Gens du pays, si l'on s'y mettait!...

Tribune libre 2009

Il y a environ trois semaines, [j’écrivais ici une lettre ouverte à Pauline Marois et aux élus indépendantistes, pour leur demander de parler d’indépendance->19815]. Je ne savais pas ce qui se tramait alors en coulisses où, avec des alliés, avec d’autres instances politiques et citoyennes, on préparait le plan déposé en gros sur la table cette semaine. Et qui parle d’indépendance. Et qui est ouvert et bonifiable.
Mais voilà, les gérants d’estrade se sont jetés sur ce plan comme des chiens affamés, certains plus enragés que d’autres. Et les journalistes se sont gonflés d’interprétation, se délectant et du plan et des propos parallèles de Jacques Parizeau aux IPSOS. Jean Charest, lui, a jappé comme un chihuahua à l’Assemblée nationale, tâchant comme il l’a appris jeune sans doute, de diviser pour régner encore quelques années. Japper, c’est ce qu’il sait faire de mieux devant l’adversité. Ça le dispense de réfléchir, de parler et d’agir.
Et nous? Si nous en parlions maintenant d’indépendance plutôt que de faire des procès? Avec espérance et audace? Et diffusions tout autour de nous - à nos carnets d’adresse - tout ce qui pourrait s’écrire ici de nourrissant, de stimulant, de remobilisant pour ceux qui ont décroché? C’est Gérald Larose, je crois, qui disait, au Colloque des IPSO, qu’on lui servait souvent, comme réaction à sa militance : Tu y crois encore, toi? Moi aussi, je me fais servir cette question, à la ronde, par mes amis qui étaient à côté de moi lors de la naissance du PQ, aux référendums de 80 et de 95. Et sûrement plusieurs d’entre vous se la font aussi servir, comme une douche froide. C’est à ceux-là qu’il faut donner envie de revenir sur le terrain. Pas seulement pour voter aux prochaines élections, mais pour militer et non pour désabuser. Chacun à sa façon, ne serait-ce que dans son propre entourage; dans sa famille. Ma fille, qui fait partie de la génération des 30-40 ans, que le sondage du Bloc identifie comme le groupe le plus important de décrocheurs, ceux qui avaient 20 ans en 95 et qui ont été blessés par la défaite, me faisait la remarque : « Nous avons subi 2 déceptions, 2 deuils : le vôtre en 80 et le nôtre en 95. Nous nous protégeons. » Nous aussi, bien sûr, leurs parents, les militants de 80; il semble pourtant que nombre d’entre nous, heureusement, ayions surmonté le deuil. Autrefois, on portait le noir à l’extérieur pour un deuil. Ainsi, un gros nuage, pour ne pas dire une nouvelle noirceur, s’est abattue sur le pays après 95. Et sur nos élus du PQ aussi pendant cette période jusqu’à maintenant. C’est pourquoi, s’il y a lieu, il faut sans doute leur pardonner l’errance. Sentaient-ils vraiment des espoirs et des énergies derrière eux? De façon suffisante? Nous avons plutôt parlé de réussite individuelle et matérielle.
Et je pense avec regret au sens que prenaient avant 95,
et que pourraient prendre à nouveau, ne serait-ce que pour la mémoire, deux belles chansons de deux des nôtres . D’abord Gens du pays , que ce génial Gilles Vigneault nous avait offert – ou qu’on lui avait pris - comme un hymne de ralliement et qui nous a servi et réunis comme peuple, de la fin des années 70 jusqu’à la fin des années 90. Elle a servi à marquer alors nos espoirs, nos joies, nos peines, nos anniversaires, nos fêtes pour la visite. Jean-Paul II en avait paraît-il été tellement impressionné que, lors de son voyage de retour en Italie, il avait demandé, dans l’avion, qu’on lui trouve toutes les paroles de cette chanson qui lui avait été chantée spontanément à Québec; à Québec, la belle qui s’anglicise, qu’on anglicise, maintenant sans vergogne! Qu’on s’approprie de l’extérieur. Et qui se laisse tripoter. Aujourd’hui, si vous avez remarqué, cet hymne à notre vérité, qui nous soulevait, a disparu de notre décor. Comme si les belles fenêtres sur notre âme, grande ouvertes en 70, grâce à nos artistes et à nos aspirations, s’étaient refermées. J’assistais l’autre jour à une fête d’enfants et ceux-ci, comme ils le font paraît-il à l’école, ont entonné l’insipide traduction de cet Happy birthday to you , de la langue-maîtresse. Comme si nous étions à court de mots! Comme si nous étions pauvres! Réduits à traduire; à imiter l’autre, nous si inventifs! Nous nous renions si facilement! Et sans même nous en apercevoir désormais. Nous avons transmis aux enfants de 6-7 ans d’aujourd’hui cette fadaise à la place de l’hymne fier que nous nous étions donné grâce à Gilles Vigneault, en attendant un hymne national que nous aurions enfin mérité d’écrire. Nous avons troqué notre or contre de la pacotille. Nous privons nos petits de notre or! Et nous pensons que tout ça, c’est la faute du PQ? Regardons-nous donc chacun plutôt que de chercher les coupables! Regroupons-nous, mobilisons-nous, comme le suggèrent Luc Archambault et d’autres, plutôt que de nous chercher des poux. Sinon, où allons-nous, chacun dans notre petite bulle d’indépendantistes indépendants?
Et l’autre chanson à laquelle je pense, comme à un remède pour nos démissions et nos chicanes, c’en est une de Jean-Pierre Ferland, de la même époque : Si on s’y mettait, si on s’y mettait... Si on s’y mettait... si on s’y mettait . Certains s’en souviennent?


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juin 2009

    Bonjour
    Confucius, vers 551-479 av. J.-C.:
    « L'ouvrier qui veut bien faire son travail doit commencer par aiguiser ses instruments. »
    C'est ce qui a été fait.
    Salutations

  • Michel Guay Répondre

    11 juin 2009

    La majorité des Québecois pensent que l'indépendance ne se fera pas ne veut rien dire d'autre qu'une dépression passagère et ceci ne veut pas dire que dans leurs coeurs ils ne souhaitent pas cette ouvertuture au monde du Québec comme pays francophone
    Ce sondage est un leurre pour tromper

  • Fernand Couturier Répondre

    11 juin 2009

    Bonjour Nicole !
    Voilà qui tombe bien !
    Pendant que le peuple s'abandonne aux fadaises folkloriques molles et visqueuses pour souligner les anniversaires de ceux de ses proches qu'il aime, alors qu'il n'écoute plus les paroles de fierté et d'espoir que disaient et chantaient les grands de ses poètes, maintenant qu'il s'est replié dans le cocon individualiste des ego affairistes, narcissiques et miteux, au moment où les "indépendantistes indépendants" et disjonctés vocifèrent contre ceux des leurs qui ne partagent pas tout à fait leurs idées sur la manière d'accéder à l'indépendance du pays, pendant que de belles ambitions se livrent à tête perdue dans la fondation de partis politiques parallèles sources de dispersion, pendant que règne ainsi la courte vue dans l'action et le comportement, le pays se perd de plus en plus dans le brouillard.
    Ce qui a permis aux quelques voix grugées par les partis QS et PI de laisser une majorité au PLQ et de lui donner sur plateau d'argent quatre autres belles années pour poursuivre ses entreprises de démolition. Ce qui va encore jouer de façon néfaste dans l'élection partielle de Rivière-du-Loup. Ce qui renchausse le chiendent de l'indifférence du peuple. L'étouffante indifférence. La maudite indifférence.
    J'ai, à quelques reprises sur ce site, déploré la zizanie, le bruit, le vacarme, la nuisance d'une critique exacerbée, idéologisée à l'encontre du PQ où se rassemble toujours la nette majorité de ceux qui croient encore en l'avènement d'un vrai pays pour le Québec. On ne s'est pas privé de me morigéner. Personnellement, je m'en contrefous. Mais ce que je trouve bien déplorable, c'est que la tribune de Vigile est en train de perdre de son intérêt à cause de ces rivalités intestines tonitruantes. Ils me l'ont dit, ceux à qui je l'avais conseillée. Le même grondement des mêmes intervenants. Lassant pour le commun des mortels. Mais combien réjouissant pour les adversaires de la souveraineté du peuple et l'advenue de son pays !
    Oui! Si l'on se mettait à se rassembler plutôt qu'à vilipender indéfiniment !
    Bonne journée.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juin 2009

    Bonjour madame Hébert,
    Le dernier sondage La Presse nous dit que les québécois ne croient plus que l'indépendance du Québec se réalise un jour. Voilà pourquoi tant de gens autour de nous déclarent:''Tu y crois encore toi?''
    Ce qui signifie que les porteurs de l'option ne sont plus crédibles. La population croie que le PQ n'a plus le courage ni la volonté de la faire cette nécessaire indépendance.Ils ne croient plus au messager.
    C'est cela, le message qu'ils nous envoient et que nous refusons d'entendre.
    D'ailleurs le PQ n'écoute plus personne depuis 1995. Je vous entend déjà me dire que je fais encore du PQ-Bashing. Je vais vous dire que sur le terrain, les indépendantistes qui militent actuellement dans divers groupuscules se parlent entre eux, assistent et participent aux mêmes réunions, aux mêmes rencontres et aux mêmes manifestations. Le jour où arrivera la nécessaire convergence; je crainds fort que le PQ qui est déconnecté de sa base la plus loyale et la plus militante depuis des années, perde le leadership de l'option au profit de quelque chose de nouveau, d'innovateur et de courageux.
    Je vous invite à lire la proposition que j'ai faite au PQ en réponse à l'article de monsieur Lapointe.C'est au PQ qu'il appartient de sortir de l'impasse.C'est lui qui doit décider s'il veut en faire partie de cette fameuse convergence.
    Il doit cesser de prendre pour des imbéciles et des cons tous ceux et celles qui ne pensent pas comme lui. Ils doit accepter qu'en dehors de lui, il y a des gens intelligents et intéressants qui pensent et qui ont des choses valables à proposer.
    Le PQ doit cesser de crucifier sur la place publique les autres composantes de la mouvence indépendantiste comme le RRQ, le RIQ, QS et bien d'autres mouvements composés de militants dévoués et honnêtes qui se démènent pour la cause.
    y a 800,000 patriotes qui n'ont pas voté lors de la dernière campagne électorale au Québec. y en a des milliers qui ont voté en se bouchant le nez. Je veux bien chanter ''GENS DU PAYS ET LALALALA avec vous.'' Mais là...