L'avenir du Québec repose sur le savoir

Université - démocratisation, gouvernance et financement


La Presse a publié récemment une série d'articles et un éditorial qui soulèvent plusieurs questions sur la formation offerte au premier cycle dans les universités québécoises, parmi lesquelles la possibilité qu'un trop grand nombre d'étudiants y soient admis.
Or, la réponse se situe, sans équivoque, exactement à l'opposé: non seulement les universités n'admettent pas trop d'étudiants, mais elles n'en admettent pas assez.
En 2005, le taux d'obtention du baccalauréat pour une génération se chiffrait à 30,2 % au Québec alors que la moyenne des pays de l'OCDE atteignait 36 %. Dans plusieurs pays, l'enseignement universitaire de premier cycle se développe à un rythme accéléré et le Québec traîne de l'arrière. Plus près de nous, l'Ontario enregistrait un taux de 38 % en 2004.
Les sociétés avancées n'ont d'autre choix que d'investir dans la formation universitaire, puisque leur avenir repose sur des personnes hautement qualifiées afin de répondre aux exigences de la société du savoir. Entre 1990 et 2002, le nombre total d'emplois au Québec a augmenté de 14,4 %, alors que le nombre d'emplois requérant un diplôme universitaire a bondi de 67 %. Comme collectivité, nous n'avons pas les moyens de ne compter que sur les emplois précaires de l'industrie manufacturière, mise à mal par des impératifs économiques qui dépassent notre capacité de contrôle.
La qualité de la formation des étudiants est par son essence même au sein de la mission universitaire. Est-ce que les universités peuvent améliorer la qualité de l'enseignement? La réponse demeurera toujours oui. Les étudiants sont au coeur de la raison d'être des universités et les efforts doivent être constamment renouvelés afin d'assurer que le développement et la transmission des connaissances se réalisent dans des conditions optimales. C'est ce à quoi tous les chefs d'établissements universitaires québécois et leurs communautés oeuvrent jour après jour.
Un ensemble de politiques et de procédures d'évaluation que les universités appliquent, individuellement et collectivement, assure la mise à jour périodique des programmes et la pertinence des cours offerts. Ces processus garantissent aussi aux étudiants une formation de qualité et une place sur un marché de l'emploi qui ne cesse d'intégrer davantage les avancées du savoir.
Les universités portent aussi la responsabilité d'encadrer leurs étudiants vers la réussite, non par une diminution des exigences, mais par des actions d'accompagnement ciblées. Les efforts investis dans le soutien à la réussite des étudiants portent leurs fruits et ont conduit à une amélioration sensible des taux de diplômés au cours des dernières années. Quel serait le jugement porté sur nos institutions de haut savoir si les étudiants admis à l'université la quittaient en grand nombre sans le diplôme qui leur a coûté des efforts majeurs?
Les titulaires d'un baccalauréat et leurs employeurs attestent de leur satisfaction à l'égard de la formation reçue. Une enquête du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport révèle que 82 % des diplômés d'un baccalauréat occupant un emploi à temps plein lié à leur formation percevaient favorablement leur niveau de compétence deux ans après leur entrée sur le marché du travail. Au même moment, 94,7 % des employeurs de diplômés universitaires, étaient satisfaits ou très satisfaits des diplômés qu'ils avaient embauchés.
Cette qualité du réseau des universités du Québec est également confirmée par le nombre de prix prestigieux accordés aux établissements, à leurs professeurs et à leurs diplômés. Les exemples sont légion. Un dossier complet ne suffirait pas à rendre crédit à toutes les universités et avant tout aux étudiants qui se démarquent de multiples façons. De plus, le Québec accueille près du tiers des étudiants internationaux au Canada, ce qui atteste du pouvoir d'attraction de nos universités et de la qualité des gens qui les animent.
Conclusion
En fait, le Québec peut s'enorgueillir de posséder un système d'enseignement et de recherche universitaires performant dont la diversité constitue une formidable richesse.
On y retrouve des établissements de très haute qualité qui couvrent tout le territoire du Québec, chacun ayant sa personnalité propre, y compris des universités à haute intensité de recherche qui se classent parmi les meilleures au Canada et qui sont reconnues mondialement.
Si le Québec a pu se développer à un rythme sans précédent aux cours des cinquante dernières années, c'est très certainement grâce, en bonne partie, à la contribution de l'ensemble des universités. Mais au-delà de cette réussite collective, les universités québécoises célèbrent à chaque collation des grades, avec leurs étudiants et leurs familles, les succès personnels et les réalisations individuelles associés à chacun des diplômes décernés.
Par tous les moyens à notre disposition, nous devons nous assurer de favoriser l'accès aux formes les plus élevées du savoir et de la culture à toute personne qui en a la volonté et l'aptitude.
Heather Munroe-Blum
Présidente
Conférence des recteurs
et des principaux des universités
du Québec


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