Service en anglais

Baisser les bras

Le français — la dynamique du déclin



Il y a moins matière à scandale qu’à agacement dans les études linguistiques rendues publiques hier par l’Office québécois de la langue française et qui touchent principalement la langue du commerce à Montréal.
On y apprend qu’on arrive à se faire servir en français pas mal partout, qu’il y a une légère progression quant au respect des dispositions sur l’affichage et que l’Office a décidé de passer en mode actif auprès des récalcitrants. De sa propre initiative, plutôt que d’attendre le dépôt de plaintes, l’Office interviendra auprès des commerçants fautifs pour les convaincre de respecter la loi 101, particulièrement au centre-ville de Montréal.
C’est là la moindre chose que de recourir plus systématiquement à un pouvoir prévu par la loi et jusqu’ici sous-utilisé.
Mais au-delà des entreprises à rappeler à l’ordre, dont on entend régulièrement parler, il est un autre aspect du dossier linguistique bien moins discuté et qui devrait pourtant grandement nous inquiéter : l’attitude même du client francophone.
Que fait, en 2012, le parlant français quand on l’accueille en anglais dans un commerce montréalais ? Dans plus de 25 % des cas, il passe lui aussi à l’anglais, a-t-on appris hier. Et que fait ce même francophone quand il se bute à un service qui n’est pas offert en français ? Dans 43 % des cas, rien du tout ! Il s’en tient à l’anglais.
Insistons : on parle ici de la réaction non pas de l’ensemble des consommateurs montréalais, toutes langues confondues, mais bel et bien de « personnes qui utilisent seulement le français à la maison », pour reprendre la terminologie de l’Office. Ces 43 % de bras baissés, c’est énorme !
Ce résultat d’un sondage téléphonique conduit cet hiver auprès de plus de 2500 Montréalais est à mettre en relief avec l’enquête menée au même moment au centre-ville de Montréal par des observateurs mandatés par l’Office. Ils ont constaté que, si le service ne leur était pas spontanément offert en français, ils l’obtenaient quasi à tout coup dès qu’ils en faisaient la demande.
En fait, seules 5 % des 762 visites qu’ils ont effectuées dans des commerces du centre-ville se sont butées à l’impossibilité d’être servi en français. Suffisait de demander ! Mais bien des francophones n’osent pas… Qui s’étonnera dès lors de la progression fulgurante, en deux ans, de l’accueil bilingue dans les commerces du centre-ville de Montréal ?
Pourtant, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les anglophones sont largement indifférents à la langue d’accueil dans les commerces. L’obstacle ne vient pas d’une animosité de ce côté, et les commerçants sont prêts à s’ajuster. Mais si les francophones eux-mêmes ne tiennent pas au respect de leur langue, on ne peut certainement pas toujours rejeter sur les autres nos propres petites lâchetés.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->