Mario Dumont a l'heur de lancer le Québec dans des débats de société.
Au printemps de 2007, cela a été la question des accommodements raisonnables. Cette fois, conformément à son credo de politicien de droite, c'est la privatisation d'Hydro-Québec.
Le chef adéquiste suggère de vendre 7,5 % de l'actif à des capitaux du Québec, ce qui générerait une entrée exceptionnelle d'environ 10 milliards $ qui servirait à réduire la dette accumulée du Québec, laquelle approche les 200 milliards $.
À court terme, cela signifierait des économies de 400 à 600 millions $ que le Québec doit payer en frais d'intérêts. Du même coup, M. Dumont croit que cela mettrait fin à ce qu'il dit être la mauvaise administration d'Hydro-Québec par des «amis du gouvernement».
À première vue, la proposition peut sembler alléchante. Rares sont les défenseurs du népotisme. Et si une privatisation bien partielle peut aider les contribuables québécois, pourquoi pas?
Le mirage des bienfaits d'un actionnariat privé ? parce qu'il s'agit bien d'un mirage ? suggère que la société d'État serait gérée de manière plus serrée parce que quelques milliers de Québécois détiendraient des actions.
Faut-il comprendre par là que toutes les entreprises privées sont mieux gérées que les sociétés publiques? Que toutes les autres sociétés d'État québécoises, comme la Société des alcools, sont victimes d'une même mauvaise gestion?
Rendement
Et puis, il est raisonnable que ces investisseurs exigeraient à terme un rendement plus élevé de leur portefeuille: qu'on vende d'autres actifs! qu'on exporte davantage! qu'on hausse les tarifs! qu'on mette fin au «tarif patrimonial»! qu'on abatte les vaches sacrées!
Nous assistons déjà à des tollés de protestations à chaque fois que la Régie de l'énergie du Québec approuve des hausses qui ont été, somme toute, dans l'ordre du raisonnable, lorsqu'on les compare à ce que les consommateurs nord-américains ont dû assumer. Vous voyez le débat à l'horizon?
Jusqu'au début des années 1960, le Québec a connu l'époque des sociétés privées d'électricité. René Lévesque et le gouvernement libéral dont il faisait partie ont jeté les bases d'une société d'État forte et fière. Il est vrai qu'elle n'est pas à l'abri des erreurs. Mais sa privatisation, même partielle, n'est pas la panacée qui la mettra à l'abri de tout.
Hydro-Québec a été un atout depuis sa création. Si Mario Dumont veut s'y attaquer, il devra peaufiner ses arguments.
S'ennuyer de Bush?
L'ambassadeur des États-Unis au Canada, David Wilkins, soutient que l'on s'ennuiera bientôt de son ami, le président George W. Bush.
Pour preuve de l'estime que ce dernier avait pour nous, ses voisins du Nord, l'ambassadeur rappelle que c'est M. Bush qui a réglé le différend sur le bois d'oeuvre. Cela est vrai. Mais seulement après que le Canada a, de guerre lasse, accepté de laisser 1 milliard $ sur la table qui avait été trop perçu en impôts douaniers. Donnons-lui quand même un peu de crédit d'avoir clos le dossier une fois que les conservateurs ont été élus au Canada.
Autre preuve, selon M. Wilkins: le fait que M. Bush s'est opposé aux nouvelles règles de sécurité à la frontière. Dans ce dossier, M. Bush n'a vraiment pas de grandes félicitations à recevoir. C'est le gouvernement Bush qui a fait de la sécurité intérieure une obsession, refermant une frontière qui était en train de se libéraliser. Et si le président américain a un peu fait marche arrière, c'est au terme de nombreux mois de pressions, tant du côté canadien qu'américain.
Il est vrai que Barack Obama, en bon démocrate, pourrait être plus protectionniste que George W. Bush. Mais si l'on impute une partie de la crise financière au dossier du président texan et toute l'incertitude qui ébranle l'économie canadienne (et bien d'autres), les réflexes protectionnistes ne devraient pas arriver à la cheville de M. Obama.
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