouille, pour une ride sur la division des séparatistes, faisant écho de façon démesurée par rapport à leur nombre, à ceux-là mêmes qui ont le plus failli, et qui éloignent maintenant l’électorat de la cause indépendantiste. Pénible, en effet. Honte à Gesca et à tout le Tralala.
Dans ces conditions, Mme Marois ne serait plus appréciée par cette gauche retardataire que si elle était définitivement immobile, comme une statue de cire, le drapeau souverainiste toujours à la main.
Cela pave la voie de façon royale à un deux de pique de se prétendre un roi de cœur. Ne le voit-on pas ? Sommes-nous si intoxiqués d’idéologie que nous ne sommes même plus capables de distinguer les couleurs, le rouge du bleu, et le pique, le pic-pic, du cœur.
Le cœur, c’est Nous.
L’indépendance à gauche ? J’ai bien entendu ?
Next (Si Vigile accepte) : Ce qu’une certaine gauche ne pardonne pas à Pauline Marois.
La conjoncture de Pauline
Les conjectures de Françoise.
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7 commentaires
Archives de Vigile Répondre
26 mai 2010Bonjour,
En me relisant aujourd’hui, j’ai constaté que j’étais vraiment fatigué : corrections donc de mon texte.
***
Bonjour Monsieur Haché,
Enfin, quelqu’un qui voit plus loin que son nez.
Le vieux fond de conservatisme n’est jamais disparu chez les québécois et il n’a jamais été aussi fort que présentement : parlez-en avec vos enfants (et aux 25-35 ans), juste pour vérifier.
Ils reviennent même un peu à l’église — qui s’actualise pourtant pas — et font faire la première communion et confirmation à leurs enfants, qui sont pour notre plus grand bien, plus nombreux à naître que les 2 générations précédentes.
Ils sont plus individualistes et l’anglais est maintenant leur dada ; même que la loi 101 les empêche d’envoyer leurs enfants à l’école anglaise. On est pas sorti du bois... Alors, que faire ?
Tout a donc changé et le discours du PQ doit suivre cette évidente évolution, non ? Et cela aussi bien pour la langue, l’économie, la Santé, l’Éducation et la fonction publique municipale et scolaire. Tout. Mais cela ne veut pas dire tout chambarder, mais au moins regarder…
La conjoncture est favorable, comme vous dites, et le premier pas c’est de les attirer avec un programme plus actuel comme semble le proposer Mme Marois ; et après la confiance étant établie, osez faire des pas qui mèneront lentement vers le Pays du Québec.
Vous êtes bien bon de nous parler du QS, souverainiste de façade et diviseur par excellence (ici je pense en particulier à Françoise). Leur seul avenir c’est un référendum gagnant et après nous nous donnerons un parlement où la proportionnelle permettra à QS d’exister.
Sans oublier qu’ils sont prêts (encore Françoise !) à opter -- afin d’obtenir les votes des communautés musulmanes, sihk, juives et autres -- pour le port des signes religieux dans la fonction publique ! Woah !
Rappelons-nous que les libéraux ont choisi les 15 membres conseillers de Bouchard-Taylor pour leur laïcité ouverte ! Vérifiez parmi eux ceux qui ont signé le manifeste de Daniel Weinstock ! C’est très éclairant sur la conclusion du rapport B-T. Elle était donc écrite avant même son début ?
Quant au P.I. — que vous citez par pure bonté d’âme — ils ne sont pas tannés de mourir, encore et toujours avec leur baroud d’honneur ? Le dépit et les « babounes » ça va bien faire !
Parizeau a tout fait et tout tenté — même cédé, afin de se faire un pays, sa place de grand négociateur à Bouchard ! Résultat ?
Si lui, appuie le PQ avec ses forces et faiblesses c’est que c’est la seule avenue praticable même si risquée : comment en effet, savoir ce que ce parti a dans le ventre ?
À l’air de la mondialisation et d’un Canada qui tourne à droite au grand désespoir du PLC, les membres du PQ ont mis de côté pour le moment -- donc pour y réfléchir et consulter d’autres citoyens je l’espère -- l’orientation de Pauline vers la remise en question, des structures trop lourdes (regardons-les au moins) dans la santé, l’éducation et l’état : le refus momentané d’en discuter, donc de se cabrer, va avec ce parti difficile à harnacher depuis toujours.
Contrairement aux Libéraux gentils, tranquilles et disciplinés à l’extrême. La tempête va passer et aucune dissidence se manifestera : imaginez l’inverse on s’entre déchirerait déjà ! Comment diable font-ils : qui a mis en place ce contrôle total ?
Le PLQ est un adversaire extraordinaire qui ne coulera jamais ; au pire il servira de vase communicant à l’ADQ, si M. Deltell est très habile ! Mais pas au PQ et encore moins à QS.
J’en déjà dit trop, je suis fatigué...
Félicitations encore,
Jean-Renaud Dubois Sainte-Adèle
Marcel Haché Répondre
26 mai 2010« l’orientation de Pauline vers la remise en question, des structures trop lourdes (regardons-les au moins), dans la Santé, l’éducation et l’État : le refus momentané d’en discuter, donc de se cabrer, va avec ce part, difficile à harnacher depuis toujours. » M.Dubois
Rien à y redire. C’est très cela. Toute cette population qui a payé cher, il faut le préciser, mais qui se retrouve vieillissante, donc de plus en plus en besoin de soins, mais qui n’a pas de médecin de famille ou, encore, dont l’accès aux soins s’est détérioré, cette génération est présentement trahie.
On ne soignera jamais personne avec un discours sur l’égalité. La gauche radicale et « égalitariste » est déconnectée de la réalité.
C’est au très grand mérite de Pauline Marois de susciter un début de réflexion.
Mais qui lui tire alors dans le dos ?
Marcel Haché Répondre
24 mai 2010@Gébé Tremblay
La gauche n’a pas le monopole de la question nationale. N’est pas souhaitable qu’elle puisse « agir au nom de. », alors même qu’elle est groupusculaire. Je reconnais son immense mérite, et sa fidélité à la cause de la souveraineté et de l’indépendance.
Ce que je ne fais pas pour l’extrême gauche, aussi sincère qu’elle puisse être, celle-là.
J’ai souvent dénoncé le P.Q. Le ferai encore. Wake up P.Q. Mais « jaspiner » toujours sur Mme Marois m’apparait tout ce qu’il y a de plus contre-productif. Surtout au moment où le gouvernement Charest patauge et devient vulnérable.
@ M.Bousquet.
Votre point de vue est intéressant. C’est pas mal ça. Je vous soumets le point de vue suivant : pour la première fois peut-être, j’espère, le P.Q. pourrait être élu sans avoir révélé à l’avance son plan de match, surtout son calendrier. Cela m’apparaîtrait « mortel » pour le Canada.
Toute la question est de savoir s’il y a un « plan de match » !
Mais s’il n’y en avait pas, cela pourrait arriver, le P.Q. serait plus rapidement disqualifié que tout autre gouvernement de la province de Québec. Et éjecté très rapidement.
Gilles Bousquet Répondre
24 mai 2010Je vais vous soumettre un autre scénario M. Haché : 50 % des fédéralistes déçus du PLQ, décident de voter pour l'ADQ, autre parti fédéraliste, ce qui diviserait les votes fédéralistes, sauf nos Anglos qui ont trop peur du PQ pour aller jusque là. Là, ce sont les fédéralistes qui seraient divisés, ce qui offrirait le pouvoir au PQ à condition que Québec solidaire et le PI demeurent dans leurs bas pourcentages actuels.
Archives de Vigile Répondre
24 mai 2010Le PQ, un parti libéral qui est allé chercher la gauche pendant la révolution tranquille (de gauche) et profiter de la mouvance gauchiste de mai 68 (union avec le RIN). La social-démocratie c'est rien d'autre que l'union de libéraux et gauchistes.
Depuis 1995, le PQ tente de revenir à la source, c'est à dire un parti libéral. Il a dirigé la province comme un parti libéral jusqu'en 2003.
Maintenant se réclâme "la place du PLQ" en brandissant son honnêteté.
Le véritable et premier mouvement indépendantiste-national était de droite L'Alliance Laurentienne (catholique-traditionaliste). La gauche communiste avait déjà fait d'une bouchée la France d'après guerre. La dénationalisation, le rejet des traditions, l'internationalisation, la mondialisation, le libre marché global et gouvernement mondial sous l'insigne du libéralisme et valeur socialiste.
Non, le PQ n'est pas de droite. Il est résolument libéral.
Marcel Haché Répondre
24 mai 2010M.Bousquet.
Mon texte n'est pas un texte sur la "chimie" politique.Avec recettes et pourcentages de chaque parti..Vous êtes très fort la dedans.
Mon texte relèverait plutôt de la "physique" politique.Une toute autre affaire : le mouvement ou l'inertie de l'opinion publique.Le jeu politique lui-même,ce qui est bien différent que les pourcentages,qui m'apparaissent toujours secondaires.
Les chiffres que j'ai apporté concernant Q.S. et le R.I.N,sont d'un tel pareil éclat,c'est la raison pour laquelle je les ai foutni.Autrement,je ne fournis généralement pas de chiffres.
Gilles Bousquet Répondre
24 mai 2010À M. Haché qui écrit : «À ce jour, son départ "la gauche" du P.Q. n’a pas été un très grand succès. Pas plus, hélas, que l’avènement du P.I. ne fut un grand succès indépendantiste. Re-hélas ! »
M. Haché, si Québec solidaire et le PI, 2 partis souverainistes avaient mieux réussi et étaient allé chercher chacun 15 % des votes souverainistes, il en resterait aujourd'hui, 15 % au PQ : 45 % divisé en 3 parts égales. Avec une telle division, chacun de ces 3 partis peut faire élire environ 5 députés plus une vingtaine à l'ADQ "transferts des votes fédéralistes du PLQ qui ne veulent pas aller à un parti séparatiste" et environ 90 députés élus au PLQ.
Belle perspective. Remerciez le ciel, comme indépendantiste, que Québec solidaire et le PI n'aient pas plus levé de terre.