Non à la proportionnelle

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« Le gouvernement Legault doit renoncer à cette réforme, car elle serait néfaste pour la démocratie québécoise. »


Cet automne, le gouvernement Legault va déposer un projet de loi afin de réformer le mode de scrutin et y introduire une forme de proportionnelle. C’est un engagement électoral de la CAQ. Selon nous, cette réforme serait néfaste pour le Québec, et ce, pour quatre raisons.


Tout d’abord, le mode de scrutin actuel permet aux Québécois de sanctionner une administration usée et de le remplacer par un gouvernement majoritaire fort. Aux dernières élections générales, les Québécois voulaient se débarrasser des libéraux et ils ont donné une forte majorité à la CAQ.


Également, la stabilité politique est de toute évidence un très bon argument pour le maintien du système uninominal à un tour. Au fil des époques, cela a permis à un gouvernement majoritaire fort de mettre en place des réformes qui ont été cruciales pour l’avancement de la société québécoise : la nationalisation de l’électricité, la loi 101, la loi sur le financement des partis politiques et maintenant la loi 21 sur la laïcité de l’État. Est-ce que le Québec aurait pu réaliser tout cela avec des gouvernements minoritaires ? Poser la question, c’est y répondre. Donc, si la Belle Province va de l’avant avec cette réforme, le système québécois deviendra dysfonctionnel, comme on peut le voir dans plusieurs pays qui ont adopté une forme de proportionnelle (Israël, Allemagne, Italie, etc.). Les partisans de la proportionnelle affirment que les gouvernements de coalition pourraient devenir la norme au Québec. Mais ils omettent de dire que notre province n’a pas de culture de gouvernement de coalition. De ce fait, le Québec deviendra ingouvernable et des élections auront lieu à répétition.


Majorité francophone affaiblie


Subséquemment, dans son nouveau livre (Pouvoir québécois menacé. NON à la proportionnelle), le politologue Christian Dufour affirme que ce nouveau système de scrutin va affaiblir politiquement la majorité historique francophone. Nous sommes d’accord avec son constat. Selon nous, cette dernière n’aura plus le contrôle de son gouvernement et de ce fait, ne pourra plus faire adopter des lois qui seraient primordiales pour sa survie dans une mer anglophone. Est-ce que le gouvernement Lévesque aurait pu aller de l’avant avec la loi 101 s’il avait été minoritaire ? Poser la question, c’est y répondre. Les Québécois francophones vont sortir perdants d’un tel changement de notre mode de scrutin.


Ensuite, la réforme du mode de scrutin va rendre notre système politique moins démocratique, voici pourquoi. Avec ce dernier, une bonne partie de nos députés ne seront pas élus par la population, mais bien nommés par les partis politiques. En effet, sous le nouveau système, 78 députés vont se faire élire par la population dans leur circonscription respective et 50 seront des députés de listes choisis par les partis politiques. La légitimité démocratique de ces élus ne sera pas très forte, car ils ne seront pas redevables aux électeurs, mais à leur parti politique respectif. Avec un tel système, l’establishment des formations politiques aura une influence démesurée dans la vie politique québécoise. De ce fait, on pourrait se retrouver avec des ministres non élus par la population, mais sélectionnés par les apparatchiks du parti au pouvoir. Donc, l’introduction d’un tel mode de scrutin créerait un déficit démocratique de notre système politique. Est-ce que les Québécois désirent vraiment cela ?


Pour conclure, nous pensons que le gouvernement Legault doit renoncer à cette réforme, car elle serait néfaste pour la démocratie québécoise. Notre système actuel permet la stabilité politique, de sanctionner fortement un gouvernement impopulaire, et à la majorité historique francophone d’avoir le contrôle sur le gouvernement du seul État francophone en Amérique du Nord. Alors, pourquoi changer un système qui fonctionne très bien ?









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