Paul Gérin-Lajoie, ce grand bonze de la Révolution tranquille, nous a fait récemment sa dernière révérence à la veille de boucler le tour du siècle. Il avait quitté l'arène politique il y a presque cinquante ans pour continuer sa carrière comme haut-fonctionnaire dans la fonction publique fédérale.
Maintenant que "PGL" nous a quittés pour un monde meilleur (meilleur en tout cas que celui qu'il nous aurait concocté s’il en avait eu la chance), certains parmi les plus nombreux se plaisent à reconnaître en lui ce qu'ils veulent bien voir. À entendre les éloges dithyrambiques de ces thuriféraires dont l'écho résonne tel un rouleau compresseur lancé à toute vitesse sur la chaussée cahoteuse de l’Histoire, l’illustre disparu aurait facilement pu devenir premier ministre à la place de Robert Bourassa et le monument vivant qu'il est devenu aurait pu décrocher sans efforts plusieurs prix Nobel si seulement la volonté avait été au rendez-vous. L'écriture de ce chapitre de l'Histoire est désormais entreprise par les "experts" mandés par le système et le formatage des esprits est d'ores et déjà programmé.
Au Québec, avec la retenue proverbiale que l’on a toujours manifesté en évoquant la mémoire des disparus, il faut dire que les morts l’ont toujours « eu facile » à quelques exceptions près. Au-delà des habituelles et prévisibles envolées d’encensoir, il convient néanmoins objectivement de se poser "la" question : le « père » du Ministère de l’Éducation mérite-il la sanctification sans conditions et la remise aveugle des vieux péchés qu’il n’aurait jamais consenti à confesser? Au risque de paraître fort discourtois et de produire un "couac" faisant dissonance avec le reste du choeur, un gros bémol s'impose ici. Le formatage de la pensée devra attendre que la dissidence ait parlé avant de refermer inexorablement son étau.
Les faits sont pourtant incontournables: quand on constate l'état actuel de délabrement de l'éducation au Québec, notamment son abandon des valeurs humanistes et immatérielles au profit du terre-à-terre et de l’immédiat, l’analphabétisme croissant des masses, de même que la méconnaissance par les francophones de la langue et de l'héritage culturel qui leur a été laborieusement et trop imparfaitement transmis, on se doit malheureusement de conclure que ce lamentable état de choses trouve sa source en grande partie dans l'héritage que nous a laissé ce « grand sage » et ce « grand visionnaire ». L'unanimité affichée en façade, bien artificielle, devrait laisser la place à un jugement plus partagé, mais ô combien plus juste.
Que serait devenue la « province » de Québec sous la houlette de "PGL" premier ministre? Le mystère restera toujours entier mais on peut certainement dire que, même si notre système d'éducation a encaissé de plein fouet ses réformes et en vit encore les terribles séquelles, nous l’avons sans doute échappé belle pour le reste.
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3 commentaires
Jean-Charles Morin Répondre
18 août 2018"...l'objectif ultime de PGL (était d'ouvrir) les portes de l'éducation à tous les jeunes Québécois!"
- Henri Marineau
Sans doute, Monsieur Marineau, mais on peut dire aussi que dans les faits le Ministère de l'Éducation leur a ouvert les portes de l'illettrisme et de la confusion culturelle. Mon intervention ne visait pas à faire porter l'odieux de ce navrant résultat sur les seules épaules de PGL, mais simplement d'apporter un bémol bien mérite au concert d'éloges qui se refuse à partager le bon grain et l'ivraie. Au moment de créer le MEQ, PGL a fait la même chose en condamnant l'ancien système en bloc et, ce faisant, il a jeté le bébé avec l'eau du bain. PGL a été ensuite le témoin privilégié des dérives successives du MEQ sous la complaisance de ses trop nombreux successeurs et on ne peut pas dire qu'il a protesté bien fort...
Henri Marineau Répondre
13 août 2018M. Morin,
Vous en mettez bien lourd sur les épaules de PGL...Il s'est quand même passé plus de cinquante ans depuis la création du MEQ, période au cours de laquelle les ministres se sont succédé à un rythme accéléré!, chacun y apportant ses réformes si bien qu'on a perdu de vue l'objectif ultime de PGL qui ouvrait les portes de l'éducation à tous les jeunes Québécois!
Gilles Sauvageau Répondre
14 août 2018Par les temps qui courent, je me demande sérieusement ce qui peut bien motiver ces beaucoup trop nombreux dénigreurs de québécois, qu'on appelait autrefois des mange-canadiens. À les croire, il nous faut demeurer tout petits et plier l'échine devant la couronne britannique.
Par chance, il y en a encore beaucoup des nôtres qui se tiennent debout. Malheureusement, nous devons faire face aux démolisseurs de peuples qui ne reculent devant rien pour nous faire disparaître. C'est mercenaires thuriféraires sont à pied d'oeuvre pour accomplir les plus sales besognes.
Ils travaillent sans relâche au rapetissement du Québec............ et je ne sais pour quelle raison, nous les laissons faire sans beaucoup d'opposition. Sommes-nous blasés de nous battre ?