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Préoccupé par l’ambiguïté que laisse planer l’utilisation sans distinction des deux concepts de « souveraineté » et d’ « indépendance » dans les communications officielles de Jean-Martin Aussant, je lui ai fait parvenir le message électronique suivant en date du 11 mars 2012 :
« M. Aussant,
J'aurai 65 ans dans un mois...un rejeton de la première génération des baby-boomers qui a cru, au début des années '70, que le Québec allait devenir un pays!
Lors du référendum de 1980, j'ai vécu une première déception, suivie d'une profonde rancoeur en 1995. À ces deux occasions, les Québécois ont eu à se prononcer sur des questions alambiquées qui ne conduisaient nulle part sauf au cul-de-sac.
Aujourd'hui, pour la première fois depuis plus de quarante ans, je suis devenu membre officiel d'un parti, soit le vôtre, à la tête duquel un chef revendique le droit de faire du Québec un pays.
Toutefois, à travers les communications officielles de ce chef, semble planer un doute sur deux concepts qui, à mon sens, sèment l'ambigüité chez plusieurs militants de ma génération, à savoir la souveraineté et l'indépendance.
Nous avons été échaudés depuis des décennies par le concept de la souveraineté-association de René Lévesque en passant par l'étapisme de Claude Morin, les conditions gagnantes de Lucien Bouchard, jusqu'au plan de gouvernance souverainiste de Pauline Marois...Nous avons maintenant besoin d'un discours qui annonce clairement ses couleurs, soit "l'indépendance" du Québec.
Je suis convaincu que, le jour où vous parlerez de l'indépendance du Québec sur toutes les tribunes où vous aurez à vous exprimer, votre parti et tous les militants qui vous appuient en retireront des gains fort appréciables auprès de l'électorat québécois.
En résumé, M. Aussant...Option nationale est-il un parti indépendantiste, oui ou non? Si tel est le cas, affirmez-le haut et fort!
Avec toute ma considération,
_ Henri Marineau, Québec
_ Membre officiel d’Option nationale »
Dans la soirée du 13 mars, j’ai reçu la communication suivante de la part du chef d’Option nationale :
« Bonsoir M. Marineau,
Désolé du délai, mais vous comprendrez que l'immense volume de correspondance fait que les délais de réponse sont inévitables (et ils sont normalement beaucoup plus longs que 2 jours, bien malgré moi, mais je fais un spécial juste pour vous!).
Pour répondre à la question qui vous préoccupe, Option nationale est souverainiste, indépendantiste, séparatiste, sécessionniste ou toute autre appellation qui signifie que le Québec doit être un pays en bonne et due forme au plus vite, comme près de 200 autres pays dans le monde qui ne regrettent jamais d'être maîtres chez eux.
Le dictionnaire nous ramène à la même chose, qu'on parle de souveraineté ou d'indépendance:
Souveraineté: indépendance de l'État.
_ Indépendance: souveraineté nationale.
Alors vous comprendrez que je considère qu'on ne devrait pas s'entre-déchirer à ce sujet. Je comprends ceux qui nous observent de l'extérieur et qui ne nous prennent pas au sérieux quand ils nous voient nous battre à propos de telles questions. Et ils sont précisément ceux que nous devons convaincre, alors parlons de faire un pays et tout le monde saura où on loge.
Je continuerai sans relâche mon travail pour faire du Québec un pays et je laisserai le choix des mots aux militants. Tant qu'on sait où on va, on finira par s'y rendre. Et Option nationale est très claire sur la destination.
Merci de votre confiance et au plaisir M. Marineau,
JMA
Jean-Martin Aussant
_ Député de Nicolet-Yamaska »
Henri Marineau
Québec
Échange de communication avec Jean-Martin Aussant
Souveraineté ou indépendance?
"Parlons de faire un pays et tout le monde saura où on loge" (JMA)
Option nationale
Henri Marineau2091 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
15 mars 2012M. Aussant a répondu exactement ce que j'ai dit ici même sur Vigile. Le vocabulaire n'est pas ce sur quoi le débat devrait porter, surtout si l'on désigne le processus devant mener au pays tant désiré. Je préfère personnellement le terme "indépendance", mais nous avons milité des années au PQ en scandant le mot "souveraineté" et pour nous, il n'y avait aucun doute dans notre esprit qu'il s'agissait d'indépendance du Québec. Je ne vais pas renier toutes ces années de militantisme.
Ce qui importe, c'est la volonté manifeste de réaliser l'indépendance (ou la souveraineté, selon le choix de chacun), et le processus devant y mener.
Ainsi, nous avons de bons motifs de penser que le PQ se sert des indépendantistes et ne sert pas la souveraineté, et ce depuis Parizeau. Par exemple, en ce moment, il propose la gouvernance souverainiste, un concept fumeux de gouvernance provinciale.
Par contre, nous devons nous réjouir de l'apparition d'Option nationale, qui représente la seule voie crédible pour les indépendantistes. Le PI aurait pu l'être mais ce parti n'a pas réglé ses problèmes internes. Il devrait se dissoudre et joindre les rangs d'Option nationale.
Archives de Vigile Répondre
14 mars 2012Ce qui est bien avec Jean-Martin Aussant, c'est que c'est toujours ainsi : ses réponses sont d'une clarté et d'une sincérité déroutantes et tellement rafraîchissantes. C'est une première pour moi aussi que d'être officiellement membre d'un parti politique et je suis très fier de le clamer haut et fort. Avec un véhicule aussi clair qu'Option nationale, le Québec comme pays redevient un discours dominant.
Stefan Allinger Répondre
14 mars 2012Merci M. Marineau de nous faire profiter de votre correspondance avec JMA.
Je pense que parler de faire du Québec un pays règle la question une fois pour tout.
Il s'agit de le faire maintenant.
Bravo!
Archives de Vigile Répondre
14 mars 2012J.M.A. a bien utilisé le mot "INDÉPENDANTISTE" !?!?
Même mélangé avec les autres vocables, c'est assez
rassurant. J'aime aussi le mot " SÉCESSIONISTE ";
j'ai des ancêtres maternels qui ont participé à la
guerre du même nom, du côté sudiste. Une première
des "Mochon d'Amérique" comme dirait Jacques Noël.