LIBRE OPINION

Le démantèlement

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Un Québec réduit à l'état d'ectoplasme !

Selon le premier ministre du Québec, ce qui est essentiel dans l’accomplissement des choses ce ne sont pas les structures, mais les missions. On pourrait fort bien, selon lui, mener à bien les différentes missions de l’État sans s’encombrer des instances administratives qui les soutiennent. C’est ainsi qu’au cours des dernières semaines on a assisté à l’annonce de la fermeture des Agences de santé et des Centres de santé et de services sociaux, des bureaux régionaux du ministère de l’Éducation ainsi que ceux du ministère de l’Immigration. C’est maintenant au tour des Conférences régionales des élus, des Centres locaux de développement et des Carrefours jeunesse emploi de passer à la trappe. Les conservatoires de musique l’ont échappé belle, mais les commissions scolaires ne paient rien pour attendre. Et dans la foulée, on voit s’activer en coulisse les chambres de commerce et les penseurs de l’Institut économique de Montréal, salivant à la pensée de la privatisation de la SAQ et d’Hydro-Québec.

Une éminence grise de l’Université Laval y est même allée récemment de son petit couplet : il n’y aurait pas de mal, selon elle, à augmenter le nombre d’étudiants par classe, si cela peut contribuer à l’atteinte de l’équilibre budgétaire ! Comme si on n’avait pas encore atteint le fond, le ministre des Finances en a remis devant un parterre d’économistes en disant qu’il ne revenait pas nécessairement à l’État de fournir des services publics. On pourrait confier tout ça aux organismes communautaires, a-t-il précisé. Voilà qui leur fait une belle jambe !

Va pour les structures. Les programmes maintenant. La liste de leur abolition n’est pas rendue publique au moment où ces lignes sont écrites. Mais déjà le couperet tranche dans le maigre. Les prestataires du régime de l’assistance emploi en savent quelque chose. Tour à tour, les rumeurs veulent qu’on s’apprête à réduire leur prestation de base, à revoir le programme d’intégration à l’emploi des personnes inaptes au travail et à couper le programme d’emploi de solidarité, si vaillamment défendu par COMSEP à Trois-Rivières. Et le plus cruel dans ces rumeurs, c’est qu’elles ne sont pas démenties par le ministre responsable, le ci-devant François Blais, auteur naguère d’un livre intitulé Un revenu garanti pour tous. On n’a pas vu souvent une telle volte-face chez quelqu’un qui passe des bancs de l’université à un siège au Conseil des ministres !

Au lendemain de ce délestage, que restera-t-il ? Des régions amputées de leurs instances de concertation et de planification. Des communautés locales tenues à distance de l’administration de leurs établissements de santé. Une société civile privée de ses lieux d’expression. Des populations vulnérables déplumées et une classe moyenne dépossédée de ses services publics. À ce rythme, le Québec ne sera plus qu’un ectoplasme. Un corps sans charpente roulant au gré de la déclivité du sol, s’engouffrant sans résistance dans les méandres infinis du marché. Bien au-delà l’équilibre budgétaire, n’est-ce pas le but de cette entreprise de démantèlement ?

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Réal Boisvert3 articles

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Chercheur affilié à l'Unité de développement des communautés de l'Institut national de santé publique (Agence de santé de la Mauricie)

président de la Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie.





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