… ambivalence, contradiction ? Les trois sans doute.
Je sais, il faut prendre les sondages avec un grain de sel. Mais même si chacun d’eux n’est, comme on dit, qu’un instantané de l’opinion publique du moment, il reste que lorsque deux sondages concomitants proposent deux visions paradoxales, on peut les examiner avec intérêt. D’autant plus qu’ils illustrent le curieux caractère du Québécois.
Le lendemain de cette veille, jeudi dernier, alors qu’un sondage Léger nous annonçait la remontée du PQ suite à l’élection de PKP comme chef, un autre de CROP le confirmait : le PQ gagne des points, s’installe en tête des intentions de vote, et son chef en tête du titre de meilleur aspirant Premier ministre du Québec. MAIS, du même souffle, le même coup de sonde – ou un autre – nous apprend que Thomas Mulcair, au fédéral cette fois, fait un bond dans ces mêmes intentions de vote, comme preneur éventuel des commandes du Canada et pour faire élire son monde au Québec ! Les « appuis au NPD de Thomas Mulcair dans la Belle Province ont bondi de 11 points de pourcentage en un mois, révèle un sondage réalisé par la firme CROP pour le compte de La Presse. À cinq mois des prochaines élections fédérales, la table est mise pour une deuxième vague orange au Québec. » *
Pas si grave ? De fait, le paradoxe, l’ambivalence et la contradiction ne le sont pas toujours mais ils sont toujours indicateurs d’un certain « mal-aise » sinon « mal-être ».
Ici, c’est que les Québécois, fidèles à eux-mêmes, alors que d’une main ils replacent en tête, sur la scène « provinciale », un parti indépendantiste, s’apprêteraient de l’autre à repousser le seul parti québécois qui l’est sur la scène fédérale. S’il faut en croire ce sondage, le Bloc serait à 13% au Québec et à 6% dans la région de la Capitale… Une vision « orange », quoi ! Vladimir de Thézier nous propose à ce sujet, sur Huffington Post, une intéressante réflexion.**
On me dira que ta-ta-ta… Mais quelle différence peut bien faire pour un Québécois indépendantiste que ce soit Harper, Trudeau ou Mulcair qui mène le Canada ? Question de « moindre mal » ? Peut-être. Mais pourquoi ne pas laisser les Canadians faire leur choix et nous ranger, comme « société distincte », derrière le parti qui peut, en plus de témoigner de notre désir d’indépendance dans le giron même où se loge notre dépendance, y défendre bec et ongles nos intérêts « distincts », le temps qu’il faudra encore ? Pourquoi faire semblant d’être des Canadiens quand nous sommes des Québécois, si nous souhaitons l’être à part entière ? Bien sûr, nous avons répondu NON deux fois, paraît-il…
On dira ce qu’on voudra mais ce « mystère Québec-Canada » est aussi intriguant que le « mystère Québec-ville/Québec pays ». Peut-être la ville de Québec ne souhaite-t-elle pas encore assez être une capitale, comme le Québec ne souhaite pas encore assez être un pays au yeux du monde ?
En ce sens, bravo à Pauline Marois d’avoir osé consacrer une petite partie de son « allocation » d’ex-première ministre à la compréhension de ce mystère-Québec, par l’étude du rôle éteignoir des radio-poubelles dans cette absence de fierté. Et en confiant cette tâche à la plus compétente pour ce faire, ce qui est de notoriété publique. Attendons leurs explications mais surtout le résultat du travail, que Pauline Marois s’est engagée à révéler, avant de conclure que c’était là du gaspillage. J’en doute. Ces « radio-poubelles » qui tirent leurs auditeurs vers le bas, il est temps d’en comprendre le sens, la portée et l’impact.
Pour en revenir au mystère Québec-Canada, l’Institut québécois de recherche appliquée sur l’indépendance annoncé par PKP permettra de lever certains voiles, puisque pendant la campagne électorale et au moment de l’élection de 2018, les candidats péquistes auront en main un « argumentaire […] important, détaillé, puissant » en faveur d’une « République québécoise indépendante, de langue française et laïque »***
D’ici là, qu’au moins tous les indépendantistes, sinon les Québécois, se rangent comme des moutons – pour une fois que ce serait rentable – derrière le Bloc, comme le Québec en avait compris la pertinence avant cette paradoxale, ambivalente ou contradictoire « vague orange » de 2011.
Nicole Hébert
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*http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-canadienne/201505/22/01-4871584-lappui-au-npd-bondit-au-quebec.php
** http://quebec.huffingtonpost.ca/vladimir-de-th/pourquoi-la-victoire-albertaine-du-npd-neffraie-pas-les-independantistes-quebecois_b_7284922.html
*** http://www.ledevoir.com/politique/quebec/431636/2018-pkp-solliciterait-un-mandat-pour-le-pays
Image : www.slate.com
Paradoxe…
«Pourquoi faire semblant d’être des Canadiens quand nous sommes des Québécois»
Nicole Hébert88 articles
Péquiste. * Car on ne m’a pas démontré qu’il y avait d’autres avenues
pratiquables.
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