L’outrage

Chronique de Louis Lapointe

J’avoue ne pas avoir été étonné par le jugement rendu par le juge Denis Jacques.
C’était dans l’ordre des choses que Gabriel Nadeau-Dubois soit condamné pour outrage au tribunal.
Nous vivons dans une société de droit où celui qui choisit de contester ouvertement l'ordre établi doit payer de sa personne un lourd tribut à la société.
Il en va tout autrement de ceux qui profitent de la pénombre des officines pour s'adonner à la corruption.
Parce que nos élus, nos fonctionnaires et nos policiers ont fermé les yeux pendant des années sur leurs méfaits, il n’y a pas eu de crimes, pas de jugements de cour, pas de condamnations.
Il est là l’outrage: dans la complicité d’élus, de fonctionnaires, de professionnels et de gens affaires qui profitent des failles du système pour s’enrichir aux dépens des contribuables; dans l’incapacité des corporations professionnelles à discipliner adéquatement leurs membres.
Si ces dernières avaient été plus préoccupées à protéger le public plutôt que les intérêts de leurs membres, elles auraient pu nous éviter toute cette corruption qui ronge nos institutions.
Parce que ces corporations professionnelles sont d’abord là pour défendre leurs membres, pas le public, elles clameront haut et fort que ces professionnels qui leurs font honte aujourd'hui sont l’exception, pas la norme.
Comment se fait-il que des professionnels de la Ville de Montréal placer dans des situations de corruption flanchent aussi facilement comme on le voit jour après jour à la commission Charbonneau?
On tente de nous faire croire qu’il s’agit là de culture d’entreprise, alors que, dans les faits, nous voyons bien que le mal est plus profond.
Il est dans la culture de ces policiers, avocats, comptables, ingénieurs, professionnels et de leurs associations et corporations professionnelles qui se ferment volontairement les yeux. Dans le silence de leurs pairs.

Mais voilà, la règle de droit protège l’ordre établi, pas l'ordre nouveau que revendiquent les citoyens, fût-il légitime. Gabriel Nadeau-Dubois l'a appris à ses dépens.
Il est là l’outrage, dans la pénombre de nos institutions, là où, sous le couvert de l’intérêt public, une petite caste se moque impunément des contribuables.

***
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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 novembre 2012

    "Le système n’est pas nécessairement mauvais,mais ce sont ceux qu’ils l’utilisent frauduleusement qu’il faut punir."
    @ M L
    Ce n'est pas l'avis du journaliste de renom Philippe Grasset pour qui le système, c'est le mal.
    "Nos travaux courants dans le cadre du site dedefensa.org montrent sans le moindre doute combien notre appréhension de cette époque se fait et se feront de plus en plus autour de la problématique du “Mal”, dont la représentation structurée est, pour nous, ce que nous nommons, d’une manière effectivement opérationnelle et structurée, mais aussi d’une manière symbolique et métaphysique, le Système. http://www.dedefensa.org/article-notes_sur_l_op_rationnalit_du_mal_et_la_russie_ddecrisis_10_09_2012.html
    Et c'est bien possible quand on pense que dans les vingt-cinq dernières années au Québec, c'est dans les couches socio-économiques les plus défavorisées qu'il y a eu le plus de solitude et le moins d'enfants. Il n'y a pas de qualificatif pour cette horreur.
    Mais évidemment, pour les gens qui ont de quoi à perdre, leur jugement sur le système peut être biaisé.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 novembre 2012

    Ho là !Un instant ne mélangeons pas tout. GND est intransigeant lorsqu'il invoque les règles de cette même société de droit qui lui permettent de s'exprimer démocratiquement comme représentant d'un mouvement.(mandat dont la valeur est quand à moi fort discutable,si l'on tient compte de la représentation réelle lors de la majorité des assemblées générales).Mais passons, ces règles impliquent des responsabilités sinon c'est l'anarchie ( ce que je soupçonne être le réel but de GND),mais passons encore s'il est honnête et de bonne foi qu'il assume,c'est loin d'être un martyr.Léo Bureau Blouin me semble être l'exemple à suivre dans cet ordre d'idée.
    Ceux qui profitent dans l'ombre devront aussi assumer un jour.
    Le système n'est pas nécessairement mauvais,mais ce sont ceux qu'ils l'utilisent frauduleusement qu'il faut punir.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 novembre 2012

    Le système doit en effet se protéger. Il ne peut tolérer la dissidence, même se elle s'exprime à travers des revendications légitimes comme la gratuité scolaire ou une vie décente pour tous sans exception.
    C'est plus que malheureux que ce soit comme ça. Les Québécois sont l'un des peuples les plus intégrés au système sur la planète. Et par les temps qui courent, le système est nerveux, donc il n'est pas tellement tolérant. C'est pour ça que le PQ inquiète tant les bonnes gens; c'est parce que plusieurs ne sont pas certains que ce parti soit complètement acquis au système.
    Pour l'instant, le système a eu le meilleur sur le mouvement Occupy ainsi que dans le conflit étudiant car une grande majorité de gens appuie le système parce qu'ils ont encore quelque chose à perdre.
    Les grands perdants dans tout ça sont les classes socio-économiques moins favorisées qui ne voient aucune possibilité d'amélioration de leurs conditions de vie à court et à moyen terme.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 novembre 2012

    Gabriel Nadeau-Dubois
    http://www.youtube.com/watch?v=jHg0Eq_bxhA

  • Yves Rancourt Répondre

    2 novembre 2012

    Très bien dit, monsieur Lapointe! Un riche homme d'affaires peut, à titre d'exemple, placer dans des paradis fiscaux des dizaines de millions de $ pour échapper à ses responsabilités fiscales chez nous et il sera peu ou pas ennuyé; s'il se fait épingler ou craint d'être découvert, il pourra être amnistié moyennant qu'il accepte de payer une fraction de ce qu'il doit au fisc. Nos lois sont ainsi faites; généreuses pour les gros abuseurs ou voleurs et intraitables pour les petits. Et, si un simple citoyen décide de marcher dans la rue pour dénoncer le système et qu'il y va un peu fort, on fera tout pour l'écraser, au point où il n'aura pas le choix de rentrer dans le rang.
    Il est difficile de dire où tout ça nous mènera mais il est facile de constater, en parcourant le réseau internet, qu'il y a de plus en plus de gens conscients de ces réalités et qui sont profondément indignés.
    Salutations.