Génocide acadien

Une officine de banalisation de la Déportation acadienne à l’Université de Moncton

Le nettoyage ethnique est un acte génocidaire

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Chronique de David Le Gallant

Mise à jour : 28 mai 2019 | 17 h 36


L’Institut d’études acadiennes dont le bailleur de fonds de fondation est Patrimoine canadien, serait-il, grâce à Maurice Basque, son conseiller scientifique, une officine de banalisation de la Déportation acadienne pour ne pas la reconnaître comme un génocide?


Pour l’historien Maurice Basque, dans une entrevue donnée en décembre dernier à Radio-Canada Ici Nouveau Brunswick, [1] un génocide c’est « l’intention de faire disparaître physiquement ou de faire disparaître le plus possible « sur le plan culturel » une communauté ». Donc, selon lui, il faudrait réfuter l’idée que la déportation des Acadiens répond aux critères de la définition du génocide dans le texte de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948). [2] Tout récemment, l’historien Nicolas Landry, du même avis que Maurice Basque, avançait l’idée « que bien que les Acadiens traînent derrière eux une histoire bien tragique, la caractérisation d’un génocide serait inadéquate tandis que l’expression « génocide ethnique » ne doit pas être utilisé dans la même perspective, par exemple, que le génocide juif de la Deuxième Guerre mondial.


En se référant aux idées d'un groupe (cf. Coopérative des Arcadiens de Kedgwick) qui veut relancer le débat sur le fait que la déportation des Acadiens constitue un génocide, monsieur Basque parle plutôt d’un cas de nettoyage ethnique. Pour lui, « il faudrait laisser tomber cette idée de génocide et arrêter de banaliser ce terme qui ne fait que rouvrir un débat très stérile au lieu d’en savoir plus sur le Grand Dérangement... » Il semble que le conseiller scientifique aurait oublié que ladite Convention valide en tant que génocide « l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe ethnique » en tant que génocide ». Quant à la question de faire disparaître une communauté « sur le plan culturel », les représentants des États, à l’origine de la Convention sur le génocide, ont rejeté la notion de « génocide culturel » parce qu’on l’a jugée trop vague et trop éloignée de la destruction physique ou biologique.


Au lieu du « Mémorial du génocide acadien » préconisé par la Coopérative des Arcadiens de Kedgwick, Monsieur Basque voudrait plutôt ériger un monument dédié à la résilience des Acadiens. Il oublie qu’il y a jusqu’alors une vingtaine de monuments de l’Odyssée acadienne éparpillés partout qui démontre la résilience acadienne dès le début de la période post-Déportation. 


Qui plus est, monsieur Basque présume que la majorité des historiens, il entend par là les historiens professionnels, ne voient pas dans les intentions britanniques, une réelle volonté de faire disparaître physiquement les Acadiens tandis que monsieur Nicolas Landry croient qu’il n’a jamais été question pour les autorités britanniques de rassembler les Acadiens dans des camps ou de les interner avec l’intention bien arrêtée de les exterminer physiquement. Or, l’histoire nous apprend dès la Proclamation royale lue par John Winslow, que les autorités britanniques avaient un plan bien arrêté de confisquer les biens, les récoltes des Acadiens et, suite à la destruction de leurs titres de propriété, leurs biens meubles et fonciers. Quant à les rassembler, on se rappellera au bas mot, qu’en Angleterre, on les rassembla dans des camps d’internement à Bristol, Liverpool, Falmouth et Penryn, Southampton et Portsmouth et qu’on les embarqua dans des vaisseaux en piètres conditions dans la pire période des ouragans en automne, même en décembre 1758, où pour la plupart, ils ont perdu leurs vies en mer (Duke William, Violet, etc). Cétait quoi les véritables intentions des Britanniques alors, Messieurs, sinon d’exterminer les Acadiens?


Messieurs, serait-ce possible en tant qu’historiens scientifiques de considérer une restitution aux Acadiens pour ces actes génocidaires fomentés et bien arrêtes contre les Acadiens ? A titre d’exemple, le gouvernement américain a voté une loi qui vise à appuyer la restitution, par la Pologne, des biens des Juifs en déshérence après l'Holocauste. Cette loi 447 a été votée par le Congrès américain en 2018. Les Juifs demandent 300 milliards à la Pologne en guise de compensation. On pourrait vous demander de signer une lettre en guise d’appui à cette loi 447. [3] Les Acadiens ne pourraient-ils pas aussi être demandeurs pour les biens en déshérence auprès de la couronne britannique! Les Acadiens n'ont pas de honte à inscrire des sommes aussi faramineuses que les Juifs à leur demande.


Au bas mot, il nous reste la problématique de Robert Monckton, parmi les génocidaires des Acadiens surtout pour ce qui est de ses « hautes oeuvres » le long de la rivière Saint-Jean. À quand le jour libérerons-nous nos étudiants du devoir d’honorer un criminel de guerre à chaque jour pendant la période de leurs études.


Pour ne pas conclure, il est incontournable que la couronne britannique ait procédé au nettoyage ethnique des Acadiens pour s’emparer de leurs terres et de leurs biens afin de les donner aux colons anglais qui ont ensuite été encouragés à venir les remplacer. Le nettoyage ethnique est un acte génocidaire. Bien sûr, ce qui est arrivé aux Juifs et aux Arméniens a été beaucoup plus abominable et dramatique, mais il n’en demeure pas moins que l’intention de Londres était de faire disparaître le peuple acadien.


David Le Gallant *


* Diplômé en droit de l’Université de Moncton (1990) et de l'Institut Européen des Hautes Études Internationales (Sophia-Antipolis, 1991). Président fondateur en 2009 de la Société internationale Veritas Acadie.





Références




  1. ^ Radio-Canada Ici Nouveau-Brunswick : Puisé éparsement dans le texte de Camille Martel, repris dans l’Acadie Nouvelle, décembre 2018

  2. ^ Il s’agit de Artice II de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide,  adoptée le 9 décembre 1948, entrée en vigueur le 12 janvier 1951

  3. ^ Français.rt.com, Manifestation contre la loi 447 à Varsovie : «  Les organisations juivesnous réclament trois cents milliards de dollara »./ Agence France-Presse, Le Soleil, le 11 mai 2019.




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4 commentaires

  • Marc Labelle Répondre

    15 août 2019

    Les rafiots de déportation : l’instrument d’un génocide hypocrite.


    Mes salutations distinguées à l’auteur, un continuateur de mémoire tenace.



  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    6 juin 2019

    Cher David, vos arguments  sont incontestables car  vérifiables par tous, mais en premier  par ces historiens que vous évoquez  s’ils voulaient un instant le reconnaître !

    Vous soulignez d’ailleurs parfaitement  de quelle manière Londres avait bien programmé  de faire “disparaître” le peuple acadien .

     

    Traiter le génocide acadien  “d’histoire tragique” serait non seulement inadéquat au vu de l’expression même,  mais poignant  pour tous ceux qui l’ont vécu alors, et pour les descendants d’aujourd’hui qui en ressentent encore l’horreur dans leur esprit et dans  leur cœur, horreurs  qu’on a fait  sciemment subir à leurs ancêtres, hommes, femmes, enfants, vieillards.. tant de personnes qui ne désiraient qu’une chose, vivre en paix sur ce sol de l’Acadie où ils avaient replanté si solidement leurs racines françaises.

    Et quel incroyable courage, quelle force de l’esprit ont eu les survivants pour rebâtir leur vie et tenter de reconstruire leur avenir ! 

     

    Décidément  les Acadiens n’en ont pas fini avec ce long chemin de croix, après la reine d’Angleterre elle-même,  avec  son air agacé   et son  “ ...Oublions;..oublions ...” accompagné du geste léger de sa royale main !

     

    Bon séjour sur le sol de notre Douce France

    Marie-Hélène Morot-Sir

  • Laurent Desbois Répondre

    28 mai 2019

    « Personne n'a osé utiliser le mot génocide » ???


    « En effet, nous avons eu l’esclavage et les Acadiens ont eu la déportation. » — Boucar Diouf, humoriste


    Mes ancêtres acadiens ont eu un traitement de faveur du régime britannique !


    « Les autorités anglaises n'ont jamais cherché à punir les Acadiens. Ce qu'elles ont voulu, puis planifié et réalisé, c'est de faire disparaître totalement une nation. » - Le général britannique Edward Cornwallis


    William Shirley, gouverneur du Massachusetts,8 juillet 1747, exprime que par les mariages mixtes et la propagation de la colonie anglaise, toute l’Acadie pourrait devenir   anglaise et protestante, après deux ou trois générations.


    Le génocide (déportation, grand dérangement [sic]) des Acadiens!!!!


    Après 1755, sur une population d'environ 13 500 Acadiens, on estime que plus de 12 600 furent brutalement déportés par le pouvoir colonial britannique. Les autres réussiront à atteindre le Québec et l'Acadie demeurée française (alors la Gaspésie, l'île Royale ou l'île Saint-Jean). En conséquence de cet exil ou en essayant d’y échapper, 7500 à 9000 moururent. Un tiers mourront de typhoïde et de fièvre jaune ! Des vies furent détruites, des femmes violées, des terres et des maisons volées.



    Un dérangement ???  Tout un euphémisme par les révisionnistes Canadians !!!!!



    Bernard Landry, premier ministre québécois d’origine acadienne, appelle cela un « crime contre l’humanité ».




    Moi, j’appelle cela un génocide !!!


     


    Salut, Salam, Shalom!


    https://vigile.quebec/articles/salut-salam-shalom


     


  • Laurent Desbois Répondre

    28 mai 2019

    « Les autorités anglaises n'ont jamais cherché à punir les Acadiens. Ce qu'elles ont voulu, puis planifié et réalisé, c'est de faire disparaître totalement une nation. » - Le général britannique Edward Cornwallis



    « Personne n'a osé utiliser le mot génocide » ???


    « En effet, nous avons eu l’esclavage et les Acadiens ont eu la déportation. » — Boucar Diouf, humoriste


    Mes ancêtres acadiens ont eu un traitement de faveur du régime britannique !


    « Les autorités anglaises n'ont jamais cherché à punir les Acadiens. Ce qu'elles ont voulu, puis planifié et réalisé, c'est de faire disparaître totalement une nation. » - Le général britannique Edward Cornwallis


    William Shirley, gouverneur du Massachusetts,8 juillet 1747, exprime que par les mariages mixtes et la propagation de la colonie anglaise, toute l’Acadie pourrait devenir   anglaise et protestante, après deux ou trois générations.


    Le génocide (déportation, grand dérangement [sic]) des Acadiens!!!!


    Après 1755, sur une population d'environ 13 500 Acadiens, on estime que plus de 12 600 furent brutalement déportés par le pouvoir colonial britannique. Les autres réussiront à atteindre le Québec et l'Acadie demeurée française (alors la Gaspésie, l'île Royale ou l'île Saint-Jean). En conséquence de cet exil ou en essayant d’y échapper, 7500 à 9000 moururent. Un tiers mourront de typhoïde et de fièvre jaune ! Des vies furent détruites, des femmes violées, des terres et des maisons volées.



    Un dérangement ???  Tout un euphémisme par les révisionnistes Canadians !!!!!



    Bernard Landry, premier ministre québécois d’origine acadienne, appelle cela un « crime contre l’humanité ».




    Moi, j’appelle cela un génocide !!!


     


    Salut, Salam, Shalom!


    https://vigile.quebec/articles/salut-salam-shalom