Le nationalisme décomplexé

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Toute la caste journalistique québécoise dénonce les mesures fermes contre l'immigration massive de l'Europe de l'Est


Plusieurs attribuent le succès de la CAQ à un nationalisme décomplexé, car il fait dans l’identitaire. Mais qu’en est-il de cet identitaire dans les politiques publiques après une année de législation caquiste? Mis à part le discours ronflant, les effets se font encore attendre. Pire, malgré le peu de réalisation, le gouvernement et bon nombre de Québécois sont taxés de xénophobie et de racisme.


L’identité québécoise doit reposer sur une culture et des valeurs communes qui se reflètent dans l’occupation d’un territoire. La langue, les arts, l’histoire, la démocratie et les droits humains sont des véhicules privilégiés de l’expression de cette identité qui continue de se forger chaque jour et qui cimente le vivre ensemble harmonieux.


À la lumière de la conjoncture mondiale, les migrations ne sont pas près de s’estomper et la fermeture des frontières s’avère à peu près impossible, à moins de sombrer dans l’extrémiste de droite comme on peut l’observer chez d’anciennes républiques soviétiques de l’Europe de l’Est. Du côté québécois, le choc démographique nous éloigne heureusement de pareille tendance et rend encore plus impérieux d’accueillir des immigrants en grand nombre. C’est donc dire à quel point le type d’accueil que nous leur réserverons a un impact majeur sur le futur de notre nation.


Bien que timorée et fragilisée par notre appartenance à l’entité canadienne, au plan démocratique, la loi sur la laïcité de l’État constitue un marqueur très fort de notre identité et une indication des valeurs profondes qui nous animent. Nous pouvons qualifier cette loi de proactive au sens où elle proclame la laïcité des institutions de l’État et exige de certains de ses représentants de refléter cette neutralité. Ainsi, les nouveaux arrivants ne pourront prétendre à la surprise sachant comment cela se passe au Québec.


La langue commune se révèle sûrement le marqueur le plus distinctif de l’identité et l’indicateur le plus fiable de la vigueur nationale. À ce niveau, le cheminement caquiste se montre laborieux depuis leur accession au pouvoir. Nathalie Roy n’a rien fait et Simon Jolin-Barrette se met le pied dans la bouche à chaque fois qu’il en parle. Le député Geoffrey Kelley n’a d’ailleurs pas manqué l’occasion de ridiculiser le ministre avec la langue de service en anglais strictement aux personnes de la minorité historique. Il en manquait peu pour qu’il le traite de fasciste en parlant d’un NIP pour les anglophones de souche. 


Si le gouvernement caquiste veut vraiment être audacieux en matière de langue, il devra passer par le financement des institutions anglophones en leur réservant un pourcentage du budget de l’État conforme à leur poids historique. Cela se situerait entre 7% et 8% au lieu du 20% et plus que nous retrouvons dans certains secteurs dont la santé et l’éducation. La francisation de tous les milieux de travail et des outils afférents ajoutera aussi à la nécessité de posséder la langue commune. D’ailleurs, les entreprises pourraient être soutenues par l’État pour opérer cette transition.


Au plan de l’histoire, même les gouvernements péquistes n’ont osé construire un véritable récit de la nation québécoise et l’inscrire dans le curriculum scolaire. L’enseignement de l’histoire devrait constituer un ferment de fierté de l’identité, mais l’exercice s’est égaré depuis toujours dans les omissions et les contradictions pour tiédir et même refroidir nos envies d’émancipation.


Quant aux arts comme vecteur d’une culture partagée, le Québec fait plus dans l’industrie que dans l’expression de ce que nous sommes. Nous sommes bien loin des efforts financiers que certains États déploient pour universaliser l’accès aux arts et construire une identité nationale.


Le nationalisme identitaire décomplexé de la CAQ est demeuré sans effet jusqu’à présent parce que les actions ne sont pas conséquentes du discours, et ce, avant même qu’Ottawa ne leur ait tapé sur les doigts. Quand les bottines suivront les babines, alors nous pourrons sérieusement parler d’autonomie. 





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