Il fut un temps où l'on proposait à l'édification des jeunes filles le vertueux personnage de Maria Goretti, une demoiselle qui préféra la mort au déshonneur, d'où son surnom: «Celle qui a dit non». Au tour aujourd'hui de Joseph Facal, qui lui aussi porte un nom de saint, de «dire non»... à François Legault. Il n'y aura pas d'accouplement (politique) entre les deux hommes.
Ce «non» est bien pudique, car M. Facal ne l'explique même pas vraiment dans sa chronique du Journal de Montréal. On croit comprendre qu'après s'être laissé courtiser par médias interposés pendant des mois, M. Facal a fini par découvrir ce qui était évident depuis longtemps, soit que M. Legault, davantage homme d'action qu'intellectuel, ne se contenterait pas de former un groupe de réflexion mais voudrait à court terme former un parti politique.
M. Facal aurait voulu prolonger le suspense pour rehausser son image qu'il n'aurait pas agi autrement. À qui fera-t-on croire qu'il lui aura fallu deux mois pour comprendre qu'il n'est pas sur la même longueur d'onde que M. Legault?
À moins que, tout simplement, M. Facal ait attendu, avant de se mouiller, de voir ce que donnerait l'initiative de François Legault, et qu'en constatant qu'elle n'aboutissait à rien, et que la grande coalition rêvée n'avait pas recruté un seul quidam, il a jugé plus prudent de se retirer d'une aventure vouée à l'échec.
Voici donc un autre chapitre du non-événement le plus spectaculaire de l'automne: le non-chef d'un non-parti qui se fait dire non par un non-candidat à un non-poste!
Cette affaire ressemble plus que jamais à un gros ballon dégonflé. Ce qui du reste n'a rien de bien étonnant car tout cela reposait sur du vent et sur des illusions.
L'illusion que deux anciens ministres, certes respectés, mais dont aucun n'a le profil d'un grand leader, pourraient chambarder la donne politique. L'illusion qu'un parti peut remporter des élections générales, au Québec, avec un programme de centre droit. L'illusion que l'on pourrait faire travailler ensemble des fédéralistes et des souverainistes, et qu'une coalition dont l'on aurait évacué la question nationale aurait l'ombre d'une chance de succès durable. L'illusion que l'on peut faire comme si la question nationale n'existait pas, dans une société où, selon un récent sondage du Journal de Montréal, 52% des francophones souhaitent que la souveraineté advienne d'ici dix ans.
L'illusion, enfin, que ce futur parti réussirait là où l'ADQ a échoué. Le «parti» de François Legault aurait été, tant par son orientation de centre droit que par sa volonté de faire l'impasse sur la question nationale, le clone montréalais de l'ADQ, à cette différence près que l'ADQ a eu en Mario Dumont un jeune chef charismatique. Même Lucien Bouchard, qui a plus de charisme dans son petit doigt que MM. Legault et Facal mis ensemble, n'aurait pas réussi à rescaper l'idée mort-née d'une deuxième ADQ.
Les sondages sont souvent trompeurs, surtout quand ils portent sur de pures hypothèses, et ceux qui ont salué l'initiative de François Legault étaient de ceux-là. La flambée d'enthousiasme populaire n'aurait pas résisté à l'épreuve de la réalité. D'ailleurs, ce petit feu de paille s'est vite éteint. La preuve en est le peu d'écho qu'a suscité l'initiative de M. Legault, qui n'a même pas réussi à recruter celui qui devait être son premier partenaire.
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