Le Canada y avait échappé. "Son système bancaire" disait-on. Le Québec encore mieux. "Ses travaux d'infrastructures" nous assurait-on. Et voilà maintenant que ça glisse sérieusement. Depuis le printemps l'économie ralentit. Au Québec plus qu'ailleurs.
Si en 2008 les Canadiens n'ont pas été frappés de plein fouet c'est parce que les partis d'opposition ont réussi à neutraliser les Conservateurs minoritaires qui ne voulaient absolument rien faire pour contrer la crise d'alors. On se rappellera qu'Harper a même fermé le parlement pour ne pas être renversé.
Revenus aux affaires après la tempête les conservateurs ont développé un programme auto (Ontario) et pas de programme forêt (Québec). Également un programme bancaire ( banques privées -Canada- au début et après protestations, banque coopérative Desjardins -Québec). Bref, par chance qu'ils étaient minoritaires.
Aujourd'hui ils sont majoritaires. Que feront-ils? Avons-nous mal lu? Mal entendu? Mal vu? Mais il semble que le ministre Flaherty, qui s'est fait la main avec la "révolution du bon sens" de Mike Harris, majoritaire qu'il est maintenant, a retrouvé totalement ses vieux réflexes: couper. Et cette fois-ci, en payant 90,000$ par jour le secteur privé (Deloitte) pour sabrer dans le secteur public.
"Coudon!". Qui connaît les arcanes du secteur public? Des gestionnaires de haut niveau du secteur public ou des petits comptables en apprentissage du secteur privé? Qui s'est vu confier démocratiquement la responsabilité du secteur public? Les ministres et le parti au pouvoir ou la cupide firme Deloitte? Ne payons-nous pas déjà les gestionnaires de haut niveau et les ministres d'un niveau encore supérieur pour que nous n'ayons pas à payer une deuxième fois et un prix encore plus fort?
J'aimerais dire que la droite est irresponsable. Malheureusement elle est plutôt coupable. Coupable de la démolition systématique de l'acquis démocratique le plus précieux d'une société avancée qu'est une fonction publique compétente, indépendante et dédiée au bien commun.
Cet acquis est relativement récent. Au Québec c'est l'équipe du tonnerre de Jean Lesage qui lui a donné ses lettres de noblesse. C'est ce qui a permis au Québec de sortir de la magouille, du patronage et de l'incompétence. C'est ce qui a permis au Québec de faire sa révolution tranquille et de développer des services de qualité à coût moindre pour toutes les communautés de tous les territoires. Ce modèle a fait envie. Il s'est même exporté.
On connaît le sort que Jean Charest fait subir à cet acquis démocratique. Le ministère du transport est maintenant géré par la mafia. On connaîtra bientôt le sort qu'Harper fera subir à l'acquis démocratique de son pays.
Les Canadiens feraient bien d'attacher leur tuque.