Île Bizard

Parti Québécois : la vulnérabilité du leadership

Les textes de MM. Richard Le Hir et Pierre Cloutier sur les circonstances dans lesquelles Pauline Marois et son époux Claude Blanchet ont acquis des terrains sur l’Île Bizard sont suffisamment préoccupants pour que l’on aborde le problème de front plutôt que de s’enfouir la tête dans le sable. Et cela pour le bien même de la cause.

Chronique de Jean-Claude Pomerleau

Les textes de MM. Richard Le Hir et Pierre Cloutier sur les circonstances dans lesquelles Pauline Marois et son époux Claude Blanchet ont acquis des terrains sur l'Île Bizard sont suffisamment préoccupants pour que l'on aborde le problème de front plutôt que de s'enfouir la tête dans le sable. Et cela pour le bien même de la cause.
D'abord on s'imagine que si cette affaire avait posé des problèmes éthiques ou légaux sérieux, The Gazette n'aurait pas lâché le morceau facilement. C'est ce que l'on peut conclure de l'entente hors cour. Cette histoire ne relève pas tant de l'éthique que du politique.
Politique, parce que cette affaire révèle la vulnérabilité du leadership actuel du Parti Québécois face à une offensive de la médiacratie fédéraliste qui ne manquera pas de venir en temps opportun, c'est à dire à un moment critique où le parti risquerait de prendre le pouvoir ou de mettre des projets importants en œuvre dans des circonstances qui remettraient en cause le statu quo et les intérêts de puissant réseaux d'argent qui y sont liés.
Cette vulnérabilité du leadership actuelle du Parti Québécois est double. D'une part, les accointances de M Blanchet, le mari de Madame Marois, font en sorte que des réseaux d'affairistes étendent présentement leur influence sur le PQ et limitent ainsi la détermination de l'opposition à prendre de front les réseaux d'argents présents dans l'État pour défendre le bien public (Lucien Bouchard a encore des amis au caucus et François Legault encore plus). Et d'autre part, si le Parti Québécois s'avise d'être trop combatif sur la défense du bien commun et de l’intérêt public, la machine de guerre fédéraliste ne reculera devant aucun coup fourré pour les contrecarrer. S’il est un cas où le passé peut être garant de l’avenir, c’est bien celui-là. Et il ne fait aucun doute que ses coups sont en préparation depuis un bon moment déjà, au cas où …
Pour vous donner un exemple de la capacité d'agir de la machine fédéraliste/affairiste pour faire avancer ses intérêts, je vous donne le cas du couple devenu maudit, grâce au travail de Gesca-La Presse, Radio-Canada, le PLQ et la Sûreté du Québec : la FTQ et Tony Accurso, le but de l'exercice étant d'écarter la centrale syndicale du Plan Nord (Loi 33) et de faire perdre à Accurso, devenu le vilain de service, le contrôle de ses entreprises.
L'opération commence en 2008 lorsque la FTQ fait l'objet d'une enquête par Gesca/Radio-Canada. C’est l’époque à laquelle on a piégé son président, Michel Arsenault, en lui offrant un pot de (coïncidence ! ). Qu’il l’ait refusé importe peu, le piège était posé pour la suite de l'histoire:
" Michel Arsenault a affirmé avoir refusé le pot-de-vin lors de la réunion. Mais Ken Peirera se questionne: « C'est à son honneur, si c'est vrai qu'il ne l'a pas passé, mais pourquoi il n'a pas appelé la police? Pourquoi aujourd'hui, il dit que ce n'est pas vrai?»
L'opération se poursuit ensuite avec une opération d'écoute électronique des dirigeants de la FTQ en espérant que leurs réactions les compromettraient définitivement:
Cyberpresse (qui d'autre) nous apprend ceci :
« L'escouade Marteau mène depuis plusieurs mois une enquête après avoir reçu des enregistrements de conversations d'actuels et anciens dirigeants de la FTQ-Construction, au sujet d'une rencontre entre le président de la FTQ, Michel Arsenault, et les émissaires d'une société liée à la mafia, a appris La Presse.
C'est le cabinet de la ministre du Travail, Lise Thériault, qui a transmis à la police ces informations qualifiées de «sensibles» et obtenues d'une source confidentielle.
(...)
Ces révélations surviennent alors que le torchon brûle entre la ministre du Travail, Lise Thériault, et le président de la FTQ, Michel Arsenault, à propos de la loi 33 qui abolit le placement syndical dans l'industrie de la construction. (...) »

Vous noterez en passant que l'escouade Marteau participe à la manoeuvre de connivence avec, ou à l’instigation, du PLQ
...........
En 2011, M Michel Arsenault comprend enfin qu'il a été piégé en 2008 ! :
FTQ: Michel Arsenault se dit victime d'un coup monté
......
Les enregistrements des écoutes électroniques sont entre les mains du PLQ depuis le début. C'est le bureau de la ministre qui les a rendus publics, juste au moment opportun, lors de l’adoption de la Loi 33. Le but de l'exercice depuis le début était donc de discréditer la FTQ et de l’éliminer du portrait pour les grandes manoeuvres du Plan Nord et des grands chantiers, comme en témoigne l’article suivant .
Après avoir réglé le cas de la FTQ, restait à passer à la seconde phase de l’opération, se débarrasser de Tony Accurso et ramasser ses entreprises pour une fraction de leur valeur suite aux restrictions d’opération qui leur étaient désormais imposées du fait des infractions auxquelles elles avaient plaidé coupable.
Et c’est là que le chat sort du sac. On apprenait ainsi le 12 décembre dernier que SNC était prête à acheter Simard-Beaudry, une des entreprises d’Accurso !
Incroyable, n’est-ce pas, comme le « hasard » fait bien les choses.
...
Conclusion :
Si la machine fédéraliste/affairiste peut mettre des moyens aussi importants sur une période aussi longue pour faire avancer ses intérêts dans la cas de la FTQ et de Tony Accurso, on comprend que cette même machine est déjà sur le cas du Parti Québécois, compte tenu de ce que seraient les enjeux si jamais ce parti arrivait au pouvoir et prenait de front les spoliateurs de notre État.
Pour le moment la combativité du PQ reste à démontrer à cet égard. D'où la pertinence du questionnement sur l'affaire de l'île Bizard qui permet d’entrevoir la vulnérabilité de Pauline Marois et les difficultés qu’elle aurait à défendre l'intérêt supérieur du Québec avec la toute combativité requise dans les circonstances. Car il faut bien le comprendre, tant que les puissant réseaux d'argent auront la main mise sur notre État, on n'a que peu de chance de l'affranchir du fédéralisme et en faire un État souverain.
JCPomerleau
PS
Le Plan Nord. (La SQ) On craint la magouille: « Le Plan Nord amènera également la création et l'implication de plusieurs entreprises de construction et la SQ appréhende que la situation devienne propice à la mise sur pied de stratagèmes de fausses facturations. »
Appréciez l'ironie : la SQ, une police aux ordres du pouvoir, dit redouter la magouille des fausses factures pour faire diversion, alors que le Plan Nord n'est rien d'autre que la cadre autorisant le pillage de nos ressources avec la complicité du gouvernement !


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2 commentaires

  • Jacques Bergeron Répondre

    11 janvier 2012

    Je trouve malheureux que le PLQ n'ait pas besoin de faire sa sale besogne déstructrice, celle-ci étant faite par des indépendantistes, ou de supposés indépendantistes.Diviser pour régner me semblait être l'apanage des ennemis du Québec et des apôtres du capitalisme sauvage à l'anglo-saxonne? On doit constater que c'est aussi celui des «esclaves» et des colonisés, souvent les mêmes. Si ces gens mettaient autant d'efforts à promouvoir l'indépendance le Québec «serait à portée de main». C'est Paul Desmarais et ses sbires qui doivent se frotter les mains de plaisir en analysant les textes de Me Pierre et de ses amis,(au masculin seulement) faux amis de l'indépendance du Québec.

  • Pablo Lugo Herrera Répondre

    10 janvier 2012

    On ne peut pas servir à deux maitres en même temps. Si vous décidez de servir au diable, lorsque vous voulez faire le bien après, celui-ci se retournera contre vous. Pauline récolte ça qu'elle a semé!