Je n'étais pas d'accord avec les propos qui ont déclenché « l'affaire Michaud » Le moins qu'on puisse en dire, en effet, c'est que ce n'est pas ainsi qu'on s'y prend si on cherche à se faire de nouveaux amis et à répandre les idées républicaines d'égalité et de fraternité parmi nos diverses populations.
Mais je n'étais pas d'accord non plus avec la manière dont se sont comportés nos élus - tous non élus! - dans cette affaire: un Parlement, une Assemblée nationale, ne doit jamais se tranformer en tribunal d'Inquisition. Ceux qui en douteraient encore pourront se rapporter à l'affaire suivante, qui vient de se produire en Grèce, et dont je donne ici les grands traits, tirés du Monde du 14 novembre dernier.
Miki Theodorakis, le grand, le célèbre, a tenu, sur les Juifs, des propos à faire dresser les cheveux : « Nous sommes, dit notamment le chanteur, deux peuples pas comme les autres, nous et les juifs. Mais eux, ils ont le fanatisme et réussissent à s'imposer. (...) Aujourd'hui, nous pouvons dire que ce petit peuple est à la racine du mal, et non du bien ».
La réaction ne se fit pas attendre. À Jérusalem, le directeur du mémorial de l'Holocauste de Yad Vashem exprima sa plus vive indignation. À Athènes, les représentants de la communauté juive dénoncèrent les propos du compositeur : « Il est incompréhensible que M.Theodorakis, qui a tant offert à la démocratie, ait pu tenir pareils propos racistes » Le Gouvernement grec, par la voie de son porte-parole, en fit autant.
Mais le Parlement grec ne se prononça pas. Personne ne demanda qu'il le fasse, ni même ne s'attendit à ce qu'il le fît.
Une leçon de Grecs pour notre Assemblée nationale.
MIKI THEODORAKIS ET YVES MICHAUD
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