Quoi de mieux pour vendre la salade de la caste dominante que de prendre exemple sur la Norvège, le pays qui détient le premier rang mondial pour l’indice de développement humain de l’ONU. Ça fait vertueux. La Norvège, un pays très social-démocrate, avec d’importants programmes sociaux, très syndiqué, avec beaucoup de médecins et de lits d’hôpitaux (le double du Québec). La Norvège, un pays avec des taux élevés d’impôts et de taxes, que les gens paient en sachant qu’ils en ont pour leur argent. Un pays où, de la maternelle à l’université, tout est gratuit, même les livres, les effets scolaires et les repas.
Par conséquent, comparer le Québec à la Norvège dans quelque domaine que ce soit est un exercice périlleux et constitue même une fraude intellectuelle, si l’on ne retient qu’un élément de ce pays scandinave, celui qui fait notre affaire, tout en omettant volontairement l’ensemble des politiques du pays. On appelle cela des généralisations abusives et malhonnêtes.
Mais, pour les profiteurs, citer la Norvège comme modèle, même si c’est mensonger, est bon pour anesthésier les gens. Ben, voyons donc, si c’est en vigueur en Norvège, comment peut-on s’opposer à l’appliquer au Québec?
Grâce à une analyse très tordue, Philippe Couillard, le libéral en chef, et le fiscaliste universitaire Luc Godbout, celui qui a toujours les mêmes bonnes idées que le patronat, ont maladroitement essayé de nous vendre le mérite d’une autre bonne hausse de la TVQ, afin de la ramener au même niveau qu’en Norvège. Ils oublient sciemment de nous dire que, dans ce pays d’Europe, il y a aussi de très gros impôts sur le revenu, sur les capitaux, sur les successions, etc.
Tellement minables, qu’ils prétendent, tout comme le «progressiste» de droite André Pratte de La Presse et le cabinet de comptables KPMG, spécialisé dans l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux, que les taxes à la consommation sont des taxes équitables, conviviales et bénéfiques à la classe moyenne.
C’est drôle, d’ordinaire, ils nous comparent aux États-Unis et à l’Ontario, nos principaux partenaires et compétiteurs économiques. Mais, comme aux États-Unis, Obama a augmenté l’impôt sur le revenu des riches et n’a pas créé de taxe de vente fédérale à la consommation, ils ont malhonnêtement pris l’exemple de la Norvège. On est d’accord pour implanter au Québec le modèle norvégien, mais dans sa totalité.
La Chambre de commerce, le pétrole et la Norvège
Tout le monde sait que Jean Charest a donné en secret tous nos actifs collectifs, détenus par Hydro-Québec, dans les domaines du gaz et du pétrole à des opportunistes de première classe, souvent d’ex-politiciens et d’ex-fonctionnaires, qui n’avaient aucune expérience et pas une cenne noire.
Je pense à Pétrolia, à Gastem et à Junex qui jouent les gros bras avec nos ressources naturelles. En cas d’exploitation de la ressource, comme dans le cas des mines, Québec ne recevra rien et sera même déficitaire, si on déduit simplement des minimes redevances encaissées par l’État, les subventions, les crédits d’impôts, les coûts publics d’infrastructures, la décontamination des sols et les coûts environnementaux à la charge de la population.
Malgré l’évidence, et défiant les faits élémentaires, Mme Françoise Bertrand, la p.d.g de la Fédération des chambres de commerce du Québec, a publié une opinion dans le Journal de Montréal du 18 août 2013 intitulée : «Pétrole : penser comme les Norvégiens».
Son argumentation est tellement primaire que c’est carrément une insulte à l’intelligence. Mme Bertrand est tellement «légère» intellectuellement (pas du tout dans le sens péjoratif du terme) qu’elle est prête à tout pour servir, à titre de préposé, les intérêts des nombreux exploiteurs du Québec Inc.
Sachez, madame Bertrand, qu’ici au Québec, le pétrole et le gaz ne nous appartiennent plus, alors qu’en Norvège, ils appartiennent aux Norvégiens par le biais de l’immense société d’État Norsk Hydro-Statoil, le plus important producteur offshore de pétrole au monde.
Et, contrairement au Québec, et même à l’Alberta, qui doivent ou qui devront se contenter de miettes au chapitre des redevances, en Norvège, tous les profits reviennent au peuple et dans les coffres de l’État.
Mme Bertrand, Norsk Hydro-Statoil c’est pas mal plus gros qu’Hydro-Québec parce que cette société d’État a pris de l’ampleur en investissant des milliards à l’étranger, alors qu’ici nos politiciens corrompus ont continuellement ratatiné Hydro-Québec et cédé les placements effectués à l’extérieur de la province à leurs commanditaires.
Grâce aux profits du pétrole – et pas seulement les redevances –, qui leur reviennent en totalité, la Norvège a créé un Fonds public pour les générations futures qui vaut aujourd’hui 645 milliards de dollars et qui servira à financer à l’avenir leurs services publics.
Mme Bertrand, franchement, essayez-vous honnêtement de faire croire aux Québécois qu’en explorant le pétrole et le gaz au Québec avec les petites redevances qui s’ensuivront, si jamais il y en a, que l’on va collectivement s’enrichir au même niveau que la Norvège. Je vous en prie, ayez un minimum d’honnêteté et de respect pour la population.
Contrairement à nos bineries Gastem, Junex et Pétrolia, Statoil en Norvège n’est pas obligé de recourir à l’expertise de firmes étrangères pour procéder à l’exploration, comme l’indiquait si bien le titre de cet article du New York Times du 4 mai 2007 : «Norway Keeps Nest Egg from Some U.S. Companies».
Mme Bertrand, le Fonds des générations au Québec et notre Caisse de dépôt et placement sont des nains par rapport au Fonds étatique norvégien et, là-bas, ils ne pensent pas à le scinder ou à le privatiser pour le donner à des requins de la finance ou à des banques, comme vos commanditaires le recommandent.
À l’avenir, j’implore le patronat et sa caste de politiciens et d’universitaires affranchis d’élever d’un cran leur argumentation au point de vue intellectuel et de faire preuve d’un peu plus d’honnêteté dans leur démonstration.
Vos prétentions volent si bas que c’est insultant de se faire servir de telles inepties. Je comprends que vous voulez vendre à tout prix votre salade intéressée, mais il y a toujours ben des limites à la bassesse.
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