Lettre à Jean-Daniel Lafond

Le nationalisme québécois

Tribune libre 2010


Québec, le 10 août 2010
Jean-Daniel Lafond

Conjoint de la Gouverneure Générale du Canada Michaelle Jean

Résidence de la Gouverneure Générale du Canada

Ottawa, Ontario

Canada
Monsieur,
Vos propos dans la livraison du 30 juin au 6 juillet de l’hebdomadaire français L’Express International sur le nationalisme québécois et l’assassinat en octobre 1970 de Pierre Laporte, ministre du travail du gouvernement libéral de Robert Bourassa par la cellule Chénier du Front de libération du Québec « FLQ » passe sous silence le fait que Pierre Laporte a été le dernier chef de l’Ordre de Jacques-Cartier «OJC» au Québec et pour cause. Après avoir côtoyé pendant des années des repentis du FLQ, vous n’êtes sûrement pas sans savoir que l’OJC fut fondé à Ottawa en 1926 par des catholiques francophones, francs-maçons ou Chevaliers de Colomb, dont l’objectif principal était de lutter contre l’influence de la franc-maçonnerie anglophone et protestante dans la fonction publique et l’entreprise privé (Robillard, 2009).
L’OJC cessa ses activités au Québec non pas en 1965 comme l’affirme l’historiographie mais en 1970 après l’assassinat de Pierre Laporte tout en poursuivant ses activités à l’extérieur du Québec dans la haute fonction publique. Dans les faits, en 1968, l’OJC a été à l’origine de la fondation du Parti Québécois (Laliberté, 1983) comme coalition nationalo-syndicale du fait que derrière l’Ordre s’est caché des méso-réseaux portant à conséquence dans la société civile (Paquet, 2010). Dans un livre critique publié en 1964, Roger Cyr affirme que les réalisations de l’OJC n'étaient que des petites œuvres sans grand intérêt. Quarante-six ans plus tard, Jacques G. Ruelland, ex-grand-maître de la loge maçonnique régulière francophone Jean T. Désaguliers et professeur d’histoire à l'Université de Montréal partage ce point de vue (Laurence, 2010).
Des guerriers mohawks francs-maçons orangistes (Sunday Tribune, 1990) ont eu recours à l’été 1990 au terrorisme pour promouvoir la cause amérindienne. Est-ce une coïncidence que des barricades s'élevèrent dans la région de Montréal dans les mêmes jours que le député autochtone manitobain Elijah Harper amorçait l'échec de l'Accord du Lac Meech? Depuis plusieurs communautés mohawks pauvres se trouvent aux prises avec un climat de peur imputable à l’arrivée de casinos, à l’essor du trafic illégal de cigarettes et de drogues. Comme solution à ce problème, la classe politique canadienne propose rien de moins q’une approche postnationalisme ou les communautés formant le monde non-francophone québécois serait confondues dans une totalité globalement opposée à l’option souverainiste.
Dans un monde post-national, la dichotomie entre minorités nationales et minorités ethniques est déjà critiquée car elle ignore des situations des minorités nationales non territoriales comme celle des francophonies très pauvres en milieu minoritaire au Canada. Depuis la révolution française, sur les cinq continents, l’État libéral considère le problème de la pauvreté comme insoluble (Saint-Just, 2004; Hyppolite, 1983). Dans l’esprit de la physique newtonienne, la volonté d’une collectivité est caractéristique au contexte d’insécurité, de concurrence et de rivalités géostratégiques. Cette volonté est une extrapolation de l’anthropologie géopolitique maçonnique (Le Moal et Lebret, 2005 ; Bachelard, 2006 ; de Keghel, 2009) par l’économie (Coignard, 2009; Burger, 2009; Aglietta, 2009; Couture, 2010) sur le système international.
Recevez, Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Bien a vous,
Gilles Couture, MBA
Consultant en montage financier
Biliographie :
René Le Moal et Georges Lebret, « La franc-maçonnerie : une quête philosophique et spirituelle de la connaissance », Armand Colin, Paris, 2005, 128 pages
Paul Bachelard, « Franc-maçonnerie et Europe : la trahison ? », Éditions Vega, 2006, 220 pages
Alain de Keghel, « La franc-maçonnerie en Amérique du Nord », Édimaf, 2009, 93 pages
Beaudoin Burger, « Petite histoire de la franc-maçonnerie au Québec », 2009, Saint-Zénon –
L. Courteau, 254 pages
Sophie Coignard, « Un État dans l'État », Albin Michel, Paris, 2009, 325 pages
Roger Cyr, « La Patente : tous les secrets de la maçonnerie canadienne-française. L'Ordre de Jacques Cartier », Éditions du Jour, Montréal, 1964, 128 pages
Jean-Christophe Laurence, « Que reste-t-il de «la Patente»? », La Presse, Montréal, 19 juin 2010
Denise Robillard, « L’Ordre de Jacques-Cartier : une société secrète pour les canadiens-français catholiques 1926-1965 », Montréal, Fides, 2009, 500 pages
Raymond G. Laliberté,« Une société secrète : l’Ordre de Jacques Cartier », Montréal, Hurtubise HMH, 1983, 395 pages
Gilles Couture, « Les réseaux de la loge Intersection du Grand Orient de France et la bataille de l’énergie du Nord-Est des États-Unis », texte à être publié à l’automne 2010
Jean Hippolite, « Introduction à la philosophie de l’histoire de Hegel », Paris, Éditions du Seuil, 1983, 124 pages
Saint-Just, « Œuvres Complètes », Gallimard, 2004, 1248 pages
Sunday Tribune, Dublin, 7 octobre 1990, p.48, Extrait d’un journal de Belfast, Des Mohawks participent à la parade orangiste marquant le 300ième anniversaire de la Bataille du Boyne
Gilles Paquet, « La Patente, énigme non résolue », Recherche sociographiques, LI, 1-2, 2010
Michel Aglietta, « Évolution du système monétaire international : persistances historiques et enjeux à venir », Géopolitique, Institut international de géopolitique, no : 106, juillet 2009

-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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Gilles Couture3 articles

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De 1996 à 2001, l'auteur a séjourné à titre de consultant en montage financier trois mois par année au Maroc, en Algérie et en Tunisie.

Gilles Couture, MBA
Consultant en montage financier

Gradué en administration de l’Université de Moncton, ancien élève de la section spéciale de l’ENA de l’Institut d’Études Politiques de Grenoble et ex doctorant en études internationale de l’Université Laval, j'ai acquis près de 40 ans d'expérience dans les domaines des montages financiers, la mise en marché, et la gestion de projet. J'ai effectué des missions dans plus de quinze pays ce qui m'a permis d'acquérir une bonne connaissance des problèmes internationaux.





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