La lionne en liberté

Mais une lionne blessée en liberté, c'est rarement une bonne nouvelle, surtout dans un zoo comme le PQ.

Démission de Diane Lemieux



Contrairement à Bernard Landry et André Boisclair, la marque de commerce de Pauline Marois, c'est de savoir parler au monde, de ménager les ego, de faire consensus. La pire chose qui pouvait lui arriver, à la veille de son caucus pré-sessionnel à Saint-Hyacinthe demain, c'est la démission de Diane Lemieux. Malgré les tentatives répétées de Mme Marois pour réparer les pots cassés dimanche et hier, la "Lionne de Bourget" annoncera qu'elle quitte la politique au retour de l'Assemblée nationale, à la mi-octobre. C'est une perte importante.
Diane Lemieux est l'une des députées les plus connues au sein du caucus péquiste, autant en raison de son tempérament fougueux, que de la visibilité acquise pendant ses années au poste de leader parlementaire.
Comment expliquer son départ ? Personne ne parlait, hier, dans l'entourage immédiat de Mme Marois, tout comme dans celui de Mme Lemieux. Mais les alliés, les militants et les amis des deux femmes avaient à peu près la même version des faits. Mme Marois n'a pas mis en doute la qualité du travail de la députée de Bourget. Elle lui a transmis les critiques de certains députés qui lui reprochaient son caractère abrasif. Diane Lemieux en a conclu qu'elle n'avait plus la confiance de son chef et qu'elle n'était plus désirée.
Il faut savoir comment Diane Lemieux est arrivée en politique pour comprendre son départ. C'est Lucien Bouchard qui l'a recrutée en 1998, en lui prédisant qu'avec son aide, on allait changer le monde. Elle ne pouvait se douter que Bouchard démissionnerait de ses fonctions en mars 2001, totalement désabusé des querelles internes au sein du PQ.
La "Lionne de Bourget", ainsi surnommée en raison de son tempérament fougueux, n'avait pas que des amis au sein du Parti. Louise Harel s'est fortement objectée à sa nomination au poste de leader parlementaire, en 2004, lorsque Bernard Landry l'a choisie pour remplacer André Boisclair. Il n'est pas impossible que Mme Harel ait eu une influence dans la décision de Mme Marois. On raconte aussi que François Gendron a fait pression, par personnes interposées, pour obtenir le poste de leader parlementaire. M. Gendron a fait bonne figure et a adoré son intérim à la tête du Parti, après la démission surprise d'André Boisclair. Ses amis faisaient valoir depuis plusieurs semaines qu'il méritait une récompense. Et puis il y a cette affaire de "caractère", ces commentaires critiques sur la personnalité de Diane Lemieux. Jean-Pierre Charbonneau racontait hier qu'elle avait froissé ses collègues députés dans l'exercice de ses fonctions. Le leader parlementaire d'un parti politique a un travail délicat. Il lui faut souvent dire non aux députés dans la gestion de la période de questions et des commissions parlementaires.
Mme Lemieux a d'ailleurs admis qu'il lui arrivait d'avoir un style un peu trop directif au goût de certains collègues. C'est donc une direction un peu plus douce que Pauline Marois désire imprimer à la tête de ses troupes, en faisant de François Gendron son leader parlementaire. Mais le prix à payer au sein du parti est élevé. On peut déjà prédire que l'ADQ en fera ses choux gras en vue des élections complémentaires dans Charlevoix.
Le plus ironique dans cette histoire, c'est que Diane Lemieux semble avoir été abandonnée par ses collègues députés, pour qui elle a mené une lutte féroce le printemps dernier afin de bonifier le budget de recherches du PQ et les allocations de ses représentants. Il n'est pas surprenant, dans les circonstances, qu'elle ait décidé de quitter le navire.
Ses critiques en seront soulagés. Mais une lionne blessée en liberté, c'est rarement une bonne nouvelle, surtout dans un zoo comme le PQ.
Pour joindre notre chroniqueur : glavoie@lesoleil.com


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