Honneur à Yves Michaud !

Affaire Michaud 2000-2011

Le mauvais rêve ou l’honneur perdu
Mulhouse, octobre 2059 — C’est le bicentenaire de Dreyfus. Sa ville natale commémore l’Affaire. Au lycée, le professeur de français demande aux élèves de rédiger une dissertation sur le thème de l’antisémitisme dans le monde. Théo déniche sur la toile le texte d’une motion votée à Québec en 2000. Le fait qu’une assemblée parlementaire ait jugé nécessaire et urgent de réagir, la violence des termes employés, l’unanimité des députés, leur empressement à voter sans même débattre, l’appel nominal, tout le convainc que les propos incriminés étaient terribles. Théo a du talent. Sa dissertation est primée. L’Alsace puis d’autres journaux en publient de larges extraits. Un million de Français apprennent qu’un « monstre d’antisémitisme », Yves Michaud, a vécu au Québec au tournant du siècle.
Le beau rêve ou l’honneur retrouvé
Québec, 15 novembre 2012 — L’Assemblée nouvellement élue siège depuis quelques jours. La première ministre se lève et présente la motion suivante : « Que l’Assemblée déclare qu’il ne lui appartient pas de condamner un citoyen pour l’opinion qu’il exprime; qu’elle reconnaisse avoir commis une grave injustice envers M. Yves Michaud en adoptant, le 14 décembre 2000, la motion dont la teneur suit : [elle en donne lecture]; qu’elle annule cette motion; qu’elle en modifie le texte, partout où il figure, par adjonction de la note qui suit : “(Motion annulée le 15 novembre 2012)”; qu’elle verse à M. Michaud une indemnité de… dollars [elle précise le montant]; qu’elle salue chaleureusement la contribution exceptionnelle de M. Michaud à la vie de notre nation et, en particulier, à la défense de notre langue; qu’elle lui décerne la médaille d’honneur. » Après un bref débat, la motion est adoptée. M. Michaud est dans les tribunes. L’affaire qui porte son nom est terminée.
Le temps qui passe
Montréal, 7 mars 2011 — La Chronique d’une exécution parlementaire de Gaston Deschênes a réveillé l’opinion et relancé l’affaire Michaud. Évènement sans précédent dans nos annales, la moitié des députés mis en cause, une bonne cinquantaine, ont présenté des excuses publiques.

Mais la condamnation unanime, sans nuance, sans débat, sans appel, prononcée il y a plus de dix ans, avec ses imputations calomnieuses de racisme et d’antisémitisme, est toujours là, intacte, qui continue de répandre son venin. Si on ne l’efface pas, elle fera croire à la postérité — comme elle le fait déjà croire aux étrangers — que le faux est le vrai et que les « paroles d’un homme libre » sont les invectives d’un diable déchaîné.
La motion Charest-Bouchard du 14 décembre 2000 est une manœuvre si basse, une imposture si noire qu’on peut tenir pour probable que l’Assemblée la cassera tôt ou tard, sans doute moins pour rétablir la réputation injustement flétrie d’un honnête homme que pour se relever du discrédit amplement mérité dans lequel elle est elle-même tombée. Où sera alors Yves Michaud? Aura-t-il au moins la satisfaction de voir son parti, réuni en congrès national dans un mois, prendre l’engagement solennel de déposer une motion de réhabilitation dès qu’une majorité favorable se dégagera à l’Assemblée? Les candidats aux prochaines élections, de toutes étiquettes, promettront-ils d'appuyer une telle motion?
Alain Prévost


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mars 2011

    Entre temps,Landry a été premier ministre et il n'a rien foutu à ce égard.
    Je m'étonne toujours de l'absence de ressentiment de Monsieur Michaud envers ce faux "frère indépendantiste" !!

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mars 2011

    Comment Lucien Bouchard peut-il penser avoir la crédibilité pour convaincre les citoyens relativement au gaz de schiste s'il n'est même pas capable de reconnaître avoir fait une grave erreur envers monsieur Michaud et apporter la correction nécessaire tout en demandant des excuses?