Lettre - Les deux Trudeau et la Constitution de 1982

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Justin oublie trop facilement que c'est son père qui a mis le feu aux poudres

Il y a quelque chose de profondément exaspérant à voir le nouveau chef du Parti libéral du Canada (PLC), Justin Trudeau, défendre la Constitution de son père, Pierre Elliott Trudeau, en utilisant le poncif archi-usé des « vieilles chicanes ».
Premièrement, la Constitution de 1982 a été imposée à la province de Québec sans le consentement de son gouvernement et sans qu’aucun droit de veto ait pu être utilisé ; il ne s’agit pas d’un fantasme paranoïaque, mais d’un fait historique réel. D’ailleurs, vous remarquerez que pour la Constitution de 1982, ce n’était pas nécessaire que tout le monde soit d’accord, alors que ça concernait tout le Canada… tandis que pour l’accord du lac Meech, c’était absolument nécessaire, alors que ça ne concernait que le Québec. Quel bel esprit démocratique !
Depuis ce temps, l’attitude du fédéral envers le Québec se résume à peu près à ceci : « On vous a fait un coup bas, mais on ne l’admettra jamais, et si vous venez nous le reprocher on vous accusera de vouloir “chercher la chicane” ». Dans ce contexte, qui cherche « la chicane », selon vous ?
Deuxièmement, dans l’expression « vieilles chicanes », l’adjectif « vieilles » laisse entendre que le rapatriement de la Constitution ferait partie du passé et qu’on serait mieux de passer à autre chose. On appelle ça un non-argument. Si le rapatriement est en effet un événement du passé, la Constitution, elle, fait toujours partie du présent et d’une certaine façon régularise la vie des Québécois. En d’autres mots, imaginez que je casse la fenêtre de mon voisin, qu’on finisse par s’apercevoir que je suis le coupable et que je dise : «C’est arrivé la semaine passée, faudrait peut-être passer à autre chose!»
Troisièmement, la critique de la Constitution de 1982 n’est pas seulement une lubie de «séparatistes» : la Constitution a été imposée à l’ensemble des Québécois, séparatistes ou non. D’ailleurs, si on est fédéraliste, si on aime le Canada, il me semble qu’on devrait vouloir vivre dans un pays qui a la maturité et le courage nécessaires pour admettre ses torts et pour régler ses problèmes internes, non ? À moins bien sûr que l’on considère l’unité canadienne comme plus importante que le respect et la justice…
Et quand bien même il y aurait des affaires plus « urgentes » à régler, ce n’est pas une raison pour prendre les gens pour des valises.


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