Hausse des ventes de munitions et d’armes au Canada

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Les munitions proviennent majoritairement des États-Unis


Au Canada, plusieurs marchands d’armes voient leurs ventes grimper avec la crise du coronavirus. Les ventes de munitions sont en nette progression chez un grand nombre de détaillants du Québec et du Canada, constate Le Devoir.


Ce serait d’abord la crainte d’une restriction du commerce et des échanges commerciaux qui motiverait les acheteurs à faire des provisions de munitions.


Aux États-Unis, les ventes de munitions pour armes ont explosé ces derniers jours. Chez le détaillant Ammo.com, selon ce que rapporte le journal USA Today, il y aurait une augmentation de 68 % des ventes depuis février. Plusieurs acheteurs craignent un effondrement de l’ordre social et l’incapacité soudaine de pouvoir compter sur un approvisionnement en munitions. Mais les motivations seraient sensiblement différentes du côté canadien, selon les marchands interrogés par Le Devoir.



Dan Chasse, l’armurerie de Daniel Blanchette située à Sainte-Camille-de-Lellis, connaît des ventes jamais vues de munitions. « Les gens se disent que, si c’est plus difficile sous peu de faire circuler les marchandises et que des usines d’armes s’arrêtent, il est possible que ce soit plus difficile d’obtenir des munitions. Habituellement, j’ai en stock, à cette période de l’année, des munitions pour en vendre facilement jusqu’en juin. Si ça continue comme ça, je n’en aurai plus dans deux semaines. »


Les ventes d’armes ne sont pas aussi nettement en hausse, mais elles sont tout de même plus importantes, observe cet armurier d’expérience. « Plusieurs armes sont fabriquées en Europe et aux États-Unis. Les gens se disent qu’il se pourrait qu’elles soient manquantes avant longtemps », explique Daniel Blanchette.


Chez Trade-ex Canada, un marchand d’armes ontarien, on affirme au Devoir n’avoir jamais autant vendu de munitions. « Ils sont en train de nous dévaliser, dit Linda, une Franco-Ontarienne responsable de la facturation. On n’a jamais vu ça ! Ça fait sept ans que je fais des factures et c’est du jamais vu. C’est pire qu’à Noël ou au Black Friday. »


Qu’est-ce que les gens achètent ? Des cartouches de gros calibres surtout, comme le 45-70, le .223 ou le 76,2 x 39, ce dernier étant une munition connue pour son usage dans les fusils d’assaut AK-47 et le SKS, deux armes populaires auprès des survivalistes. « On se fait des blagues entre nous en disant que les gens vont essayer de se trouver du papier de toilette avec ça, quand il n’y en aura plus, dit Linda. À Toronto, dans un Loblaws, un gars a sorti un gun dans une rangée. Il est en prison maintenant et il ne risque pas de manquer de papier de toilette là-bas ! »


À Magog, Patrick Rodrigue, de chez Pronature, a observé, depuis la semaine dernière, des personnes venant acheter massivement des munitions. Pourquoi ? « Pour la même raison que certaines personnes stockent du papier de toilette ! » On parle ici d’une poignée de personnes qui ont beaucoup acheté, dit-il. « Plutôt dans le genre de clients qui s’intéressent aux émissions de survivalistes. »


La crise comme facteur


Au magasin Latulippe à Québec, le chef d’équipe de la chasse, Mathieu Papillon, constate une même frénésie. « La vente de munitions, ça a beaucoup augmenté. » Il précise toutefois que, chaque année, il en va de même à pareille date à Québec, à cause d’un salon Chasse et pêche où on propose des soldes. « C’est rare que les munitions sont vendues avec l’équivalent de la taxe en moins. Alors, les gens en achètent et en mettent de côté. » Mais comme ce salon annuel a été interrompu après seulement une journée d’activité en raison du virus, les facteurs pour expliquer la hausse cette année sont plus difficiles à expliquer. Les craintes des effets de la crise se trouvent au nombre des facteurs, croit Mathieu Papillon.


Chez Sail, à la succursale de Sherbrooke, on a aussi observé une vente accrue de munitions au cours des derniers jours. « On dirait que les gens ont peur de je ne sais quoi. Ils ont besoin de stocker, comme s’ils achetaient du papier de toilette », dit un responsable de comptoir. Même chose au Sail situé à Laval. « C’est vrai, ça sort en fou depuis trois jours, dit un préposé aux armes. Les armes et les munitions, presque tout vient des États-Unis. Les gens ont peur que ça soit bloqué à la frontière. »


La progression des ventes de munitions et d’armes apparaît importante partout au Canada. Au Calgary Shooting Center, en Alberta, un gérant confirme au Devoir que « les gens achètent tout et n’importe quoi depuis une semaine ». Des munitions surtout, mais aussi des armes.


Du côté de la chaîne de chasse et pêche Cabela’s, basée à Winnipeg, les clients en ligne devaient être armés de patience hier et attendre plusieurs minutes en ligne, au son d’une musique country. « Les gens commandent beaucoup plus que d’ordinaire », confirme une préposée.


On estime qu’environ 26 % des ménages canadiens possèdent au moins une arme à feu. Plus de sept millions d’armes sont en circulation au Canada. Pour acquérir des munitions ou une arme, il faut au préalable posséder un permis d’armes à feu en règle.




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