Pauline Marois sous haute surveillance

Pacte électoral - gauche et souverainiste


(Québec) Pauline Marois croyait avoir passé son test de leadership au congrès national de son parti en avril. En réalité, c'est à partir de maintenant qu'elle devra le passer si elle veut éviter le sort réservé par le PQ à ses prédécesseurs. Et ce ne sera pas facile.
Il suffit de bien peu de choses pour déstabiliser un chef et compromettre son avenir politique. C'est ce qui vient de se produire pour Mme Marois, et ce n'est que le début. C'est son jugement et sa capacité de gouverner et de gérer les crises qui sont dorénavant en cause. Les difficultés qui l'attendent pourraient mener à sa démission si elle est incapable de démontrer que ce qui vient de se produire n'est qu'un incident de parcours qui n'a pas compromis les chances de son parti de prendre le pouvoir aux prochaines élections.
Ce n'est pas tant la perte de quelques députés qui pose un problème. C'est la perte de confiance à son endroit au sein de sa députation et de ses militants. Ses collègues qui restent se feront prudents dans leurs déclarations publiques. Ils vont resserrer les rangs pour montrer un front uni et rassurer l'électorat sur leur capacité de former le prochain gouvernement.
Mais en privé et dans les coulisses de la politique quotidienne, le doute sera toujours présent et terriblement pernicieux. Les questions sur son leadership et ses convictions souverainistes se feront plus insistantes, peut-être autant qu'elles l'étaient pour André Boisclair avant sa démission. Il suffirait que le parti glisse davantage dans les intentions de vote pour relancer le PQ dans ses vieux démons.
Le sondage éclair de la maison CROP montrant une dégringolade du parti et de son chef auprès de l'électorat à la faveur de la crise de l'amphithéâtre n'est pas une tendance lourde. C'est une saute d'humeur tout à fait prévisible dans le contexte. Mais les résultats confirment l'intérêt que la population a porté à cette saga sur la tentative du PQ de soustraire l'entente entre Régis Labeaume et Pierre K. Péladeau de tout recours devant les tribunaux. C'est un épisode dont les gens se souviendront à l'approche des prochaines élections générales, d'autant plus que le dossier n'est pas clos et qu'il faudra en rediscuter de nouveau en septembre. Permettez-moi une prédiction : plus personne au PQ ne voudra parrainer ce projet de loi 204 qu'avait déposé Agnès Maltais sous la forme d'une loi privée. Et le gouvernement Charest aura de grandes hésitations avant de s'embarquer dans une aventure aussi risquée.
Les péquistes nous affirmaient jusqu'à tout récemment que leur parti n'avait jamais été aussi uni que sous Mme Marois. Ils ont erré gravement et nous ont induits en erreur. Il y avait des dissensions graves au sein même de l'équipe parlementaire. La vie du parti sera dorénavant sous haute surveillance de la part des médias, et la moindre saute d'humeur sera analysée dans le contexte plus général de la crise de l'amphithéâtre.
Pauline Marois sera-t-elle là aux prochaines élections? Jusqu'à la fin de mai, je prédisais qu'à moins d'une erreur grave ou d'un incident majeur, elle se dirigeait tout droit vers le pouvoir. Il y a eu erreur grave et incident majeur.
Tout comme Jean Charest, Mme Marois doit maintenant remercier le ciel qu'il reste encore tout près de deux ans avant les prochaines élections. Deux ans, c'est long en politique. Mais c'est suffisamment long pour permettre à François Legault, à Gérard Deltell ou à Amir Khadir de nous convaincre qu'il y a d'autres choix que le PLQ et le PQ.


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