L’arme du déficit

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Trudeau met de l'avant ses dépenses publiques comme argument électoral



Justin Trudeau a le pas léger, le sourire aux lèvres. Et pourtant n’importe quel autre premier ministre sollicitant un deuxième mandat en traînant un déficit de vingt milliards de dollars aurait de quoi s’inquiéter.




Mais ça, c’était avant le coup de génie des stratèges libéraux. En quatre ans au pouvoir, ils ont déboulonné les vertus de la discipline budgétaire. Pire, ils ont transformé les déficits en redoutable arme politique.




Au diable la dépense




Le déficit fédéral devait être « modeste », dix milliards de dollars pour aider la classe moyenne et investir dans les infrastructures.




Or, le gouvernement Trudeau s’est vite rendu compte que les Canadiens n’étaient pas si allergiques que ça aux déficits.




Après tout, le taux d’endettement du Canada, même en 2019, et un déficit accumulé de 71 milliards de dollars continuent de faire l’envie des pays industrialisés. On est encore loin de la crise qui guettait le gouvernement Chrétien à son arrivée au pouvoir.




D’audacieux, le pari du déficit est presque devenu machiavélique. En « investissant pour l’avenir », les récents budgets ont permis d’habituer les Canadiens aux déficits.




Car les fameuses promesses de 2015 ne sont pas à blâmer pour l’état des finances publiques. C’est plutôt la générosité du gouvernement Trudeau pour une foule de projets qui n’étaient pas sur le radar en 2015. Les millions pour faciliter l’accès à la propriété, rendre l’électricité abordable, et j’en passe.




Pourquoi essayer d’équilibrer le budget quand on peut mettre l’adversaire conservateur en boîte ?




La menace de l’austérité




Andrew Scheer promet de s’attaquer à la « crise du coût de la vie ».




Mais il faudra les payer, ces promesses de congé de TPS sur l’Hydro, ce crédit d’impôt pour les congés de maternité, celui pour les transports en commun, et tous les autres qui suivront. C’est sans compter que l’allocation canadienne pour enfants est non seulement populaire, mais efficace pour contrer la pauvreté.




Déjà, Andrew Scheer a renoncé à équilibrer le budget en deux ans et promet maintenant d’y arriver en cinq ans.




Or la question se pose : comment éradiquer un déficit de vingt milliards tout en allégeant le fardeau fiscal des familles, sans toucher à la santé et aux transferts aux provinces ?




Discipline budgétaire ou coupes ? C’est une question de perspective.




Disons que les libéraux ont le beau jeu de brandir la menace d’une ère d’austérité.




L’austérité, mot honni au Québec, héritage des débuts du mandat de Doug Ford en Ontario. Ça s’appelle essayer de gagner un deuxième mandat.



 



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