En politique, cela s’appelle hurler avec les loups. C’est ce que fait le chef du Bloc.
La crise humanitaire haïtienne l’autorise à réclamer très fermement—bien plus fermement qu’il ne lui est nécessaire-- plus de réfugiés-sinistrés, plus d’ouverture de la part d’ Ottawa, la même ouverture, fait-il valoir, que celle manifestée à l’occasion du Tsunami. Comme les chefs de tous les autres partis d’opposition à Ottawa, M. Duceppe suit l’opinion publique plutôt qu’il ne cherche à l’incliner. Cela est très habile, mais de courte vue.
Pour l’instant, les conservateurs portent l’odieux de tenir trop fermement aux définitions actuelles du Parrainage et de la réunion des familles. Mais les conservateurs sont au pouvoir. Cela leur sera demain un avantage auprès de l’opinion publique. C’est M. Duceppe lui-même qui fournit gratuitement aux conservateurs un positionnement politique qui leur sera favorable. Évidemment, cela positionnera mieux les conservateurs en Ontario qu’au Québec, mais cela ne sera pas négligeable, puisque le Canada peut maintenant fonctionner sans le Québec.
De la même façon que Charest avait saisi la balle au bond à propos de la Crise financière à venir pour déclencher des élections, Harper pourrait éventuellement se servir de la crise en Haïti, qui va durer—et les médias vont restés braqués dessus, comptez sur R.D.I. —pour reprendre l’initiative qu’il perd présentement.
M. Duceppe peut bien hurler avec les loups, et se réconforter de patiner lentement avec les autres chefs, dans un seul coin de la patinoire politique, si Harper passe au travers de la légère baisse de régime que révèle les sondages, le chef du Bloc, tout bon patineur qu’il est, pourrait trouver que ça patine vite en maudit…sur la glace de l’adversaire.
Si le chef du Bloc ne veut jamais s’adresser à Nous, parce qu’il se moque un peu des nounous (sa propre expression), il laisse toute la marge de manœuvre UTILE aux conservateurs de le faire. De plus, il laisse ainsi aux libéraux fédéraux du Québec toute la marge de manœuvre NÉCESSAIRE à l’égard de l’électorat issu de l’immigration, puisque sa position est une copie de celle d’Ignatieff. Mais les libéraux savent mieux que lui comment s’y prendre avec cet électorat. Qu’on se rappelle simplement le comté de Papineau.
Le Bloc n’est pas un parti fragile. Mais ses récentes prises de positions, quasi ésotériques, sur l’assujettissement à un code du travail plutôt qu’à un autre, son insistance sur le sort des prisonniers afghans, (alors même qu’il revient au Canada et au Québec des cercueils, en provenance de l’Afghanistan) maintenant son coup de clairon en faveur de l’élargissement des normes canadiennes reliées à l’immigration, tout cela procède de l’incapacité de se coller aux préoccupations et aux intérêts véritables de son propre électorat. Pour tout dire : de Nous
Ça fait longtemps. Tout cela dure depuis longtemps. Et ça fait dur !
C’est donc à lui seul, qu’une partie très importante de l’électorat très naturel du Bloc pourrait dire demain : Good bye Charlie Brown.
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2 commentaires
Marcel Haché Répondre
22 janvier 2010@ M. Gignac
Sous le prétexte qu’il ne pas « aller plus vite que le violon », entendre ici que le Bloc serait à la merci de l’agenda du gouvernement provincial québécois, qu’il s’agit là d’un gouvernement fédéraliste, et radicalement fédéraliste, le Bloc s’excuse bien trop facilement, de cette situation, et ne met pas son pied à terre. Le Bloc se défile. Et vous avez raison : Nous n’avons pas à payer pour ça.
Peut-être la situation provinciale québécoise incite-t-elle le Bloc à concentrer son attention sur la seule institution fédérale ? Comme si Nous étions disparus des radars ! Le Québec a longtemps été traité avec condescendance (sinon du mépris) par sa députation libérale fédérale.
Ce sont justement cette condescendance et ce mépris des libéraux (et des conservateurs aussi) qui avaient été à la source de la venue du Bloc.
Si M. Duceppe est incapable de renouer avec le passé courageux du Bloc, qu’il s’en aille. Doit bien rester là 2-3 nationalistes. Ça pourrait éviter la venue de poltrons libéraux, comme dans Papineau, qui s’activent, et qui entendent reprendre du service.
Wake up !
Archives de Vigile Répondre
22 janvier 2010Bon article monsieur Haché! Dire que nous payons à même nos impôts pour maintenir ce groupuscule impuissant à modifier quoi ce soit dans la fédération "canadian". En plus, ce parti divise les forces indépendantistes au Québec et maintient le peuple québécois dans cette confusion identitaire. Duceppe peut bien détester les nounous, son parti et celui du PQ sont vendus au multiculturalisme "canadian"comme l'a si bien démontré monsieur Noël avec ses articles sur l'immigration. Pas surprenant qu'ils ne parlent pas souvent de souveraineté et qu'ils soient totalement effacés, ce serait assez gênant de leur part dans les circonstances. Les députés du Bloc sont devenus comme ceux qu'ils combattaient au tout début de leur premier mandat, c'est-à-dire des fédéralistes.
André Gignac le 22 janvier 2010