Le Chêne chantant

Solide comme chêne plantéla voix envoûtante de chaleuril a notre route parseméed’immenses petits bonheurs.

Vingtième anniversaire de la mort de Félix

Appauvrissant départ
_ inévitable malheur
_ y a toujours quelque part
_ un grand chêne qui meurt.
Lui dont la plume
_ a beaucoup composé
_ nous a martelé sur l’enclume
_ des portions d’éternité.
Il a cousu de feuillage vert
_ notre nid d’oiseaux
_ à une époque bien sévère
_ pour les enfants jouant avec les mots.
Solide comme chêne planté
_ la voix envoûtante de chaleur
_ il a notre route parsemée
_ d’immenses petits bonheurs.
Pendant des décennies
_ des rimes il a plantées
_ dans notre jardin ragaillardi
_ d’autres poètes ont poussé.
Guitare ordinaire en bandoulière
_ épais cheveux en broussaille
_ sur les routes de nos hiers
_ en récolte de trouvailles.
Avec crayon inspiré
_ nous a tressé les ficelles
_ nécessaires et inespérées
_ pour basculer dans l’universel.
Près de notre sinueux ruisseau
_ a raffermi notre fragile sentier
_ à coups de cordes pincées
_ et de refrains parmi nos plus beaux.
Dans notre jadis littérature en friche
_ a tracé sillons aux mille ivresses
_ pour un devenir plus riche
_ dans une aube de promesses.
Notre imaginaire il meuble
_ pour mener à sépulture
_ cette histoire de peuple
_ sans passé ni littérature.
Pourfendeur de dépendance
_ triste devant la soumission
_ révolté par l’arrogance
_ amer devant la démission.
Attiseur de braises d’indépendance
_ en doute pour ce grand soir
_ prêt à vivre avec nos réticences
_ de peuple adepte de balançoire.
Avec riches moutures de tournures
_ armé d’acharnement
_ pour éviter la déconfiture
_ d’une langue tapie en ses retranchements.
Jusqu’au crépuscule de l’existence
_ guerroyant résolument
_ pour nous léguer la défense
_ de notre âme en testament.
Trop Québécois comme de raison
_ pour s’attirer une juste mention
_ par ceux qui tètent ce voisin fortuné
_ qui cherche à nous voler notre identité.
Depuis que le géant a disparu
_ ce pays s’est troué
_ depuis que le chêne s’est tu
_ y a une contrée en train de s’écrouer.

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Gilles Ouimet66 articles

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Né à Mont-Laurier en 1947. Études primaires à cet endroit. Études classiques à Mont-Laurier et Hull entre 1961 et 1968. Diplômé en histoire de l’Université Laval en 1971. Enseignant à la polyvalente de Mont-Laurier entre 1971 et 2005. Directeur d’une troupe de théâtre amateur (Troupe Montserrat) depuis 2000. Écriture pour le théâtre, notamment une pièce à l’occasion du centenaire de Mont-Laurier en 1985 (Les Grands d’ici), une autre à l’occasion du 150e anniversaire du soulèvement des Patriotes (Le demi-Lys...et le Lion) en 1987 (prix du public lors du festival de théâtre amateur de Sherbrooke en 1988 et 2e prix au festival canadien de théâtre d’Halifax la même année). En préparation, une pièce sur Louis Riel (La dernière Nuit de Louis Riel). Membre fondateur de la Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides. Retraité de l’enseignement depuis 2005.





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    6 août 2008

    Je suis tombée par hasard sur un CD de Félix Leclerc. Par désoeuvrement je l'ai écouté. C'était magique.
    Je suis une jeune femme de MOntréal et j'ai sûrement entendue Félix lorsque j'étais enfant mais sans en avoir réellement connaissance.
    Quel poête! Je vais le faire connaitre à mes enfants!
    Joyeux anniversaire!