Un prêtre pas comme les autres

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L'abbé Gravel

L'abbé Raymond Gravel vient de quitter « la vie terrestre ». Il est entré, selon la tradition catholique, dans « la vie céleste », où chacun pourra voir Dieu face à face.

Monsieur Gravel est né le 4 novembre 1952, à Saint-Damien-de-Brandon. Fondée en 1870, cette magnifique paroisse de Lanaudière a une devise qui sied bien au prêtre atypique : « Per fidem ad Augusta [en français : par la foi des oeuvres magnifiques] ».

L’abbé Gravel est né un 4 novembre. C’est le jour de la fête de saint Charles Borromée, mort en 1584, artisan de la Réforme catholique. Cet évêque, qui participa au Concile de Trente, est connu comme le plus grand réformateur de l’Église. Bourreau de travail, il avait l’habitude de dire : « Pour éclairer, la chandelle doit se consumer. » La messe des funérailles de l’abbé sera chantée en la cathédrale de Joliette, ce vendredi. Saint Charles Borromée est justement le patron de cette magnifique cathédrale.

Rejoignant une portion importante des décrocheurs de l’Église du Québec, l’abbé Gravel ne laissait personne indifférent. Ses propos suscitaient parfois des débats orageux, pour ne pas dire contradictoires. Ses positions sur certaines questions éthiques exacerbaient ses opposants et faisaient battre des mains ceux qu’on appelle les « progressistes ».

La morale, pour lui, n’était pas de la géométrie qui énonce de grands principes qui doivent ensuite s’appliquer dans tous les cas. La morale, pour lui (et c’est cela la vraie morale !), doit élaborer les principes de la bonne conduite humaine tout en tenant compte du fait qu’il peut y avoir des exceptions. À chacun sa conscience. À chacun de répondre de ses actes. C’est l’enseignement de saint Thomas d’Aquin.

L’abbé Gravel a-t-il brûlé la chandelle par les deux bouts ? Avait-il compris que pour éclairer, le cierge devait se consumer ? Peu importe les opinions que l’on peut avoir sur sa façon de faire, personne ne pourra dire qu’il n’était pas disponible. Homme d’écoute, ayant beaucoup souffert dans sa vie personnelle, il comprenait l’être humain sur les sentiers de l’abandon, sur celui des luttes quotidiennes et des difficultés personnelles cachées au fond de chaque coeur. Sans jugement sur la conduite de l’autre, avec un sourire égal qui affichait une douce sérénité. Il donna tout le temps qu’il a pu donner.

J’aurais bien voulu voir la face (?) de Dieu en le voyant arriver dans son éternité ! On a dit bien des choses sur monsieur Gravel. Je ne sais pas si tout ce qu’on a dit de lui est authentique ou si certaines personnes se complaisaient à le dépeindre plus noir qu’il ne l’était. Peu importe, les médias se l’arrachaient et certains, sans doute, prenaient un malin plaisir à le citer, parfois hors contexte.

Dieu seul est le vrai Juge. Lui seul sait tout. En lui, rien n’est déformé. Si, un jour, je croise l’abbé Gravel dans les arcades éternelles, je lui poserai une seule question : « Comment ça s’est passé quand tu l’as vu ? » Je devine la réponse : « Il m’a accueilli comme son enfant et il m’a donné sa joie. »


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