Politique québécoise

La poésie du pays

Indépendance - le peuple québécois s'approche toujours davantage du but!



Et s'il manquait tout simplement un brin de poésie à Pauline Marois pour dire cette souveraineté qui l'embarrasse? C'est en écoutant l'émouvant hommage de Fred Pellerin au «poète du pays» Gilles Vigneault, dimanche au gala de l'ADISQ, qu'il nous est apparu que hors des cercles politiques, cela coule de source: qu'il est doux de raconter l'indépendance sans s'enfarger dans les virgules d'un programme de parti.
On peut le lire ci-contre en page Idées, mais avec le trémolo dans le timbre et l'authenticité transpirant de chaque intonation, le texte du poète-conteur Fred Pellerin transmettait encore plus de ce condensé d'enthousiasme et de ferveur enrobant un éloge de ce qui émeut et entraîne tout à la fois. Citant l'honoré et honorable Gilles Vigneault, à qui l'on doit une invitation aux «gens de [son] pays» à «parler de liberté», Fred Pellerin rappelle que le Québec veut un drapeau, mais qu'il n'a toujours pas érigé son mât.
Après ce moment de grâce, le bulletin de nouvelles tonitruait au sujet des déboires du Parti québécois et de sa chef, Pauline Marois. Madame traverse une crise de confiance venue tant des membres du parti que de la population. Aussi incroyable cela soit-il, le PQ est désormais embarrassé par l'article qui a constitué sa raison d'être. Signe des temps, une campagne de publicité destinée à redorer le blason du parti mettra la souveraineté en «filigrane» — selon le président du PQ, Raymond Archambault. Enthousiasme et ferveur, disions-nous? Vigneault, chante encore! Fred, parle encore!
En entrevue récemment à Bazzo.tv, Monsieur Jacques Parizeau surprenait la galerie en confiant que, pour rallumer cet enthousiasme destiné à éveiller un peuple en quête de liberté, il faudrait «des artistes, des poètes». Un peu plus en effet de ces porte-étendard, «hommes forts, géantes, coureurs, diables, belles danseuses», pour reprendre d'autres mots de Fred Pellerin. Où sont les géants? Les poètes du pays?
Il n'y a certes rien d'incongru à ce qu'on recherche la fraîcheur du discours ailleurs que chez les politiciens: en cette ère de cynisme ambiant, où les porte-voix vendent leur programme en essayant avec grand mal d'en cacher quelques pans, la population lève le nez sur tout ce qui lui paraît manquer cruellement d'authenticité. Les jeux de coulisses destinés à faire vaciller cette chef du PQ qui manque de l'ingrédient charisme n'ont rien pour séduire l'électorat, à qui la «gouvernance souverainiste» ne dit sans doute rien de plus que jadis les «conditions gagnantes», l'«offre de partenariat», etc.
L'espace d'un beau moment, lors de ce gala de l'ADISQ, un poète tirant son chapeau à un autre a offert une leçon de ferveur et d'enthousiasme qui devrait donner des idées et pourrait donner des ailes. Et tout cela, ironie suprême, quelques instants à peine après la victoire posthume des mesures du géant Gaston Miron, un autre maître de la poésie du pays.
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machouinard@ledevoir.com


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