La France devient le 14e pays à permettre le mariage gai

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Qui a intérêt à toute cette précipitation !

Paris — C’est sans surprise que la France est devenue mardi le 9e pays européen et le 14e du monde à ouvrir le mariage aux couples d’homosexuels. Les députés ont clos la discussion par un vote solennel après 136 heures de débats souvent virulents et des manifestations monstres comme le pays n’en avait pas connues depuis des années. La loi, qui autorise aussi l’adoption, a été adoptée par une large majorité de 331 députés contre 225.
Après une semaine sous haute tension marquée par plusieurs incidents, un millier de policiers et de militaires avaient été déployés autour de l’Assemblée nationale. À quelques minutes du vote dans l’hémicycle, un opposant qui tentait de déployer une bannière réclamant un référendum a dû être expulsé des gradins du public.
Le porte-parole socialiste Bernard Roman a comparé cette loi à celles qui ont légalisé le vote des femmes, l’avortement et aboli la peine de mort. La garde des Sceaux Christiane Taubira, qui a parrainé le projet de loi, a annoncé que les premiers mariages pourraient être célébrés dès le mois de juin.
Les opposants
En soirée, quelques heures après le vote, plusieurs centaines de personnes scandaient toujours leur opposition au métro Sèvre-Babylone, près de l’Assemblée nationale. La leader du mouvement, Frigide Barjot, a affirmé que les manifestations allaient se poursuivre. Chahutée à la sortie de l’Assemblée nationale, elle a répété que les opposants favorisaient plutôt « une autre solution, celle de l’union civile qui, contrairement au mariage, n’aurait pas de conséquence sur la filiation ».
« Au nom de quoi, nous, députés de la République, allons-nous priver demain un enfant du droit d’avoir un père et une mère ? », a demandé le centriste Jean-Christophe Fromentin.
Pour le député centriste Yves Jego, cette loi ne sera jamais abrogée comme prétendent vouloir le faire les députés de l’UMP en cas d’alternance. « Sept ans après [l’adoption du mariage gay], la société espagnole qui nous ressemble n’a pas été bouleversée », dit-il. C’est aussi l’opinion du député Henri Guaino, qui s’est pourtant battu avec la dernière énergie contre cette loi.
« Nous ne sommes pas dans un jour historique, car la France n’est qu’en train de rattraper son retard », a lancé le député vert Noël Mamère, qui avait célébré un premier mariage gay symbolique en 2004 dans sa mairie de Bègles.
Dès le vote terminé, les groupes de défense des homosexuels ont aussitôt sabré le champagne sur la place de l’hôtel de ville. Les manifestants étaient en liesse, même si plusieurs disaient avoir trouvé ce débat éprouvant. Depuis une semaine, les organismes de défense des homosexuels ont évoqué une recrudescence d’actes homophobes. Le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, a même reçu une lettre contenant de la poudre de munition. Ces dérives ont par ailleurs été dénoncées par les responsables des manifestations contre le mariage gay.
Malgré toute cette agitation, l’opinion des Français n’a guère bougé depuis 6 mois selon un dernier sondage BVA. 58 % sont toujours favorables au mariage homosexuel, alors qu’une majorité désapprouve l’adoption. La droite a annoncé qu’elle demanderait au Conseil constitutionnel de censurer la loi. « Nous avons fait en sorte qu’il n’y ait pas de fragilité juridique », a répliqué la ministre de la Famille, Dominique Bertinotti. Les tribunaux espagnols ont facilement donné leur accord à une loi semblable et l’on s’attend à la même chose en France.
En Europe, l’Allemagne et la Suisse préfèrent toujours l’union civile au mariage gay. Celui-ci est légal aux Pays-Bas, en Belgique, en Espagne, en Norvège, en Suède, en Islande, au Danemark et au Portugal. Dans ce dernier pays, l’adoption a cependant été exclue de la loi.


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