Le mouvement indépendantiste et la crise

La propagande néolibérale a fait son œuvre dans la population qui a déjà accepté sa thèse économique frauduleuse, soit que l’État ne peut plus payer les mêmes services publics et que chacun doit faire sa part individuellement.

Chronique de Pierre Gouin

J’ai fait des études universitaires dans les années soixante, les frais de scolarité étaient beaucoup plus élevés que maintenant et j’ai complété ma maîtrise avec des dettes importantes. Je n’ai absolument pas envie de dire aux jeunes qu’ils devraient faire comme moi et payer le gros prix pour leurs études ou qu’il y avait quelque chose de bon dans ce système qui forçait la responsabilisation. J’ai encore des pages de notes de cours de mathématique où les lignes d’écriture illisibles ondulent et se chevauchent sans rapport avec les lignes du papier, et cela parce que j’avais travaillé toute la nuit avant le cours. Je préférais travailler pour ne pas accumuler trop de dettes mais le système faisait d’abord disparaître les bourses avant de réduire les prêts. Je travaillais aussi pour tenter de vivre une vie à peu près normale comme mes amis qui avaient choisi le marché du travail mais ça n’a pas marché, j’ai été perdant des deux côtés, vie sociale et vie académique.
Je suis contre tout ticket modérateur en santé mais des frais modiques appliqués aux études universitaires me paraissent acceptables, modiques au point où je crois que le dégel des frais de scolarité décrété il y a quelques années était injustifié. La hausse proposée par le gouvernement Charest nous ramène toutefois à une situation comparable à celle des années soixante et elle ouvre aussi la porte à de nouvelles augmentations.
L’argument principal justifiant la hausse pourra encore être utilisé dans le futur puisque nos frais de scolarité demeureront tout de même inférieurs à ceux du reste du Canada. Le premier ministre peut tenter de se justifier en disant qu’il ne fait qu’ajuster les frais de scolarité à l’inflation qui s’est produite depuis les années soixante et que le PQ propose lui aussi l’indexation des frais de scolarité. Il faut comprendre que l’inflation à partir du niveau actuel vise à maintenir une quasi-gratuité tandis que l’indexation à partir des années soixante recrée une situation où les frais de scolarité constitue pour plusieurs un obstacle à l’accès aux études universitaires.
La crise politique actuelle renforce pour les québécois progressistes le désir ainsi que l’espoir de se débarrasser du gouvernement Charest et plusieurs appellent à nouveau les partis indépendantistes à faire front commun pour battre les libéraux à la prochaine élection. Cependant, le dossier des frais de scolarité illustre bien la difficulté fondamentale à présenter aux électeurs une alternative crédible basée sur des programmes de partis incompatibles sur plusieurs questions importantes et la réticence à abandonner un comté au profit d’un parti qui défend des positions opposées aux siennes.
Le PQ propose un moratoire temporaire sur toute hausse des frais de scolarité tandis que QS et ON propose la gratuité scolaire à l’université. On peut-être d’accord avec une ou l’autre des positions mais l’important est qu’elles sont clairement inconciliables. Selon moi, la position du PQ est défendable en campagne électorale tandis que la promesse de la gratuité scolaire est suicidaire politiquement dans le contexte actuel.
La propagande néolibérale a fait son œuvre dans la population qui a déjà accepté sa thèse économique frauduleuse, soit que l’État ne peut plus payer les mêmes services publics et que chacun doit faire sa part individuellement. Seul le gouvernement national d’un Québec souverain, débarrassé des coûts exorbitants associés aux priorités des politiciens canadiens, pourra proposer, chiffres à l’appui, des services publics sensiblement améliorés et financés essentiellement par la taxation. L’avantage que les économistes de droite attribuent au principe de l’utilisateur payeur, relativement à la taxation, est qu’il limite la demande de services publics, dans la mesure où certains ne sont pas en mesure de payer. Dans le dossier de l’enseignement universitaire, ce qui est visé c’est que moins de jeunes québécois s’inscrivent à l’université.
Il y a certes de bonnes raisons d’hésiter à soutenir le Parti québécois. Cependant, la pression des militants pourrait forcer la direction à confirmer son récent virage vers la gauche, illustré par l’annulation promise de la taxe santé financée par la taxation des hauts revenus, et à adopter un discours plus agressivement indépendantiste. Si le parti décidait plutôt de miser sur tous les tableaux pour amasser des votes, l’Option nationale deviendra alors ma seule option.


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7 commentaires

  • Pierre Gouin Répondre

    2 juin 2012

    Option nationale peut présenter la gratuité scolaire dans son programme sans en faire une promesse pour son premier mandat. Jean-Martin Aussant sait très bien faire valoir que l'indépendance permettra de se payer de meilleur services publics, dont la gratuité scolaire, dans le cadre d'un budget équilibré. Il faut seulement demeurer rigoureux, les gens ne croient plus aux miracles.
    Si le Parti québécois ne devient pas plus convaincant, quant à son rejet du néolibéralisme et quant sa volonté de réaliser l'indépendance, si l'intervention récente de Jean-Martin Aussant lui semble trop radicale, j'abandonnerai le navire pour rejoindre Option nationale.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 juin 2012

    Option Nationale est la SEULE voie a considérer. Pauline est incapable de rallier les troupes souverainistes et de plus, le PQ ne parle meme pas d'indépendance, ne fait aucune pédagogie de l'indépendance, fait ZÉRO promotion du projet.
    ON a un discours qui plait aux jeunes, a un chef éloquent et brillant, parle de facon fière et déterminée de l'indépendance et est une alternative crédible aux veux partis usés.
    Personne ne me fera voter PQ. Je vais mettre toutes mes énergies a faire la promo de ON

  • Archives de Vigile Répondre

    1 juin 2012

    Pourquoi dites-vous que ce serait suicidaire sur le plan électoral de proposer la gratuité scolaire universelle. D'autres pays le font. Est-ce que leurs citoyens sont suicidaires? C'est quoi cette maudite manie péquiste de toujours avoir les 2 pieds sur les freins et de toujours essayer de ménager la chèvre et le chou?
    Pourquoi pensez-vous que la population, même se elle déteste le régime Charest ne tient pas plus qu'il le faut à voter pour le PQMarois?
    Vous ne pouvez pas vous imaginer comment je suis tanné et écoeuré de devoir endurer ces péquistes modérés à marde. Et le peuple aussi, by the way. Et les jeunes aussi.
    Cela fait 40 ans que ça dure. On va remettre ça encore une fois.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    1 juin 2012

    Des Primaire pour les indépendantistes tenues sous le chapeau d'un organisme civil ayant une constitution de représentation républicaine (qui s'oppose à l'unilétéralisme du régime monarchique constitutionnel imposé au Québec), des consultations d'initiatives populaires ayant une prérogative sur les statuts et les décisions des partis qui y seraient soumis pour avoir le droit de se dire indépendantiste.
    Chaques comtés auraient la possibilité de choisir LE meilleur candidat quelque soit son parti à opposé aux fédéralistes/maffiosis. Des indépendantistes pour l'autonomie de leurs représentant pronant un Québec souverain! Une première dans la culture de dépendance dans laquelle tout les parti "jouant le jeu" finissent par tomber comme c'est le cas pour le PQ depuis des lustres (bien avant Pauline Marois l'adversaire désignée par POwerCorp pour affronté son champion JJ Charest)

  • Archives de Vigile Répondre

    1 juin 2012

    Pourquoi ce ne serait pas le PQ qui devrait faire quelques sacrifices? Expliquez-moi cela.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    1 juin 2012

    Jean-Martin Aussant en grand patriote devrait se rendre à l'urgence nationale qui nous occupe qui va bien au delà de la minuscule considération d'avoir 3% du vote plutôt que 2%.
    Cette urgence nationale: mettre Charest et le PLQ dehors.
    Comme seconde urgence, ne pas laisser la CAQ prendre trop de place à l'assemblée nationale, prendre racine, s'imposer dans le débat national avec sa force attentiste.
    Geste d'éclat et unificateur des forces indépendantistes. Renoncer que Option Nationale se présente à la prochaine élection.
    Quitte à reprendre le lendemain de l'élection.
    À la limite, JMA pourrait être unique candidat dans Nicolet. De par son grand geste patriotique, il s’en trouverait grandi et augmenterait ses chances dans son comté.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 juin 2012

    Point de presse de M. Jean-Martin Aussant,député de Nicolet-Yamaska,suite à une interpellation sur l'indépendance du Québec à l'assemblée nationale.
    1 juin 2012
    http://www.assnat.qc.ca/fr/video-audio/AudioVideo-42303.html