Un 150e un brin gênant

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Tout un euphémisme !






Pour des raisons aussi politiques que patriotiques, les pays aiment se célébrer eux-mêmes. Il en sera ainsi cette année pour le 150e du Canada et sa rondelette facture d’un demi-milliard de dollars.




Au Canada anglais, la fête provoque un enthousiasme discret, mais aucune controverse. L’allégeance au pays y est inconditionnelle. Au Québec, «société distincte» obligeant, et sans jeu de mots ni surprise, c’est une autre histoire...




Dans la population, chacun est libre de fêter ou de ne pas fêter. Chez les principaux partis­­ politiques, la situation s’annonce plus délicate. Certains­­ pourraient même trouver cet anniversaire un brin gênant à porter.




Fêter le pays ou le parti ?




Prenez les libéraux de Philippe Couillard. Leur fédéralisme est décomplexé. En ce 150e du Canada, le rappel de leur inaction béate sur la question nationale­­ n’en sera pas moins gênant auprès d’un électorat francophone qui leur échappe de plus en plus.




Parions qu’en 2017, le PLQ préférera braquer les projecteurs sur ses propres 150 ans d’existence comme parti au lieu d’entonner le Ô Canada. Question aussi de redorer son blason amoché en cette année qui, comme par hasard, précède l’élection générale de 2018.




Côté CAQ, c’est plus compliqué. Coincé entre son «virage» nationaliste-identitaire et sa nouvelle fierté de se dire canadien, le chef François Legault risque fort d’avoir à jouer au funambule canado-québécois.




Depuis peu, M. Legault se dit en effet fier d’être canadien, mais sûrement pas jusqu’à se draper dans l’unifolié le 1er juillet ou se recueillir devant­­ la statue de la reine Victoria sur la Colline parlementaire fédérale.




L’« autre 150e »




Quant au Parti québécois, il en a profité pour lancer ce qu’il appelle l’«Autre 150e» – un genre de contre-lecture nationaliste de l’histoire cana­dienne. Critiquée entre autres par la CAQ, cette opération politique est pourtant inévitable.




Si le chef péquiste Jean-François Lisée n’avait rien fait, ses troupes lui auraient reproché de laisser le fédéral occuper tout le terrain. Cela dit, en cette année préélectorale, l’initiative vise surtout à augmenter la visibilité du PQ. Pour ses militants placés devant un futur référendum de plus en plus hypothétique, elle servira aussi à les mobiliser.




Bref, en termes strictement politiques, s’il est parfaitement convenu pour le gouvernement Trudeau de célébrer le 150e du Canada, la très modeste contre-fête montée par le PQ n’a rien de scandaleux.




Le succès ou l’échec de l’«Autre 150e» résidera toutefois dans la manière. Le PQ promet une promotion de l’histoire




«libre, humoristique et décomplexée», mais il enrobe le tout dans une série de thèmes plus sombres comme «les coups de force du Canada», le «Québec bashing» ou le «Canada, handicap à la prospérité du Québec».




Ces récits font partie de l’histoire, c’est sûr. Mais est-ce la meilleure façon d’attirer et de conscientiser les plus jeunes? Ces mêmes jeunes qui, depuis 20 ans, ont grandi dans le silence abyssal du PQ sur sa propre option.




Leur offrir une vision résolument tournée vers l’avenir pour un «autre» pays possible, celui du Québec, marquerait sûrement mieux l’occasion.



 




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