Pour une révision du cours Éthique et culture religieuse

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Abolir la propagande multiculturaliste devrait être une priorité de tout bon gouvernement nationaliste

L’auteur, Ghyslain Parent, est professeur titulaire à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il s’adresse ici au ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx.


Monsieur le ministre,


J’ai lu et relu avec beaucoup d’intérêt votre intervention du jeudi 15 février 2018 faite à l’Assemblée nationale en lien avec votre réflexion quant aux améliorations que vous souhaiteriez apporter au cours Éthique et culture religieuse [ECR]. Dans un premier temps, je tiens à vous dire que je défends le droit de croire et de ne pas croire car, pour moi, les phénomènes religieux sont du domaine du privé et il appartient aux familles et aux lieux de culte de faire l’enseignement religieux. Je tiens à vous rappeler que plusieurs provinces du Canada ont fait le choix, il y a de cela de nombreuses années, de retirer l’enseignement religieux des écoles. Je vous invite à vérifier quelles étaient leurs motivations. [...]


Différentes études réalisées auprès de la jeunesse québécoise montrent clairement que les jeunes sont très loin des questionnements religieux et je crois qu’il n’est pas nécessaire de maintenir un volet religieux dans le cours d’Éthique et culture religieuse. En effet, il serait nettement plus avantageux pour eux, à l’instar d’autres provinces canadiennes et d’autres pays, de recevoir un enseignement à la pensée critique.


Vous savez autant que moi que tout enseignement religieux ne passerait pas la barre d’une analyse critique. Malheureusement, il est dans la volonté du cours d’éviter toute critique des inepties des religions. L’école, qui a comme mandat de développer l’éthique, manque à son mandat à ce chapitre en continuant de promouvoir l’adhésion à des religions. En effet, je sais qu’actuellement, des enseignants qui donnent ce cours valorisent et encouragent le fait de croire. Par ailleurs, une analyse de contenus de ce cours me laisse penser que les enseignements en viennent à encourager le profilage religieux. Pourtant, il est clair que l’école n’a pas à savoir le degré de foi d’un individu, d’un enseignant, d’un élève. Je pense que les jeunes ont soif d’apprendre et de comprendre l’«autre» et je pense que cette découverte mutuelle peut se faire en absence de tout aspect religieux.


Malheureusement, dans ce cours, il y a une présentation édulcorée du fait religieux qui ne montre que certains aspects des religions et qui en cache plusieurs des aspects nébuleux et honteux. [...] Le fait de ne montrer que les beaux côtés des religions dans le cours ECR fait en sorte que les élèves peuvent devenir des proies faciles à la merci de vendeurs d’illusions et de surnaturel.


En 2018, il ne reste que très peu de Québécois qui sont intéressés par la fréquentation religieuse: vos églises sont vides et elles vont le rester. Il appartient aux responsables religieux de trouver des moyens novateurs pour inciter les jeunes et moins jeunes à fréquenter les lieux de culte. Il y a là un manque flagrant d’éthique, pour l’école, à prendre en otage de jeunes enfants ou de jeunes adolescents pour les endoctriner malicieusement à l’aide de pédagogues fort sympathiques qui ne demandent qu’à gagner leur vie dans l’honneur et l’enthousiasme. Des observations faites au cours des dix dernières années me montrent clairement que les jeunes enseignants aimeraient faire disparaître ce volet tout simplement parce qu’ils ne croient plus aux dogmes qu’ils doivent enseigner. [...]


Je vous invite à avoir le courage politique afin de permettre au Québec de conclure ce qu’il a commencé dans les années 1960. Si je me rappelle bien, c’est en ces temps qu’une révolution tranquille vraiment libérale a fait entrer le Québec dans les Lumières. Comme l’écrivait si bien tout récemment un ministre de l’Éducation du Québec: «Notre société est en mutation […]. Certains nient l’existence même de ces changements sociaux. Plusieurs les rejettent. Ils préfèrent le confort ou ne rien faire, par paresse, par peur, ou encore par manque de connaissances. […] Je fais référence à celles et ceux qui nient la réalité, qui refusent les constats et les faits et qui s’opposent à toute modification ou transformation de fond des systèmes ou des institutions. On ne parle pas ici de conservatisme. On est en présence de réels tenants du statu quo. […] Nous sommes là, à la frontière du corporatisme », écrit Sébastien Proulx. Je suis tellement en accord avec les paroles de ce ministre quand je tente de les mettre en lien avec le maintien du volet religieux.


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