Les chauffeurs de taxi appelés à prendre leur mal en patience

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Trahis par Québec les chauffeurs s'adressent aux tribunaux

C'est à travers le brouhaha d'une rencontre d'urgence fort animée que le mot d'ordre a été donné aux chauffeurs de taxi, dimanche: pas de grève tant que les représentants de l'industrie n'ont pas rencontré le ministre des Transports, Laurent Lessard. Les associations ont aussi informé les chauffeurs de leur intention de déposer un recours collectif contre le gouvernement Couillard.
L'appel au calme pourrait être de courte durée. Les associations représentant les chauffeurs de taxi veulent rencontrer le ministre lundi après-midi et lui demander de suspendre, ni plus ni moins, le projet-pilote permettant à Uber de transporter des clients.
«On s'attend à ce que le ministre mette sur la glace l'entente avec Uber, le temps que les recours soient réglés. On demande à être rencontrés, consultés. Bref, on demande que le gouvernement fasse un pas en arrière», a expliqué Benoit Jugand, responsable du développement stratégique du Regroupement des travailleurs autonomes Métallos (RTAM-Métallos).
Le ministre avait déjà convenu de rencontrer Guy Chevrette, porte-parole du Comité provincial de concertation et de développement de l'industrie du taxi, et M. Jugand à Québec cet après-midi. Or, d'autres représentants s'inviteront à la table.
«Il n'est plus acceptable qu'il y ait des rencontres privées entre chacune des organisations, a précisé M. Jugand. On exige une rencontre commune avec le ministre Lessard, et on va tous être en avant de la porte [lundi après-midi]. Reste à voir s'il va l'ouvrir.»
En fin d'après-midi, une nouvelle position sera adoptée par l'industrie du taxi et communiquée aux chauffeurs. Une grève pourrait être déclenchée si le projet-pilote n'est pas suspendu.
Des recours judiciaires en cours

Un recours collectif a déjà été entrepris contre Uber, afin qu'il indemnise les chauffeurs de taxi. Deux autres recours judiciaires sont mis de l'avant par l'industrie.
«Les deux recours supplémentaires seront envers le gouvernement. L'un pour casser l'entente entre Québec et Uber, et l'autre pour indemniser les chauffeurs de taxi de la perte de revenus et de la valeur de leur permis», a expliqué l'avocat qui représente les chauffeurs, Me Marc-Antoine Cloutier.
Des chauffeurs en colère noire

Quelques centaines de chauffeurs de taxi ont répondu présents dimanche. Durant la réunion d'urgence lancée par le RTAM-Métallos, l'émotion était vive. Certains chauffeurs étaient gonflés à bloc, prêts à déclencher une grève sur le champ. Or, la douzaine de leaders représentant différentes associations de chauffeurs de taxi en avait décidé autrement.
«Aujourd'hui, je m'attendais à ce qu'on arrête les taxis, trois jours, six jours, deux mois... Le temps que ça prendra pour régler notre problème», a avoué Christo Michaelis, chauffeur pour Taxi Champlain.
Pendant qu'il dénonçait l'attitude du gouvernement à l'égard des chauffeurs de taxi propriétaires, son confrère Mouhcine El Maliani répétait que «l'important, c'est que les chauffeurs restent unis».
Une phrase qui avait lieu d'être, les discussions au sortir de la réunion étant enflammées entre les principaux concernés. Certains voulaient faire à leur tête et aller bloquer l'aéroport ou encore le casino, d'autres essayaient de les raisonner et de les convaincre d'attendre le mot d'ordre.
«On les comprend d'être mécontents, et vous savez, on est tous frustrés, écoeurés. Mais il faut passer par les processus qui existent», a tempéré M. Jugand. Il espère que «ses chauffeurs ne se mettront pas les pieds dans les plats», mais ne peut empêcher les «mouvements spontanés».
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