Nouvelle discorde au sujet de l’assurance-emploi?

Ottawa pourrait revoir ses transferts en formation de la main-d’oeuvre

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Le fédéral prêt a renier un nouvel engagement envers les chômeurs

Ottawa — La réforme de l’assurance-emploi suscite encore la chicane entre Québec et Ottawa et voilà qu’une seconde querelle pourrait se profiler à l’horizon. Le gouvernement fédéral songerait à resserrer, dans son prochain budget, le suivi des transferts fédéraux versés aux provinces pour la formation de la main-d’oeuvre. À Québec, on rétorque que c’est « hors de question ».
Ottawa verse annuellement 1,95 milliard aux provinces et territoires pour que les gouvernements offrent de la formation aux prestataires d’assurance-emploi. L’entente sur le marché du travail, qui prévoit ces transferts fédéraux, prend fin en mars 2014.
Mardi, des médias ont rapporté que le ministre fédéral des Finances se préparerait à venir la modifier, mécontent de voir les provinces produire des résultats inégaux quant à la formation de main-d’oeuvre spécialisée. Le National Post révélait ainsi que les quelque 2 milliards pourraient à l’avenir être gérés directement par Service Canada, au sein de l’appareil fédéral. Radio-Canada indiquait de son côté qu’Ottawa demanderait « davantage de coordination et d’imputabilité en ce qui a trait aux résultats de chaque province ».
Aussitôt rapporté, aussitôt dénoncé. Le ministre québécois des Affaires intergouvernementales, Alexandre Cloutier, a été catégorique : « Il n’est pas question pour nous de nous faire dicter des mesures de l’emploi qui sont servies par le lobby de Toronto. »
Pour l’instant, il ne s’agit que de rumeurs. Mais le gouvernement de Pauline Marois est prêt à défendre son point de vue, a prévenu le ministre Cloutier, en entretien téléphonique avec Le Devoir. « Après s’en être pris aux travailleurs avec le resserrement des règles en matière d’assurance-emploi, il semble que ça pourrait maintenant être le cas pour les programmes de formation de la main-d’oeuvre pour le Québec. […] Nous, ce qu’on souhaite, c’est le renouvellement de l’entente telle quelle. »
Des questions sans réponses
Interrogé sur le sujet aux Communes, le gouvernement conservateur a refusé de préciser quoi que ce soit. « Il serait prématuré de spéculer sur le contenu du budget », a rétorqué le premier ministre Stephen Harper.
Autre question demeurée sans réponse : le gouvernement a-t-il consulté les provinces au sujet « du transfert de la formation professionnelle, ou est-ce que les conservateurs comptent agir de façon unilatérale, secrète et cavalière, comme à leur habitude ? », a lancé le libéral Stéphane Dion. « Notre gouvernement consulte des Canadiens d’un océan à l’autre en préparation du plan d’action économique de 2013, le budget », s’est contenté de répondre le ministre des Finances, Jim Flaherty.
Pour ce qui est du Québec, M. Cloutier a indiqué que son gouvernement « n’a été consulté sous aucune forme ». Les dernières conversations remontent à la rencontre tenue entre les ministres des Finances du pays, en décembre dernier, alors que le ministre Flaherty avait « clairement énoncé que cette entente devait être renouvelée », a-t-on en outre rappelé au bureau de la ministre de l’Emploi, Agnès Maltais. Des 1,95 milliard de dollars transférés à l’échelle du pays, la province s’est vu octroyer 115,5 millions en 2012-2013. Des sommes qui se sont traduites par une formation offerte à 140 000 chômeurs.
« Au Québec, l’efficacité des mesures d’Emploi-Québec n’est plus à démontrer. Chaque année, le Québec fait une reddition de comptes sur l’utilisation des sommes consenties et on démontre vraisemblablement que chaque dollar investi a un impact dans l’économie », a par ailleurs fait valoir au Devoir une porte-parole de la ministre Maltais, Mélanie Harvey.
De l’avis du chef néodémocrate, les conservateurs prouveraient, s’ils vont de l’avant, qu’ils « sont de piètres fonctionnaires lorsqu’il s’agit de gérer l’avoir public », car ce sont eux qui avaient instauré les transferts pour la formation de la main-d’oeuvre aux provinces, en 2007, en suivant l’exemple de l’entente signée avec Québec en 1997. « Maintenant, il est question qu’ils changent leur fusil d’épaule », a-t-il reproché.
Le budget fédéral est attendu d’ici la fin du mois, possiblement le 26, selon ce qui circule dans les coulisses à Ottawa.


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