Vol de la caisse, système de quotas mis en lumière par Sylvie Therrien, fonctionnaire congédiée au mois d’octobre dernier pour avoir dénoncé ce système malade et pétri d’enquêtes sélectives visant saisonniers, immigrants, prestataires définis comme fréquents, etc.
Depuis vingt-cinq ans, les mesures de compression imposées au régime d’assurance-chômage devenu assurance-emploi n’ont jamais cessé. Tous les gouvernements à Ottawa ont poursuivi dans la même direction. Si certains ont parfois donné l’impression de vouloir réparer, ils ne l’ont pas fait ; si certains, parfois, ont versé des larmes sur l’oeuvre de leurs prédécesseurs, c’était des larmes de crocodile. Rien n’a été fait et rien n’apparaît dans le projecteur des engagements… sinon dénoncer l’oeuvre du « prochain » prédécesseur…
Le Conseil national des chômeurs est engagé dans une voie nouvelle : fonder un régime québécois d’assurance-chômage. Un régime qui saura faire preuve d’innovation quand il le faudra, et qui sera à la fois sensé, équilibré et solidaire. Un régime qui saura mieux protéger les gens qui doivent l’être, en cas de chômage : les travailleurs et les travailleuses.
Cette perspective a considérablement évolué depuis deux ans, prenant racine chez de nombreux acteurs de la société québécoise. Ainsi, la Commission d’examen sur l’assurance-emploi, coprésidée par Gilles Duceppe et Rita Dionne-Marsolais, dans son rapport, met ce projet en avant, et d’excellente façon, osant même, d’une certaine façon, bousculer certaines habitudes.
Faisant référence à la possibilité d’une entente administrative entre Ottawa et Québec en matière d’assurance-emploi, la Commission invite le gouvernement québécois à des devoirs : qu’il précise les objectifs poursuivis, les problèmes qu’il souhaite résoudre, les outils qui pourraient être mis en place, les complémentarités entre un tel régime et d’autres politiques (la formation par exemple), les normes pancanadiennes qui pourraient demeurer, le mode de gouvernance, les enjeux financiers d’une telle opération…
Nous souscrivons à ces perspectives. Encore plus quand on les définit de cette façon : « Les Québécois doivent connaître les tenants et aboutissants d’une entente administrative sur l’assurance-emploi. Ils doivent être en mesure de comprendre ce qu’une entente de ce type serait susceptible de changer pour eux, pour leur région et pour l’économie. C’est sur cette vision relativement détaillée qu’il apparaît possible de forger un consensus québécois, ce qui constitue un préalable indispensable à tous pourparlers avec le gouvernement fédéral. »
Voilà qui est clair, qui est honnête, et qui appelle à un exercice à la fois pédagogique et transparent. Voilà aussi une façon de faire qui pose les jalons d’une solution porteuse, prenant à contre-pied cette culture opaque qui a trop dominé les agissements du fédéral en matière d’assurance-emploi.
Chaque parti politique, chaque centrale syndicale, chaque association patronale, les mouvements sociaux et citoyens, tous ceux et celles intéressés par le sujet devraient s’engager dans une telle réflexion. Nous invitons, pour notre part, le gouvernement du Québec à donner vie à ces recommandations de la commission Duceppe-Marsolais.
Un régime d’assurance-chômage québécois pourra jouer non seulement le rôle qui lui appartient, essentiel, celui d’assurer une sécurité financière aux personnes en chômage et à leurs familles, mais, par extension, celui de soutenir l’économie locale et régionale, de favoriser la rétention de la main-d’oeuvre et l’occupation du territoire. Les réalités du travail imposent une telle réflexion sur le chômage.
Le Québec est suffisamment outillé pour se permettre de jeter les bases d’une nouvelle fondation. Ce que nous ferons, là, servira de phare. Au nom de quoi nous en priver ?
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